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“Un code de la famille conforme à la charia”
Mme Boutheina Cheriet à liberté
Publié dans Liberté le 29 - 04 - 2003

La ministre de la Famille et de la Condition féminine évoque dans cet entretien les conditions nécessaires, selon elle, à une révision “claire et franche” du code de la famille.
Liberté : Pourquoi un ministère de la Famille et de la Condition féminine ? Et quelles sont ses attributions ?
Mme Boutheïna Cheriet : L'institution de ce ministère est une bonne initiative politique. Il y a dans cette initiative une nette volonté de ne plus marginaliser le rôle de la femme dans la vie sociale. Je pense que la principale attribution à ce ministère c'est de connaître, de façon scientifique et organisée à travers l'enquête, l'ampleur du rôle des femmes dans la vie sociale. Que ce soit au plan formel ou informel. Nous avons des statistiques sur le plan formel qui disent que 18% de la main-d'œuvre à l'échelle nationale sont féminines. Mais nous n'allons pas nous suffire à cela, nous savons que les femmes sont très actives dans le secteur qu'on appelle informel que moi j'appelle l'économie de l'affection. Parce que ce sont les femmes qui sont devenues des chefs de famille et qui sont en train de travailler pour nourrir leur famille. Hypothétiquement, nous pouvons dire que ce sont des centaines de milliers de familles algériennes qui vivent de cela. Mais nous n'avons pas justement de données concrètes sur la participation des femmes à l'économie de leur famille et à l'économie nationale pour les séparer du trabendo. C'est pour cela que nous allons lancer une enquête nationale dans les prochaines semaines sur le travail des femmes à l'intérieur des familles.
Une enquête nationale…
Oui, c'est une enquête à travers l'ensemble du territoire national. Cependant, nous n'allons pas nous intéresser à toute l'économie informelle, mais uniquement au travail féminin à domicile et à l'économie familiale. Imaginez les familles victimes du terrorisme, ainsi que toutes les familles où les hommes ont perdu leur travail et qui ont contraint les femmes à être inventives et imaginatives en recourant à de nouveaux métiers tels que la préparation du couscous, de la galette, la confection des tapis, le tissage… Nous sommes dans une République moderne, ce travail-là devrait être reconnu par l'Etat et doit avoir une protection sociale. Notre enquête nous permettra à cet égard de savoir comment toutes ces familles ont réussi à survivre grâce au travail des femmes. Dans ce cadre, j'aimerais dire que pendant les 40 ans de l'indépendance, il y a eu une tradition dans la prise en charge du social. C'est grâce à cette prise en charge sociale de l'Etat qu'on est arrivé à amenuiser les retombées de la crise économique. Mais je fais, dans ce cadre, un constat très sévère sur le mouvement associatif. J'aurais voulu que les moyens qui ont été mis à sa disposition soient plus organisés et contrôlés. Car il y a eu beaucoup de gens qui ont utilisé le mouvement associatif comme un fonds de commerce et ce sont des milliards de dollars qui sont partis alors qu'ils pouvaient nous permettre, sans doute, de réduire la paupérisation.
Une révision du code de la famille a été prévue il y a plusieurs mois déjà. Pourquoi ce retard ?
Depuis la mise en place de notre ministère, on a été littéralement considéré comme le ministère du code de la famille. Il faut savoir que c'est surtout le ministère qui va faire ressortir, de manière claire, transparente et organisée, le rôle des femmes dans la vie nationale. En dehors de cela, je ne pense pas que le code de la famille devrait prendre l'ampleur de ces opérations.
Pourquoi ?
Parce qu'il y a eu l'accumulation nécessaire pour que l'idée de révision du code de la famille soit complètement admise et elle l'est de manière claire et franche. Je voudrais dire à ce sujet que sur cette question, il n'y aura pas de tergiversations et il n'y aura pas d'hésitations.
Le principe de la révision étant admis, comment et quand allez-vous passer aux amendements de ce code ?
Le principe d'une commission d'experts et d'expertes algériens formés dans les domaines de l'anthropologie, de la législation et des sciences islamiques a été retenu.
Des experts en sciences islamiques ! Pour quelles raisons ?
Parce qu'il ne faut pas se leurrer, nous sommes dans une société arabo-islamique. Il ne revient qu'à nous de lui donner le dynamisme qu'il faut. L'arabo-islamisme ne veut pas dire qu'on est figé, qu'on devrait subir le sort ou travailler avec la charia dans un sens rigide. Il faudrait donner à chaque concept une dimension historique.
Mais d'où allez-vous ramener ces docteurs en sciences islamiques ?
Il faut que vous sachiez qu'en Algérie, nous n'avons pas de centre de formation en théologie. Nous n'avons pas Ezeytouna ou El-Azhar. Mais, ce que nous avons en revanche et qui est très bien, ce sont les universités des sciences islamiques. Et nous oublions que près de 60% de leur effectif sont des femmes. C'est pour cela d'ailleurs que je veux ces spécialistes dans la commission.
Initialement annoncée pour janvier, l'installation de la commission a pris du retard…
Il est vrai que j'avais déclaré qu'elle serait installée en janvier dernier et qu'un prototype de code de la famille allait être proposé à l'Assemblée nationale, en juin prochain. Et bien ça ne va pas se passer comme cela parce que ce n'est pas simple.
Pourquoi ce n'est pas simple ?
Vous savez très bien que ce n'est pas simple. Il y a énormément de tiraillements idéologiques et politiques…
C'est-à-dire ?
C'est-à-dire que nous devons être absolument sûrs que les membres de la commission sont loin de toute influence et considération idéologique. Mais je vous annonce que la commission sera installée dans les semaines prochaines.
Maintenant que vous annoncez l'installation de la commission pour les semaines prochaines, quand est-ce que pensez-vous que les amendements du code de la famille seront sur le bureau de l'APN ?
Il faut que cela soit cette année. J'espère que le projet d'amendement sera soumis à la prochaine session d'automne du Parlement.
En termes d'amendements, quelles sont les priorités, selon vous ?
Parmi les priorités, il y a la question du tuteur. Même dans la loi islamique, le tuteur n'est pas toujours nécessaire. Il faut avoir dans ce cadre le courage de faire une lecture historique de la charia et en même temps prendre en compte les changements qui ont lieu dans la société algérienne. C'est ce qu'ont fait les fouqaha, il y a une quinzaine de siècles, je ne vois pas pourquoi aujourd'hui on n'aurait pas le courage de le faire.
La question de la facilité du divorce est également une priorité. Il est, en effet, répréhensible de voir la femme quitter son logis conjugal après le divorce. Il est hors de question pour nous de continuer comme cela. Pour illustrer cela, je vous cite le cas d'une femme divorcée à Tipasa. Cette femme a été divorcée par le juge et c'est également le juge qui a dit qu'elle doit quitter le domicile conjugal. Ce juge aurait dû trouver une solution autre que celle-ci car on a des centres d'accueil en Algérie. Cette femme donc s'est retrouvée dans la rue et a été violée. Elle est ensuite tombée enceinte et a eu un bébé dont la paternité n'est pas connue.
Donc, quand on donne des exemples comme ceux-là, si jamais il y a encore des gens qui disent que le code de la famille est à retenir, j'aimerais bien les rencontrer.
Sachant que le code de la famille est basé sur la charia à laquelle vous faites sans cesse référence, ne pensez-vous pas qu'il faille se départir de cette même charia pour arriver à améliorer la condition juridique de la femme ?
A ceux qui disent que le code de la famille est basé sur la charia, je leur dis non, ce n'est pas le cas ! Moi, je voudrais baser le nouveau code de la famille sur la charia, la vraie. Celle qui a eu le courage de poser les problèmes de la dignité humaine, il y a déjà 14 siècles.
Dans le cadre de cette révision, allez-vous proposer l'intégration du statut personnel de la femme dans le code civil ?
Moi, ma proposition est de faire un statut personnel de la femme comme il en existe partout dans le monde. Toujours à mon niveau, en tant que spécialiste des sciences de l'éducation et de la sociologie, j'estime que l'aspect statut personnel va aller dans le sens du processus d'individuation qui prévaut dans notre société. C'est-à-dire qu'il y a des individus en dehors de la famille : il y a des hommes, des femmes et une enfance abandonnée. Il faut aller dans le sens d'une protection de tous ces individus. Cela, encore une fois, c'est la pensée islamique qui en a fait état. Le Coran quand il s'est adressé aux gens, il n'a pas interpellé les familles. Mais il s'est adressé aux croyants et aux croyantes.
N'est-il pas préférable d'intégrer le statut personnel dans le code civil ?
Ni vous ni moi ne pouvons trancher la question. Les spécialistes sont les seuls habilités à le dire.
Mais…
Il faut être pratique dans des situations comme celles-ci, où nous sommes à cheval sur plusieurs modes de vie. Nous sommes un pays arabo-musulman, nous ne pouvons donc pas dire que le code concernant le statut personnel de la femme en particulier et la famille en général ne devrait pas avoir de relation avec la charia. Ce que vous pouvez dire, en revanche, c'est que les gens qui défendent la charia prennent leur responsabilités vis-à-vis d'elle pour en faire une lecture historique.
Allez-vous poser le problème de la polygamie ?
Mais bien entendu. Analysons la polygamie en Algérie pour savoir si elle existe et est-ce qu'elle est historiquement pratiquée ? Nous savons à notre niveau que les sociétés maghrébines sont endogames et qu'elles ne pratiquent pas la polygamie de manière générale. Aussi, la polygamie, selon le coran, est une impossibilité, c'est pour cela que les Tunisiens sont allés jusqu'à l'interdire.
Dans ce cadre, ne peut-on pas copier le modèle tunisien ?
Je n'en sais rien. C'est à ce niveau que les spécialistes seront utiles.
Mais de quelle manière ?
Parce que si vous laissez ces questions au niveau du mouvement associatif et des mouvements idéologiques, vous allez avoir plusieurs écoles et notamment celle qui va revendiquer l'abrogation du code de la famille. Et en réaction, vous aurez dix mille fois plus de gens qui vous diront que vous vous êtes éloigné de la charia. C'est pour cela que c'est aux spécialistes de se pencher sur la question et de dire pour telle ou telle raison, la polygamie dans la charia est impossible.
N. M.


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