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Une ville longtemps oubliée
Publié dans La Nouvelle République le 27 - 09 - 2011

Le seul trait d'union qui existe entre Berrouaghia et les autres villes du pays est un marché hebdomadaire anarchique qui a lieu chaque mercredi « souk larbâa », dans une grande place à la sortie de la ville, boueuse l'hiver et très poussiéreuse l'été.
Les ménagères n'ont d'autre distraction que ce souk qu'elles attendent impatiemment. La ville autrefois préférée de l'émir Abdelkader semble être oubliée. En ce mois de juillet 2011, la canicule est étouffante, même la distribution d'eau potable se fait un jour sur cinq, sans parler des maladies à transmission hydrique. Les rues sont poussiéreuses et les jeunes n'ont d'autres distractions que les cybercafés et les jeux de cartes dans les cafés. Le massif montagneux de la Chiffa surplombe les Hauts Plateaux tombant à pic dans la vallée de la Mitidja et la claquemure. Là, nichée au creux d'une cuvette, une toute petite ville subit de plein fouet les effets de la canicule. Il s'agit de Berrouaghia dont la dénomination romaine « Thanarasamusa Castra » sied parfaitement à la notion de « village des Asphodèles ». Berrouaghia se trouve au centre d'une zone rurale très escarpée, abrupte et raide. Cependant, cela n'a pas empêché sa végétation de pousser abondamment. Faisant partie de la wilaya de Médéa, capitale du Titteri, dans l'histoire des conquêtes arabo-musulmanes, Berrouaghia était la ville désirée par le bey, adjoint du dey d'Alger. A l'arrivée des Français bien avant 1830, le bey de Médéa n'était autre que le frère de l'émir Abdelkader. Après le traité de la Tafna, Abdelkader fit de Médéa sa capitale et séjourna longtemps à Berrouaghia qui s'appelait à l'époque Tirinadi. En pénétrant dans cette ville, plus d'un siècle et demi plus tard, l'on est frappé par les séquelles laissées par une dizaine d'années de violences sans précédent. Des maisons détruites, des fermes abandonnées, des forêts brûlées... des vies détruites. Sur les visages des habitants, l'on peut aisément lire l'implacable réalité vécue par cette ville. Pour définir la situation présente de Berrouaghia seule, l'expression «trou noir» sied. En effet, l'impression qui se dégage pour le visiteur est que Berrouaghia a la faculté de «pomper» toute l'énergie humaine pour lui imposer un silence de plomb. « C'est le silence qui cache la colère, le dépit, la lassitude », souligne un habitant de la ville. A Berrouaghia, les rues sont monotones durant la journée. Une fois la nuit tombée, et par défaut d'animation, l'atmosphère est maussade. Il y a bien entendu une maison de jeunes, mais ses activités sont gelées faute de subventions. La ville a pourtant une position symétrique d'Aumale, d'où partent des chemins dans toutes les directions, notamment sur Tablat, par la vallée de l'oued Meleh, et au sud vers Zahres Chergui. Ce dernier chemin arabe que jalonne Bordj Aïn Bouaf, et Bordj El Hammam, dans la chaîne des Seba Rous, se prolonge jusqu'à Djelfa. Il est inconcevable qu'une ville qui bénéficie d'une situation géographique aussi stratégique puisse être isolée. Il y a aussi le fameux marché de la ville, où l'on vend de la friperie. On y trouve toutes sortes de vêtements, des pulls à 50 DA, des pantalons à 100 DA, des chaussures, des robes. Les ménagères passent parfois des heures à fouiller, à marchander et, la plupart du temps, elles font de bonnes affaires. Elles trouvent leur bonheur et économisent beaucoup d'argent, car il faut le dire, les vêtements neufs sont un luxe que les citoyens de Berrouaghia ne peuvent pas se permettre. Voilà presque le seul commerce qui soit rentable, en plus de l'alimentation générale. Cela dit, quoique à cent mille lieues de la civilisation, la ville s'est tout de même dotée de cybercafés. Ces derniers ont vu le jour à la grande joie des jeunes qui n'ont aucune autre activité que de déambuler à longueur de journée, ne sachant quoi faire, car ils ne risquent pas de trouver un emploi. Il n'y a guère d'entreprises ni d'institutions, la seule compagnie qui employait la majorité des habitants de la ville étant la Sonacome, qui a fermé ses portes il y a quelques années. Ce fut le drame pour les pères de famille qui se retrouvèrent sans emploi du jour au lendemain. Il y a même eu de nombreux suicides qui témoignent de la détresse des familles. Les jeunes, eux, n'aspirent qu'à partir, vers les grandes villes, ou à émigrer, espérant trouver du travail et un mode de vie plus vivant ! Car l'autre plaie de la ville, agréable angoisse, c'est bien entendu le chômage. Pour lui échapper, de nombreux jeunes n'ont d'autre choix que de se lancer dans le commerce de rue. Nombre d'entre eux abandonnent l'école pour rejoindre le monde des exclus qui occupent la rue pour survivre et aider leurs familles. Le béton, quant à lui, prend chaque jour plus de place à Berrouaghia, des cités sont construites. Pourtant, il y a bel et bien une crise du logement. Des familles habitent encore dans des taudis, mères et enfants vivent entassés, une bâche de plastique en guise de toit, des couvertures bariolées pour seul mur. Couchés sur des matelas en mousse ou sur une peau de mouton à même le sol, les enfants sont, les premiers, victimes de la canicule. Il reste tout de même la campagne, il y a les nombreuses fermes, de la verdure, les animaux de basse-cour qui vous réveillent le matin, le chant des oiseaux et la douce odeur des fleurs, l'air pur et le ciel limpide. Les fourmis et même les cigales ont trouvé là leur bonheur, la végétation est luxuriante, le vert est la couleur dominante qui donne à la localité un charme particulier. Mais que font les habitants de cette magnifique campagne? Ils n'eu profitent pas, du moins ils semblent ne pas avoir le cœur à en profiter. Ils ne l'entretiennent pas, ils ne la cultivent pas, ils ne s'y promènent même pas. La valorisation de la nature passe au dernier plan. Pas de jardin non plus, on préfère construire, mettre de la faïence, du ciment, n'importe quoi sauf de la verdure, les plantes, on les ignore. Et pourtant la localité de Berrouaghia, elle est là, la ville des Asphodèles, elle existe et elle a tant à nous donner.

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