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Les laissés-pour-compte étaient là
Publié dans Liberté le 05 - 03 - 2003

Carrefours périphériques interdits à la circulation, grands boulevards bouclés, intersections fermées aux automobilistes, brouhaha indescriptible de la foule et forte présence des services de sécurité au niveau des rues adjacentes au parcours présidentiel, Oran aura vécu, hier, au rythme d'une journée fériée très peu ordinaire. En dépit de ses beaux atours pour se donner, le temps d'une matinée, une image d'Epinal à coups de milliards de centimes “engloutis” et redorer un tant soit peu le blason de quatre rues pour le cortège présidentiel, Oran a été boudée par des milliers de citoyens, préférant rester chez eux, dans leurs bidonvilles déshérités des périphéries est et sud notamment.
Pratiquement paralysée par l'arrêt des transports urbain et suburbain, Oran ressemblait à un vase clos où seuls les Oranais du centre-ville ont réussi à envahir la rue Larbi-Ben-M'hidi, l'avenue Larbi-Tébessi, la place des Victoires et le boulevard Front de Mer, fraîchement peints et pompeusement décorés aux portraits de Chirac et de Bouteflika. Cette situation a créé un blocage au niveau de toutes les artères, certains automobilistes n'hésitant pas à abandonner carrément leur véhicule.
Bien avant huit heures du matin, toutes les voies d'accès convergeant vers le centre-ville ont été interdites à la circulation automobile et même piétonnière. Faute de moyens de locomotion, des citoyens malades n'ont pu se rendre dans les secteurs sanitaires, encore moins au CHU d'Oran ou aux UMC situées à l'autre bout de la ville. Au niveau des ronds-points du lycée Lotfi, d'Es-Seddikia, de l'USTO et des HLM qui ceinturent la ville, un imposant cordon de sécurité a pris position, interdisant aux véhicules, aux taxis interwilayas et aux transports urbains d'accéder à la ville. Les marchés de la Bastille et de Michelet ont été également fermés aux ménagères, alors que les boulangeries de la rue Mohamed-Khemisti et de l'Emir-Abdelkader ont baissé rideau “pour des raisons de sécurité”. Au niveau des lycées, des CEM, des écoles fondamentales et de certains édifices publics du centre-ville, des dizaines de cars de police étaient visibles et des agents de l'ordre montaient discrètement la garde “pour prévenir contre tout débordement”, indiquent-ils gentiment. Au quartier populeux et populaire de Saint-Pierre, plusieurs jeunes chômeurs, qui tentaient d'attirer l'attention du président Chirac aux cris de “nous voulons el-visa”, sont immédiatement maîtrisés par des policiers en civil. Dans des ruelles donnant sur le boulevard Front de Mer, de petits groupes de femmes se sont spontanément formés. “Nous sommes ici non pas pour acclamer Chirac, mais pour revendiquer haut et fort nos droits.” Apparemment, elles en avaient gros sur le cœur. “Nous sommes les sinistrés des inondations du 10 novembre 2001, nous attendons toujours qu'on vienne nous reloger”, disent-elles. Craignant un débordement de la situation, des éléments des services de sécurité sont appelés pour contrecarrer toutes velléités d'une vingtaine de femmes qui scandaient des slogans hostiles au pouvoir. Une femme, dont les nerfs ont lâché, hurlait sa peine : “Nos valeureux chouhada sont morts pour rien. Pourquoi ne veut-on pas nous donner ce qui nous revient de droit ?” On apprendra plus tard que ces infortunées seront discrètement expulsées du périmètre du parcours présidentiel. Juste après le passage des présidents algérien et français, des milliers de citoyens ont essayé de suivre le cortège officiel, dans un débordement indicible. Les barrières de sécurité sont brisées et foulées aux pieds par des citoyens surexcités et une population juvénile en délire. Des jeunes, qui voulaient sans doute s'accrocher aux poignées des portières des véhicules officiels, sont rudement rabroués par les services de sécurité.
Le cortège présidentiel s'ébranle alors à toute vitesse pour échapper à la foule hystérique, empruntant une rue perpendiculaire au boulevard Front de Mer. Des cavaliers traditionnels enfourchant de belles montures sont pris dans le malstrom de la marée humaine. Leurs chevaux, rendus fous par les cris et le tintamarre des milliers de voix, ont fini par perdre patience. A 13 heures, toutes les rues de la ville se sont subitement vidées, laissant une population sur sa faim après avoir scandé à tue-tête : “Chirac, el-visa !” Tout au long du parcours officiel, le président Bouteflika se contentera d'adresser des signes amicaux à l'endroit d'une jeunesse longtemps marginalisée et souffrant des affres du chômage… Mais sans vraiment convaincre.
B. G.


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