Le président mauritanien déchu, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, déposé par les militaires, comptait “dissoudre les partis politiques positionnés dans l'opposition”, a révélé le Rassemblement des forces démocratiques (RFD) d'Ahmed Ould Daddah. L'information est contenue dans le mémorandum présenté par le RFD aux émissaires de la Ligue arabe et de l'Union africaine lors de leur séjour dans la capitale mauritanienne pour s'enquérir de la situation. L'ex-président a “bloqué le fonctionnement du Parlement et fait obstruction à l'exercice de ses prérogatives constitutionnelles”, est-il écrit dans le mémorandum et, ainsi, se comprendrait l'attitude de la Ligue arabe et de l'UA qui n'ont insisté que sur la libération de l'ex-président et de ses collaborateurs, et sur un retour rapide à la légitimité. L'accusation est portée par le plus grand parti d'opposition qui a applaudi le coup d'Etat et qui a souligné après l'éviction du président que “le pouvoir d'Ould Cheikh Abdallahi a été marqué par des affrontements meurtriers dans les rues de Nouakchott, les premiers dans l'histoire du pays, entre les forces de l'ordre et les salafistes” ainsi que par des “révoltes des affamés”, l'an dernier. Pour ce parti, Ould Cheikh Abdallahi n'avait pas la posture de premier magistrat ! Le mémorandum, qui souligne que l'ex-président était resté absent de la scène politique mauritanienne pendant près de deux décennies, conclut que celui-ci ne portait “aucun intérêt aux graves évènements qui ont failli détruire le pays”. Et d'accuser les dirigeants du Conseil militaire ayant renversé Maaouya Ould Taya en août 2005, d'avoir fait appel à Abdallahi qu'ils ont fait élire en mars en mars 2007. L'accusation vient remettre en cause le passage démocratique d'Ould Cheikh Abdallahi mais n'explique pas pourquoi les mêmes protagonistes militaires de 2005, à une variante près, aient décidé de se défaire d'un homme choisi par eux ? On retiendra que le nouvel homme fort de Nouakchott a parlé de trahison. Le candidat du RFD, Ahmed Ould Daddah, fils du premier président de la Mauritanie, avait obtenu 47% des voix contre le candidat du conseil militaire dans les élections qualifiées de premières dans le monde arabe. “À l'époque, nous avions accepté les résultats de cette élection dans le souci d'éviter des troubles sécuritaires à l'image de ce qui se passe dans d'autres pays dans des situations similaires”, souligne aujourd'hui le RFD. Yahya Ould Ahmed El Waghev, Premier ministre mauritanien, qui a été relâché par les nouveaux putschistes, a réfuté ces allégations comme celles faisant état de blocage des institutions constitutionnelles, indiquant que le Parlement a fonctionné normalement et avec toute l'indépendance requise. D. B.