Tandis que le SNTE (Syndicat national des travailleurs de l'éducation) poursuit ses négociations avec le ministère de l'Education nationale, son secrétaire général, Abdelkrim Boudjenah, répond aux accusations de Bennoui. La Nouvelle République : Lors d'une conférence de presse tenue par le SNTE aile Bennoui, ce dernier a clairement et explicitement déclaré que vous occupez le poste illégitimement, puisque vous avez été désigné et non pas élu, et que vous avez été recommandé au ministre. Que répondez-vous à ces accusations ? Abdelkrim Boudjenah : Je réfute toutes ces accusations et je dénonce leur gravité. Je suis sûr que le ministre n'a pas tenu de tels propos. Ces propos n'ont pas de sens. C'est Bennoui qui a été désigné provisoirement par le conseil national pour présider le Snte. Les membres du conseil n'ont pas approuvé son travail alors ils ont eu recours à un retrait de confiance à son égard durant le conseil national tenu à Oran. En ce qui me concerne, j'ai été élu président lors du congrès extraordinaire du 25 juin 2003 ici à Alger. Donc, d'une manière légale. Le litige se situe où ? Le litige a été soulevé au ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale. Mon dossier est passé par trois commissions qui finalement m'ont donné raison. Alors, Bennoui et son entourage ont porté l'affaire devant la justice arrivant même jusqu'à la Cour suprême. Mais à chaque fois, je gagne le procès. J'ai eu la décision judiciaire définitive portant sur l'absence du statut de Bennoui. Désespéré, il m'attaque en justice mais à chaque fois dans une wilaya différente. Il profite du fait que les tribunaux des 48 wilayas ne sont pas informés à la même heure. Revenons à vos négociations avec la tutelle, quels sont les points que vous avez abordés ? Durant les réunions que nous avons tenues avec la tutelle, nous avons évoqué deux points essentiels : le statut et les œuvres sociales. Côté statut : il faut les revoir parce qu'il y a eu des erreurs catastrophiques dues à la non-connaissance des postes du secteur de l'éducation par les personnes chargées de ce dossier. Il faut savoir que cela s'est aggravé lors des traductions. Par exemple, ils ne connaissent pas ce que c'est qu'un adjoint de l'éducation et son rôle alors que c'est la nouvelle appellation des surveillants. Cela résulte du fait d'avoir associé les mauvaises parties qui n'ont rien avoir avec le secteur au lieu de faire appel aux syndicats. Pour arriver à des résultats d'ici à la fin novembre, on a prévu de créer des commissions. On est toujours en négociations pour revoir le statut général et le statut particulier. Quant aux œuvres sociales, il n'y a aucun arrêté qui parle de gérer cet argent en créant des comités nationaux ou de wilaya. Qu'en est-il du régime indemnitaire ? Pour rappel, il faut savoir que les enseignants étaient heureux de toucher 20 ou 30 millions de centimes. Par contre, aujourd'hui, ils se sont rendus compte qu'ils ont commis une faute de parcours. Il ne fallait pas se précipiter, puisque les fonctionnaires des autres secteurs, comme la justice, les finances et les impôts ont bénéficié d'un rappel encore plus important estimé jusqu'à 100 millions de centimes. Par l'occasion, je tiens à souligner un point concernant les déclarations de quelques syndicats à la presse. Il n'y a pas eu 30% d'augmentation sur le salaire principal. C'est faux. D'ailleurs, il n'y a aucun arrêté qui évoque une telle augmentation. Par contre, la prime de qualification va être comptée sur le salaire principal avec effet rétroactif à partir de 2008. Et cette augmentation n'est pas importante pour en parler. Quant à la prime du Sud, elle a été rejetée sous prétexte qu'elle touche tous les secteurs et pas uniquement celui de l'éducation. D'après vous, ces négociations vont-elles aboutir à de réelles solutions ? Je pense que oui, puisque c'est le Premier ministre qui a demandé la réouverture du dossier des statuts. Cela peut être interprété comme une bonne intention. Cela dit, tout est possible. Quelle lecture faites-vous des changements de cette année portant sur l'allégement des programmes scolaires ? L'allégement des programmes scolaires s'est fait d'une manière irréfléchie. Le projet doit être préparé sur une durée minimale de 5 ans, voire dix. Mais dans le cas de notre pays, cela se fait en une courte durée. On n'est même pas au courant des parties chargées de préparer ces programmes. Car nous les syndicats, nous n'y avons pas participé. J'ai toujours été contre les réformes du ministère de l'Education nationale. Au primaire, on enseigne 14 matières. Par conséquent, on reçoit des élèves avec un niveau très faible même en orthographe. Le cycle primaire n'est fait que pour avoir une base solide en ce qui concerne les langues, le calcul et l'écrit. C'est au CEM qu'ils doivent être formés dans les autres matières. Donc, à cause de cet entassement des cours, les enseignants sont obligés de tout revoir. Pour ce qui est des nouveaux horaires, cela n'arrange ni les élèves ni les enseignants parce qu'il y a une absence remarquable d'infrastructures. Je ne vois pas l'utilité de garder les enfants dans leur établissement scolaire dans ce cas. Selon ce projet, ils ont limité le volume des horaires des cours pour accroître la part des enseignements pratiques et l'éducation physique, sachant qu'il n'y a pas de spécialistes pour assurer cette dernière. Je ne pense pas que des enseignants de 20 à 25 ans d'ancienneté puissent faire du sport aux enfants ! Ce n'est pas évident de les former aussi. Par contre, cela pouvait être plus adéquat s'ils avaient pensé aux stagiaires issus des instituts de sport. Vous dites que le niveau des élèves a baissé. Quel est votre argument ? Le ministre doit savoir que ces programmes ont formé des élèves saturés. D'ailleurs, les lauréats de fin de cycle primaire échouent à leur première année au cycle moyen à raison de 60 à 70%. C'est pareil pour ceux qui passent au lycée. Et je dirais même que ceux qui se retrouvent à l'université ont un niveau aussi faible. Il faut revoir les programmes à travers une vraie étude et non pas faire des essais ou des expériences sur nos enfants. Et il faut faire participer toutes les parties concernées, dont les syndicats. Ces chiffres, je les ai eus de nos établissements pilotes situés dans chaque wilaya à travers tout le pays. Ces établissements, on les choisit sous le critère d'un taux de réussite élevé, à savoir 90%. Est-ce que vous avez reçu des réclamations de la part des fédérations des parents d'élèves à ce sujet ? On n'a pas une fédération forte des associations de parents d'élèves qui active sur le terrain. Donc, à chaque occasion qui se présente, on défend les droits et l'avenir de nos enfants comme on peut. Maintenant, on est prêt et on est partie prenante pour toute éventuelle coopération avec ces fédérations et tout autre organe sans exception.