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220 milliards de centimes et 8 millions d'euros sortis dans des sacs…
Les pratiques de Rafik Abdelmoumen Khelifa dévoilées par le caissier principal
Publié dans Liberté le 14 - 01 - 2007

Le témoignage du caissier principal, accusé, met en évidence, en ce 5e jour du procès de la caisse principale d'El Khalifa Bank, la gabegie et la manière qu'avait Rafik Abelmoumen Khelifa de puiser dans la caisse principale sans aucun respect des réglementations.
Le procès à repris, hier, avec le témoignage de Hamoum Sid Ali, en sa qualité de responsable de la caisse du Trésor public de la wilaya de Tipasa au moment des faits. Son témoignage attendu pour confirmer ou infirmer le dépôt d'une partie du capital de KB lors de sa constitution n'aura pas permis au tribunal de se faire une idée précise à ce sujet. “On pourrait demander l'archive du Trésor public d'avril 1998 à la création de la dernière filiale puisque vous êtes incapable de nous donner une réponse”, dira la magistrate qui auditionnera une nouvelle fois Omar Guelimi, associé fondateur de KB. Ce dernier aura été incapable de situer le lieu de signature de l'acte constitutif de la banque, hésitant entre l'étude notariale de Me Rahal et le siège de l'établissement. Omar Guelimi confirmera qu'à aucun moment il n'est arrivé que les associés soient réunis en assemblée générale avant la signature de l'acte.
D'autant, ajoutera Omar Guelimi qu'une copie des statuts était en sa possession bien avant la signature. Il a signé “deux ou trois mois” avant l'agrément de la Banque d'Algérie. Interrogé sur un aval de la Banque centrale avant la modification apportée à l'acte constitutif, l'associé fondateur répondra par l'affirmative. “Nous avons été reçus par deux responsables de la commission dont M. Oulemane, vice-gouverneur. Nous avons eu une réponse verbale…”, précisera-t-il ajoutant qu'il n'a pas suivi par la suite s'il y a eu une réponse écrite de l'instance monétaire.
“Agestion” à El Khalifa Bank Le procureur général reviendra sur l'impression du témoin d'avoir été manipulé. “Je me suis rendu compte que je ne servais plus à grand-chose. Il n'y avait plus que des jeunes et j'étais dépassé par les évènements”. Il expliquera ses dires par “les agences qui s'ouvraient comme des champignons”, alors qu'initialement 10 seulement étaient prévues en 5 ans. Quant au fonctionnement de la banque, c'était plutôt de “l'agestion”. “Il n'y avait pas de gestion, de réglementation. Il y avait des décisions verbales. J'étais étranger à tout ça”. Interpellé par la présidente sur le respect des règles monétaires, notamment en matière de dépôt de garantie du capital, il dira que la loi sur la monnaie et le crédit n'était pas “très nette”. Ce qui lui vaudra l'affirmation contraire de la magistrate, lui arguant qu'il fallait faire appel à des experts. “La meilleure garante était de mettre le capital directement à la Banque d'Algérie”, dira Omar Guelimi apparemment fatigué ou excédé. Le PG lui demandera alors si le P-DG de la banque avait un salaire. Question à laquelle le témoin ne pourra pas répondre, à part par la négative peut-être.
“Makache ? Parce que la banque entière était un salaire…”, commentera le procureur.
Le tribunal criminel a entendu par la suite Youcef Akli le caissier principal en charge de la caisse principale d'El Khalifa Bank. Interrogé par Mme Brahimi, l'accusé, dont le niveau d'instruction n'excède pas la 3e année moyenne, sans avoir passé le brevet, dira à la barre qu'il travaillait avant d'intégrer KB comme caissier à l'agence BDL 158 de Staouéli entre 1988 et septembre 1998. “La grande famille…”, ironisera la présidente.
Son départ pour KB a été pris, selon lui, sur décision personnelle, sans intervention. Il précisera avoir connu Rafik Abdelmoumen Khelifa (RAK) en qualité de client de l'agence BDL. À son arrivée à KB, il a été reçu par “M. Nanouche”, DG d'El Khalifa banque. Il intégrera l'agence de Chéraga en qualité de caissier principal en septembre 1998. Il y travaillera jusqu'à la création de la caisse principale de la banque en janvier 1999. Celle-ci avait pour charge de recevoir les fonds des agences KB, du Grand-Alger, les fournir en fonds et d'alimenter le compte KB auprès de la Banque d'Algérie. Il a occupé ce poste dès sa création jusqu'à mars 2003.
Des retraits non justifiés
Akli Youcef avait déjà rencontré RAK qui venait “souvent”, selon ses dires, à l'agence KB de Chéraga. Quant à l'objet de ses visites, aucune idée, c'était lui le président. Le caissier principal qui touchait comme salaire 40 000 DA au début recevait par contre des “ordres” ou des “instructions” directes du P-DG de la banque. “Monsieur le P-DG prenait son téléphone et m'appelait quand il avait besoin d'argent. Il me donnait le montant et je lui préparais la somme en attendant qu'il vienne la récupérer…”, dira-t-il ajoutant que le laps de temps entre le coup de fil de RAK et son apparition n'était pas très long. “10 à 15 minutes…”. La présidente lui demandera plus d'explications. “Je les préparais, je les mettais dans une chekara et j'attendais qu'il vienne”. Nul n'était au courant de ces agissements. “Comme disent les enfants de maintenant est-ce que pour vous c'était courant ?” interrogera la magistrate. “Oui, normal...” Les ordres de RAK étaient exécutés à la lettre. “Moi, j'étais dans une banque privée. Il y a un meâlam (patron). M. le P-DG agit à sa guise. Quand il donnait une instruction, moi j'exécutais, sans discuter j'étais un employé. Que vouliez-vous que j'y fasse ?” dira l'accusé. La présidente fera appel à son expérience au sein de la BDL lui demandant si c'était les mêmes pratiques. La réponse est catégorique et renseigne un peu mieux sur la gabegie ambiante à KB. “Je n'avais pas de patron. Il y avait un P-DG, salarié tout comme moi. Je pouvais lui donner de l'argent s'il m'envoyait un chèque. Lui ne serait jamais venu me demander comme ça de l'argent. C'était une banque étatique. Ce n'était pas son argent. De l'autre côté, c'est une banque privée. Tout lui appartenait, la banque, l'argent, tout.”
La caisse principale était vide quand il a été chargé de s'en occuper. L'argent a commencé à affluer avec le versement des clients. RAK puisait en toute quiétude dans les fonds entreposés en sa qualité de P-DG. Et cela est intervenu un nombre incalculable de fois, à tel point que le caissier principal ne se souviendra ni du nombre, ni du montant. Il ne justifiait pas non plus ses retraits par un reçu. “C'était le patron. Il ne signait rien du tout. J'ai demandé à avoir un justificatif, il m'a répondu que ces sommes, on en a besoin et qu'on régularisera par la suite.” Les montants variaient et pouvaient atteindre, voire dépasser les 10 millions de DA. Les retraits pouvaient également s'effectuer en monnaie étrangère. Et là, il pouvait prendre au moins 20 000, voire
50 000 FF. Le “patron” a même délégué son pouvoir à d'autres personnes de son entourage. “M. Khelifa m'a donné ordre de répondre au même titre qu'à lui quand MM. Krim, Chachoua Abelhafidh et Bouabdallah Salim m'appelaient.” Chachoua ne venait pas, il envoyait toujours quelqu'un. D'autres personnes sont également venues récupérer sur instruction et pour RAK. Il s'agit selon l'accusé de Dellal Abdelwahab et Mir Ahmed. Akli Youcef a remis 5 millions de DA à ce dernier. Le retrait effectué par Mir Ahmed est à inscrire dans les annales de la caisse principale. Il est le seul où un reçu a été signé sur demande express de M. Mir.
Un trou de plus de 220 milliards de centimes
Ces différents retraits non justifiés sont à l'origine du trou de la caisse principale de KB et de l'affaire actuellement en procès. En tout, 2,292 milliards de DA, 1,796 million de dollars US, 8,1 millions d'euros, 7,42 millions de francs français,
8 700 francs belges, 2 615 Deutsch marks, 12 570 francs suisses, 57 360 livres sterling, 210 dollars canadiens, 500 marks finlandais, et 5 florins danois sont sortis de la caisse. Sans écrits.
Des propos qui intrigueront la présidente. “Comment pouviez-vous donner de telles sommes sans justificatif ? Si vous ne préserviez pas Moumen, vous auriez dû vous préserver.” D'autant qu'Akli Youcef était le seul à avoir accès à la caisse. Cela se passait entre lui, RAK ou les personnes désignées par lui. “Oui, normal...”.
Il arrivait également que les agences envoient des écritures sans qu'elles ne soient accompagnées d'argent. La seule exception était que le caissier principal devenu par la suite directeur général adjoint chargé de la caisse principale avec un salaire de 90 000 DA notait sur ses “registres” les sommes sorties. Une autre fois, il dira que ce n'était pas comptabilisé. “Si j'avais comptabilisé, il n'y aurait pas ce trou.” Après l'affaire des deux millions d'euros à l'aéroport d'Alger, le caissier principal a eu pour ordre de “régulariser” la situation. Instruction de RAK, transmise par Krim Ismael verbalement. Il procédera à la rédaction de 11 écritures bancaires, des ES, signés par son subalterne, M. Chabli. Elles ont été refusées par le directeur de la comptabilité “faute de justificatif”.
Ces pratiques n'ont jamais été dévoilées vu qu'il n'a pas eu droit à des inspections internes ou externes. La seule fois où des inspecteurs internes se sont présentés, ils ont été “rappelés”. “Ce n'est pas à moi de m'inquiéter des contrôles. Ce n'est pas ma faute à moi.” L'arrêté de caisse ne portait pas les retraits effectués. “C'est un solde comptable je ne pouvais pas… J'inscrivais le montant dans mes notes, mais je ne le portais pas sur l'arrêté.” Il ne refusera d'exécuter les ordres de RAK qu'une seule fois, après l'installation de l'administrateur. Il s'agit également de son dernier contact téléphonique avec l'ex-P-DG.
Polémique avec les avocats de la défense
Au cours de l'audience de l'après-midi, une tension palpable a animé les avocats. Elle est due notamment au fait que la présidente du tribunal ait rejeté plusieurs questions adressées à Youcef Akli, ce qui fera sortir de leurs gonds certains. Ce qui fera dire à la présidente que ce dossier est pour un dossier à l'image de tous les autres. Entraînant une polémique quasi-théâtrale. “Il n'est pas exceptionnel...” Me Boulfrad Djamel s'énervera à un moment. “J'ai l'impression qu'on est là pour faire de la figuration quand vous dites qu'il y a des lignes rouges à ne pas franchir. Je n'ai pas à me contenter que de l'arrêt de renvoi”, lancera-t-il à la magistrate lui rappelant que le tribunal est à même d'ordonner l'ouverture d'une enquête complémentaire. Elle lui exprimera sa disponibilité de voir l'affaire traitée en toute transparence. Un autre avocat dira qu'il ne croit pas que cette affaire soit comme les autres. “Moi je suis magistrate et c'est la loi qui tranche. Il n'y qu'une chose la procédure. Que ça me coûte ce que ça me coûte”, précisera la présidente.
Soltani se présente au tribunal
Le ministre d'Etat et président du MSP, Abou Djerra Soltani s'est rendu hier au tribunal criminel près la cour de Blida. Il répond à sa convocation en qualité de témoin. Dans une déclaration à la presse, Abou Djerra Soltani indiquera être “ravi” de répondre à la convocation de la justice. Interpellé sur le moment choisi, d'autant qu'il avait déclaré qu'il se présenterait quand il le jugera opportun, le ministre précisera : “Je pense que le moment est opportun puisqu'on va évoquer le cas des caisses et que mon témoignage concerne la période où j'étais ministre du Travail. Je suis là, je suis présent.” Il dira également ne pas avoir de relation avec cette affaire et n'avoir jamais bénéficié d'un quelconque avantage, ni “Mastercard, ni billet”. Il dénoncera par contre le fait que son fils ait été cité durant le procès niant que ce dernier ait cherché un emploi chez Khelifa à Paris. Quant à son propre frère, Abou Djerra Soltani estimera qu'il est “universitaire, majeur et vacciné” et qu'il n'est “responsable” de lui.
Kebache Ghazi considéré en fuite
D'autres témoins se sont également présentés tels que l'ancien ministre des Finances, Mohamed Terbeche ou encore des représentants des OPGI et des caisses nationales. Le tribunal a, par ailleurs, entendu le témoignage de Mme Guétache Hafidha épouse de Kébache Ghazi. “Mon mari ne m'a jamais dit qu'il était actionnaire de la banque. Au départ rien. C'est après qu'il y a eu tous ces évènements qu'il m'a déclaré que son nom avait juste servi pour la création de la banque”, affirmera Mme Kébache. Interpellé par le PG sur ses déclarations. Elle assurera avoir contacté son mari après sa première audition par la gendarmerie fin 2004 ou début 2005. Kébache Ghazi est considéré en état de fuite.
Samar Smati


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