Les derniers pèlerins en provenance d'Algérie sont arrivés hier à Djeddah. C'est donc à partir d'aujourd'hui que le véritable pèlerinage va mobiliser les foules. Médine est fermée, elle est presque vide et La Mecque regroupe, selon des statistiques tout à fait partielles, presque cinq millions d'hommes et de femmes supplémentaires venus “laver leurs os des péchés terrestres”. C'est pourquoi, d'ailleurs, elle est considérée à pareille époque comme la cité la plus polluée au monde, et son site taillé dans une cuvette n'arrange pas les choses. On la compare volontiers à New Delhi ou à Mexico. Un détail surprenant pour une agglomération urbaine qui accueille les croyants de toutes les nationalités. Il n'y a pas de fax aussi bien au niveau des kiosques multiservices qu'au niveau de la grande poste, près de la mosquée Fahd, en plein Haram. Pour avoir des nouvelles du pays, il faut, soit jouer des coudes dans les KMS surchauffés à 35 degrés, soit utiliser un portable, et c'est la ruine car les communications, contrairement à l'alimentation, sont très chères. Malgré les embarras énormes d'une circulation difficilement gérable, la canicule, la sursaturation des réseaux téléphoniques, la communauté algérienne, forte de 35 900 membres et noyée dans une mare humaine qui dépasse les limites de ce que l'on peut imaginer, arrive à sortir la tête de l'eau. La mission officielle du pèlerinage 2007/2008, installée à deux kilomètres à peine de la Qaâba, est devenue, à force d'interventions de toutes sortes, le quartier général où viennent se fondre tous les Algériens qui ont un problème à régler. La section médicale qui lui est contigue, travaille, elle, 24/24. Nous avons d'ailleurs assisté après la prière du fadjr à des consultations de patients alors que l'aube pointait à peine à l'horizon. Sur ce plan, il faut relever que nos médecins sont arrivés au bilan astronomique de 15 000 actes médicaux, dont de nombreux soins de petits bobos ou de début de grippe. Le nombre de morts, qui était de quatre il y a une semaine, a malheureusement augmenté. Un pèlerin vient de décéder, en effet, hier, victime d'une crise cardiaque, et le second pour les mêmes raisons, sauf que lui prolongeait sa omra. Il faut signaler, sur le plan de la sécurité, que toutes les prières dans l'enceinte du Haram (environ trois kilomètres carrés autour de la Qaâba) sont surveillés du haut du ciel par hélicoptères. Pour se faire une idée de la démesure de ce “marasme” dans sa dimension humaine, il faut venir la veille ou prendre place au petit jour près de la Qaâba pour avoir la chance de faire sa prière dans le mesdjed. Et pour cause : il a été construit par le Prophète (QSSSL) lui-même, après son entrée triomphale à La Mecque au VIIe siècle. De la mecque... à lourdes ll Il ne se passe pas un pèlerinage sans que l'on ne dénombre une dizaine de morts dans notre communauté. Cette fois n'a pas dérogé à la règle, sauf, et c'est assez exceptionnel pour le signaler, qu'une de nos hadjas a donné naissance, hier, à La Mecque, à un joli poupon et dont le prénom n'a pas encore été donné. Longue vie au bébé, prompt rétablissement à la maman et hadj mabrouk à tous les deux. Autre singularité cette année : La Mecque a sans doute reçu pour la première fois une future hadja venue d'une ville sacrée chez les chrétiens, Lourdes. M. M.
