La hausse des contaminations et du nombre de personnes hospitalisées n'a pas laissé de marbre les autorités sanitaires. Le ministre de la Santé a dû transmettre des instructions fermes pour une meilleure prise en charge des patients. Les structures de santé sont, de nouveau, sur le pied de guerre. Après la réunion par visioconférence tenue lundi 27 décembre et lors de laquelle il a été à l'écoute de ses représentants au niveau des cinquante-huit wilayas, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière a présidé, avant-hier, une autre réunion de coordination et d'évaluation avec les directeurs de wilaya et quelques directeurs d'établissements hospitaliers pour s'enquérir des derniers développements liés à la situation pandémique du nouveau coronavirus (Covid-19), a indiqué un communiqué du ministère. Il s'agit de faire le point de la situation épidémiologique qui prévaut en Algérie, et du coup, passer en revue les préparatifs pour une éventuelle quatrième vague qui intervient généralement en décalage de quelques semaines avec celle des pays européens. Le premier responsable du secteur n'a pas été tendre avec les responsables concernés. Il a insisté sur "l'importance de la prise en charge des personnes contaminées dans les hôpitaux, dans le contexte de la disponibilité de tous les moyens humains et matériels indispensables à la lutte contre cette épidémie". Il s'agit de la disponibilité des lits pour les personnes atteintes de Covid-19 et autres malades, tout en mettant l'accent sur le fait qu'il ne sera pas toléré de renvoyer un malade sous prétexte d'indisponibilité de lits. Sur un autre volet, tout en réitérant que la vaccination reste la seule solution pour faire face au virus, il a responsabilisé ses cadres quant à la nécessité d'avoir un stock conséquent de médicaments dont les anticoagulants, en particulier, et l'oxygène médical. En effet, même si le pic de la quatrième vague n'est pas encore atteint, des spécialistes ont affirmé que les hôpitaux reçoivent de plus en plus de patients atteints de Covid-19. D'où la nécessité de mettre les bouchées doubles pour éviter d'être "surpris" comme lors de la troisième vague qui a connu son pic au mois de juillet dernier. Le Pr Ryad Mehyaoui, membre du Comité scientifique de suivi de l'évolution de la pandémie, a indiqué à Liberté que "même si l'on enregistre une tendance haussière des contaminations, la situation épidémiologique reste stable car elle n'est pas très rapide. Néanmoins, ce qui nous préoccupe à chaque fois qu'il y a une nouvelle vague, c'est l'impact de cette augmentation sur notre système de santé, et ce que l'on redoute, c'est sa saturation. Je peux dire qu'on n'en est pas là, Dieu merci ! Et j'espère que toutes les mesures seront prises pour réduire cette tendance haussière, notamment en accélérant le rythme vaccinal, tout en insistant sur la troisième dose de vaccin et en respectant les gestes barrières". Sur un autre volet, il a tenu à préciser que l'augmentation des cas ne se fait pas à un rythme fulgurant. Il a, par ailleurs, indiqué que tous les chefs d'établissement ont été saisis pour prendre en temps opportun, les mesures nécessaires. "À titre d'exemple, il a été demandé aux chefs d'établissement de santé de dégager de nouveaux lits dès que la saturation arrive à 65% des capacités de l'hôpital ou du service dédié à la Covid-19", nous dira notre interlocuteur, qui a aussi souligné que d'importants moyens sont mis en place pour la production d'oxygène, ainsi que le déploiement d'importantes quantités de médicaments et autres produits pharmaceutiques, au niveau des hôpitaux aux quatre coins du pays. Pour ce qui est de la vaccination, le membre du comité scientifique, qui a rappelé que l'Algérie dispose actuellement de quelques quinze millions de doses, a indiqué que l'opération ne bouge pas beaucoup. Il espère, cependant, que la population prenne conscience de l'importance de la vaccination pour se protéger et, du coup, être renforcée par la troisième dose. De son côté, le Pr Salah Lellou, chef de service de pneumologie à l'EHU d'Oran, a indiqué dans un reportage diffusé sur les ondes de la Chaîne 3 de la Radio algérienne, que le variant Delta est toujours à l'origine de l'essentiel des contaminations et des hospitalisations, tout en indiquant que les structures de santé reçoivent de plus en plus de patients. Même s'il a avancé que "le pic n'est pas encore atteint", il a alerté quant à une éventuelle flambée des cas dans les prochaines semaines. "Beaucoup de jeunes sont atteints par le variant Delta. Le corps médical continue à payer un lourd tribut puisqu'en moins de deux jours, on a rapporté le décès de quatre praticiens. La capacité actuelle d'accueil est déjà saturée. Cela risque encore de s'aggraver davantage car en une semaine, le nombre d'hospitalisations est passé de 3 000 à 4 000 au niveau national", dira-t-il, tout en plaidant pour la vaccination qui a, selon lui, fait ses preuves. Il rappelle, en substance, que 90% des patients atteints par des formes graves ne sont pas vaccinés.