En visitant le marché de l'aliment du bétail qui se tient quotidiennement à l'entrée de la commune de Fréha (31 km à l'est de Tizi Ouzou), on constate, dès le premier coup d'œil, le nombre important de camions chargés de bottes de foin stationnés sur les côtés en file indienne. Sitôt sur place, leurs propriétaires “se frottent les mains” en guettant l'arrivée de potentiels acheteurs qui font leur apparition avec celle du soleil. En effet, les vendeurs de bottes de foin affluent vers ce souk où convergent les marchands de diverses wilayas du pays, notamment du Centre. En attestent les plaques d'immatriculation (Bouira, Aïn Defla, Relizane...). Ils viennent chaque jour proposer leur marchandise aussi bien aux éleveurs locaux qu'à ceux des autres régions limitrophes fréquentant quotidiennement ce souk. Une chose qui s'explique, certainement, par le fait que cette commune est connue pour sa vocation agricole, où l'élevage ovin et bovin demeure l'activité dominante pour la majorité des villageois. En conséquence, ce lieu est alimenté de manière permanente par ce type de marchandise qui se vend comme de petits pains. Ainsi, la plupart des fellahs s'approvisionnent de ce marché pour les besoins de leurs élevages. La demande sur ce produit est sans cesse grandissante. Interrogé sur les tarifs pratiqués, un vendeur nous a fait savoir qu'une botte est cédée généralement entre 400 et 600 DA. “Selon le poids et la qualité du foin”, explique-t-il. Des prix jugés très élevés par les éleveurs qui ne savent plus quoi faire. “Avec la cherté de cet aliment indispensable à la nutrition de mes bêtes, j'étais contraint de vendre la moitié de mes vaches laitières pour faire face aux besoins du reste de mon cheptel”, précise avec amertume l'un d'eux qui venait juste d'engager la négociation avec l'un des vendeurs dans l'espoir de faire baisser le prix, ou au moins obtenir une réduction de 20 à 30 DA pour chaque botte. Il est vrai que les fellahs ont leurs propres terres pour la récolte de foin. Cependant, l'année dernière, les exploitations ont donné une maigre production, faute d'eau notamment. Un éleveur, qui a l'habitude de moissonner jusqu'à 300 bottes de foin dans la saison, n'en a ramassé que 140 la saison dernière. Un manque à gagner important ayant pour effet la baisse de l'activité de l'exploitation. Alors, pour pallier les pertes, le propriétaire est forcé d'acheter son foin au souk quel que soit le prix. Pris entre le marteau et l'enclume, les fellahs dépensent de grandes sommes d'argent pour l'acquisition de ce produit. Cependant, avec les pluies salvatrices de mars et d'avril derniers, les éleveurs gardent l'espoir de revoir à nouveau les prix revenir à la baisse dans les jours à venir. Les chutes de pluie sont perçues par les paysans comme un bon signe pour une saison prometteuse à même d'effacer les méfaits de celle précédente, avec d'ores et déjà de sensibles poussées d'herbe en quantité et en qualité, susceptibles de subvenir aux besoins du cheptel des éleveurs à travers les différents villages de la région. H. A.