Plus de un milliard et cent millions de dollars US, c'est la somme que risquent de perdre les groupements chinois (CITIC/CRCC qui réalisent les tronçons Ouest, 359 km, et Centre, 169 km) et les japonais (COJAAL pour le tronçon Est, 399 km) en charge de l'autoroute Est-Ouest. C'est ce que nous ont révélé des sources proches du dossier. Il s'agit d'une clause dans le contrat signé entre le ministère et les deux consortiums. Elle stipule l'existence d'une retenue de garantie de 10% sur l'enveloppe budgétaire consacrée au projet. Etant donné que le coût de l'autoroute est de 11,4 milliards de dollars, la somme assemblée de la retenue de garantie est donc de 1,14 milliard de dollars US. “C'est une première en Algérie. D'habitude, dans les contrats internationaux, la retenue de garantie est de l'ordre de 2%, mais concernant le grand projet de l'autoroute Est-Ouest le ministère a décidé que ce sera 10%”, nous a souligné notre source. Ainsi, et en se référant aux offres des deux groupements (6,2 et 5,2 milliards de dollars) la retenue de garantie pour les Chinois est donc de 620 millions de dollars alors que celle des Japonais est de 520 millions de dollars. Des sommes faramineuses qu'ils risquent de perdre dans le cas où il y aurait du retard dans les travaux dont la réception est prévue avant janvier 2010. À la question de savoir si ce taux de 10% sera dorénavant appliqué à tous les projets internationaux du ministère, tels que la future autoroute des Hauts-Plateaux, notre source indiquera que “c'est encore trop tôt pour le savoir, cela dépendra des partenaires avec lesquels elle va être réalisée”. Si c'est le cas, les partenaires étrangers devront “subir” une retenue de garantie de 10% sur les 8 milliards d'euros que devra coûter le projet comme souligné auparavant par Amar Ghoul, le ministre des Travaux publics. Il faut savoir qu'une convention a été signée hier matin au siège du ministère des Travaux publics entre l'ANA (Agence nationale des autoroutes) et le consortium japonais COJAAL. La cérémonie de signature s'est déroulée en présence de Amar Ghoul, et de l'ambassadeur du Japon, Kunio Shimizu, et de plusieurs autres responsables des deux pays. Il s'agit d'une convention de financement de la réalisation du centre de contrôle de qualité et de la formation. “Il s'agira d'un centre aux normes internationales qui permettra de qualifier des experts nationaux et de préparer nos cadres pour les futurs projets” précisera le ministre. Il ajoutera que l'assiette n'a pas encore été choisie, “c'est une question d'environ un mois”, tout en soulignant que sa superficie sera “entre 10 et 12 hectares”. Le consortium japonais devrait donc financer ce projet à hauteur de 10 millions de dollars. Il y est prévu la création d'environ 14 laboratoires “selon des critères internationaux”. La convention touche aussi le volet de formation, puisque environ 2 000 Algériens devront y accéder. Quatre groupes sont programmés et le premier, composé d'une centaine de personnes, devrait débuter sa formation au Japon dès mai prochain. Notons que cette convention avec les Japonais intervient trois semaines après la signature avec les Chinois du groupement CITIC/CRCC. Ces derniers s'étaient engagés à financer et à construire (alors que les Japonais eux se “contenteront” de financer) un institut supérieur de gestion des grands projets. Cet établissement devrait former pas moins de 2 000 cadres algériens et les Chinois avaient promis d'investir 10 millions d'euros. Au passage, on notera que la convention avec les Japonais a été estimée en dollars et donc (et avec le taux actuel de change) ce serait plutôt 6,67 millions d'euros. Aussi, ces deux accords signés avec les Chinois et les Japonais, et à quelques mois de la fin des travaux de l'autoroute Est-Ouest, sont un investissement sur l'avenir pour ces groupements. Avec le matelas financier sur lequel “dort” l'Etat algérien et les nombreux projets en gestation, les convoitises deviennent de plus en plus importantes. La plus “proche” étant la réalisation de l'autoroute des Hauts-Plateaux dont l'avis d'appel d'offres national et international a été lancé depuis le début de ce mois. Avec une enveloppe financière de 8 milliards d'euros (pour 1 330 km) elle intéresse plusieurs entreprises étrangères. Il suffisait de voir l'importance de la délégation japonaise d'hier pour être établi sur le grand intérêt qu'ils donnent à la poursuite du partenariat comme l'a d'ailleurs souligné l'ambassadeur nippon. En plus de ce dernier, on a noté la présence du directeur général du projet de l'autoroute Est-Ouest (côté COJAAL), M. Minoru Ishida, du président de la Fédération japonaise des entrepreneurs de construction, M. Umeda, du président de l'Association japonaise des entrepreneurs de génie civil, M. Hayama, ainsi que des P-DG des entreprises Cajima et Taisei (les deux en compagnie de Nishimatsu, Hazama, Tekken et Itochu composent le consortium COJAAL). Une présence remarquée et qui ne peut être uniquement de courtoisie. Salim KOUDIL
