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Enquête au cœur du cartel de l'opium
Adrar devient le carrefour des narcotrafiquants
Publié dans Liberté le 21 - 04 - 2008

Selon des sources sûres, les trafiquants de cigarettes se sont convertis dans la culture de la drogue pour ne pas payer la “dîme” au chef terroriste Mokhtar Belmokhtar.
Pour le seul premier trimestre de l'année en cours, pas moins de 76 219 plants de pavot, 15,115 kilogrammes de graines de pavot et 8 530 plants de cannabis ont été découverts dans différents endroits de la wilaya par les éléments de la gendarmerie. Lors d'une seule opération, le 24 avril 2007, les gendarmes de la brigade de Charouine ont investi 3 champs s'étendant sur 7 hectares où ils ont dénombré 66 000 plants de pavot et 540 plants de cannabis. Durant cette même opération, des trafiquants ont eu le temps d'incendier 3 autres champs pour effacer toute trace.
Lors de cette vaste action, aucune personne n'est tombée dans les mailles des services de sécurité : dans les affaires de drogue, seuls les individus appréhendés en flagrant délit sont passibles de poursuites judiciaires. Le 5 mai 2007, les gendarmes ont trouvé 30 kilogrammes de graines de pavot dissimulés dans le sable, sans appréhender l'auteur de ce délit. Durant l'année 2007, les services de la gendarmerie de cette wilaya ont saisi 74 317 plants de pavot et 13 662 plants de cannabis et présenté 27 personnes devant les services judiciaires compétents. Les services de police qui intervenaient dans leurs limites de compétence ont, eux aussi, procédé à des saisies de plants de pavot et de cannabis. Ces mêmes services, décidés à mener eux aussi la guerre aux narcotrafiquants, vont agir hors des compétences habituelles, à savoir dans les seules cités urbaines.
La culture du cannabis et surtout celle du pavot sur des superficies immenses est un phénomène nouveau et inquiétant pour les autorités du pays. Il s'agit en réalité de la reconversion des contrebandiers qui n'arrivent plus à introduire les cigarettes et à exporter illégalement le carburant, tant les frontières sont devenues hermétiques. Les gendarmes gardes frontières (GGF) et les éléments de l'ANP surveillent, de manière quasi permanente, les frontières. Au début de l'année 2008, les éléments du GGF avaient déjà déjoué une tentative d'introduction, à partir du Maroc, de 40 quintaux de cannabis. Cette traque a obligé les contrebandiers à changer de tactique pour se reconvertir en producteur de drogue et alimenter ainsi les pays du Moyen-Orient, sans recourir au jeu risqué de ramener le cannabis ou l'opium du Maroc. Cette reconversion est d'ailleurs doublement bénéfique pour ceux qui ont tenté l'expérience : devenir indépendant et ne plus avoir à payer de “dîme” au groupe terroriste de Mokhtar Belmokhtar. Ce dernier prélève, en effet, “l'impôt révolutionnaire” pour assurer la sécurité des convois de contrebandiers qui traversent la zone où il active (les frontières avec la Mauritanie).
Selon des sources sûres, l'Algérie ne sert, en réalité, que de point de transit pour la drogue destinée au Moyen-Orient. D'ailleurs, les narcotrafiquants ne rencontrent de réelles difficultés qu'aux frontières algériennes. Cela les a poussés à tenter de produire de la drogue sur place, en Algérie même. Dans le jargon du milieu, cette attitude est appelée : “se jeter dans la gueule du loup”. Cette audace est souvent payante pour les contrebandiers qui “investissent” là où on les attend le moins.
Pourquoi le choix d'Adrar
Le choix de la wilaya d'Adrar n'est pas fortuit : les trafiquants savent que l'Etat injecte des sommes colossales pour développer l'agriculture dans cette région qui regorge d'eau. Le Plan national de développement de l'agriculture (PNDA), financé par les deniers publics, a permis à des agriculteurs de réussir le pari de produire des céréales et des cultures maraîchères dans cette partie du territoire, jadis aride. Les aides octroyées dans le cadre du PNDA ont eu pour effet l'apparition de plusieurs zones verdoyantes, car cultivées. Dans la wilaya d'Adrar, existe, en effet, une immense nappe phréatique située à seulement 20 mètres de profondeur. L'abondance de l'eau et le développement de l'agriculture ont encouragé les contrebandiers à cultiver le cannabis et le pavot dans les zones reculées et inaccessibles.
C'est le cas par exemple de l'oasis de Talmine, située en plein Erg occidental. Les contrebandiers ont investi des sommes énormes pour créer cette oasis, dans une zone inaccessible même pour les véhicules tout-terrains.
Pour s'assurer une discrétion totale, ils ont jeté leur dévolu sur une grande parcelle de terrain sise à 10 kilomètres de la RN6, elle même distante de 240 kilomètres du chef-lieu de wilaya. Cet emplacement, bien que caché, les éléments de la gendarmerie l'ont investi au début du mois de mars 2008 pour y découvrir un champ de pavot de 8 hectares où pas moins de 58 780 plants ont été recensés. Pour réussir leur descente, les gendarmes n'ont pas hésité à marcher jusqu'à cette oasis. Ils y appréhenderont en flagrant délit plusieurs personnes. Les gendarmes ont constaté sur place l'ampleur du danger en matière de culture du pavot dans cette wilaya : les personnes exploitant cette parcelle perdue dans le désert ont eu tout le temps pour foncer un puits et placer une pompe pour irriguer les champs. L'électricité est elle aussi produite sur place grâce à un groupe électrogène. Sans des renseignements fiables et surtout la détermination de la gendarmerie dont les éléments n'ont pas hésité à marcher 10 kilomètres dans le désert, les bandits auraient réussi leur coup. Lors de cette même opération, 15 kilogrammes de graines de pavot destinés à être semés ont été aussi saisis. Devant l'ampleur de l'événement, les gendarmes chargés de l'interrogatoire des personnes arrêtées ont essayé d'en savoir plus sur entre autres une éventuelle existence de laboratoire de transformation de la drogue en Algérie. Malgré tous leurs efforts, ils n'arriveront pas à avoir une réponse : les personnes arrêtées ont toutes déclaré que toute la production de ces champs était juste destinée à leur propre consommation. Quelques suspects finiront tout de même par déclarer que lors de la récolte précédente, deux personnes voilées étaient venues pour leur acheter leur production ; mais ils affirment ne reconnaître ni leur visage, encore moins leur identité. Les personnes qui ont craqué ont juste ajouté que ces deux individus avaient pris la route à bord d'un véhicule tout-terrain en direction de Béchar. Les services de sécurité mènent encore leurs investigations car les quantités de plants de pavot saisies ne peuvent être destinées pour la simple consommation des producteurs, comme ils veulent le faire croire. Pour le moment, aucun laboratoire n'a été découvert et certaines sources évoquent l'éventualité de la transformation de la pâte d'opium en héroïne en Europe. Les services de sécurité tentent aussi de dénouer l'énigme de la provenance des graines.
Selon les mêmes sources : elles arrivent directement du Maroc. Ces découvertes vont pousser les services de sécurité à plus de vigilance pour déjouer les projets des narcotrafiquants, et les périodes choisies pour les traquer ne sont pas fortuites : il faut frapper au printemps avant la récolte de la résine des graines de pavot obtenue après une incision réalisée sur la gousse de la plante arrivée à floraison. Une fois séchée, cette résine qui donne de l'opium qui est d'abord synthétisé en morphine pour usage médical, les narcotrafiquants préfèrent pour leur part poursuivre la transformation jusqu'à obtenir la drogue la plus chère au monde : l'héroïne.
De notre envoyé spécial
à Adrar :
SAID IBRAHIM


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