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Halte sur le parcours d'un érudit
Publié dans La Nouvelle République le 20 - 04 - 2012

Samedi dernier, la salle de conférences du Tennis Club de Ben Aknoun a accueilli un auditoire nombreux, venu assister à la conférence animée par le Dr Somia Oulmane, autour du parcours et de la pensée de Abdelkader El-Medjaoui El-Idrissi El-Hassani, l'un des érudits de l'Algérie coloniale, malheureusement méconnu de la génération post-indépendance.
Cette rencontre qui entre dans le cadre des réunions mensuelles organisées sur une initiative du Dr Sarah Bouabdallah et de Madame Ferroukhi Zineb a coïncidé avec la célébration de Youm El ilm. Né en 1848 au sein d'une famille tlemcénienne, connue pour ses imams, cadi et homme de loi qui en sont issus depuis plusieurs générations, Abdelkader El Medjaoui El Idrissi El Hassani a «grandi dans un contexte d'occupation violente et de destructuration de la société autochtone», dira Mme Oulmane, ce qui contraindra la famille El Medjaoui à quitter son berceau pour s'exiler à Fès, puis à Tanger. Il poursuit ses études à Tétouan puis à Fès (Qaraouiyine) avant de revenir en Algérie. Après avoir accompli son pèlerinage aux Lieux Saints de l'islam, il s'installe à Constantine à l'âge de 22 ans. «Nous sommes en 1870. C'est une époque marquée par les grandes famines, les épidémies, les guerres (Alsace Lorraine, Sedan…) qui se soldent par la chute de Napoléon et la naissance de la 3e république», indiquera la conférencière avant d'ajouter que «pour Abdelkader, il y a des choses à faire en Algérie, une autre forme de résistance s'impose. Il s'agit de la résistance identitaire, religieuse, intellectuelle, culturelle, linguistique. Cette résistance devait, à la fois, être efficace et suffisamment subtile pour déjouer la vigilance impitoyable de l'administration coloniale». Abdelkader commence à enseigner, gagnant rapidement la confiance des Constantinois qui lui vouent attention et respect. Après quelques années, il fonde un foyer. «Il faut noter que cette même décennie voit se mettre en place, progressivement, le code de l'indigénat, qui est un monument historique de l'arbitraire et de l'injustice de la loi colonisatrice basée sur la différence de races», explique encore la conférencière. Aussi, El Medjaoui décide d'explorer d'autres voies que l'enseignement pour amener la population autochtone à une prise de conscience. «Outre l'enseignement et les prêches (il est alors imam à la mosquée Sidi Lakhdar de Constantine, cette même mosquée où le jeune Abdelhamid Benbadis fait ses premiers pas dans la pratique religieuse islamique ), il procéda à une réflexion politique et éducative qui fit l'objet d'un livre (1) publié en arabe, en 1877 au Caire et dans lequel, d'une part, il dresse un état des lieux relatif au système éducatif instauré par la colonisation dans le cadre de l'enseignement réservé aux autochtones, et met l'accent sur ses résultats désastreux et, d'autre part, il fait des propositions pour restructurer l'enseignement dans les medersas et les écoles. Il parle de diversification des matières à enseigner, de l'interaction entre enseignants et élèves, de la nécessité d'introduire l'éducation physique sportive. Mais, surtout, il met l'accent sur le fait que Islam et science ne sont aucunement en opposition. Bien au contraire, ces deux systèmes de pensée et de perception sont parfaitement complémentaires», développe encore le Dr Somia Oulmane. L'intervenante notera que «cet ouvrage est une illustration de la survie de la dynamique intellectuelle algérienne et de sa résistance face aux velléités colonialistes. Il fait écho à ce début d'Islah mené au Moyen-Orient par ses contemporains Djamel Eddine El Afghani (1838- 1897) et Mohammed Abdou (1849-1905). La parution de cet ouvrage crée une véritable onde de choc et la réaction est violente contre Abdelkader qui se voit menacé, séquestré, battu, houspillé. Après des mois de polémique, de menaces et de prises de position de la population constantinoise, l'administration française met officiellement fin à cet épisode en nommant Abdelkader à la medersa el Ketania de Constantine, espérant, d'un côté, canaliser ses actions et ses enseignements, de l'autre, s'attirer la sympathie de tous ceux qui le soutenaient». D'autres ouvrages de Abdelkader El Medjaoui seront publiés, amenant doucement la population sur le chemin de la lutte idéologique. En 1898, Abdelkader El Medjaoui est «promu» à la médersa «Eththaâlibiya» d'Alger où il est nommé professeur de droit musulman et d'exégèse coranique. Une «nomination» qui le coupe de ses réseaux de soutien mais il parvient très vite à s'en constituer de nouveaux, notamment grâce à une association cultuelle dont il est membre et qui regroupe plus de 3 700 adhérents. Durant son séjour algérois, Abdelkader El Medjaoui utilise «habilement la presse pour transmettre ses messages dans les limites des sujets tolérés par l'administration coloniale». Et collabore dans des périodiques tels «El Meghrib» et «Kaoukeb Ifriqya». «On y retrouve de nombreux articles visant à assainir les pratiques religieuses et les concilier avec le savoir et la science, lutter contre le charlatanisme et le maraboutisme, appeler à préférer le travail à l'oisiveté, lutter contre les conduites addictives et souligner l'importance de l'instruction de la femme», déclare encore la conférencière, ajoutant, par ailleurs, que El Medjaoui «collabore avec l'association Errachidia d'Alger qui organise des rencontres culturelles et lorsqu'il y fait une conférence, les activités de cette association sont suspendues pour plusieurs mois». Enfin, après avoir publié au moins 15 ouvrages et plus de 35 articles de presse, Abdelkader El Medjaoui, enseignant à la medersa et Imam à la mosquée Sidi Ramdhan de la Casbah, s'affaire à son dernier livre alors qu'il est âgé de plus de 65 ans et qu'il est déjà de santé fragile. «Cet ouvrage qui s'appuie sur une poésie écrite par son ancien élève devenu Muphti de Constantine (Mouloud Ben El Mouhoub) est une véritable analyse sociologique et un plaidoyer pour le savoir, la science, la justice, le refus du maraboutisme obscurantiste, etc.», développera le Dr Oulmane. Toutefois, «cette publication lui vaut les foudres de certains détracteurs qui n'hésitent pas à le dénigrer à titre personnel et à dénigrer ses propos. Heureusement, il reçoit aussitôt le soutient d'une multitude de oulémas, d'Imams, d'enseignants, de journalistes, de citoyens musulmans, etc.», dira-t-elle encore. «La presse de l'époque abonde en correspondances qui permettent de voir et de comprendre à quel point les propos de Cheikh El Medjaoui étaient dérangeants mais aussi à quel point la conscience de ses coreligionnaires avait fini par sortir de l'état d'anesthésie dans lequel elle était plongée depuis des décennies. De très nombreuses lettres et poésies pour le soutenir sont publiées», indique encore la conférencière. Cheikh El Medjaoui décède en automne alors qu'il est en visite à Constantine. Abdelhamid Benbadis qui vient de rentrer en Algérie dira lors de l'oraison funèbre du Cheikh Abdelkader El Medjaoui : «Toi dont la lumière a déchiré les ténèbres de l'ignorance qui régnait et a permis à nos yeux de (re)découvrir le crayon (qalam), Toi qui a tant peiné pour notre islah, Toi dont les rêves et les espérances se sont dressés pour permettre aux autres d'atteindre les chemins du savoir…».Cheikh Abdelkader El Medjaoui est enterré à Constantine, la ville qui a vu naître ses enfants et certains de ses petits-enfants. «Mais plus que cela, il est mort dans cette ville qui l'a si bien compris et à partir de laquelle ses idées, ses idéaux, son œuvre a pu rayonner sur tout le territoire national et même au-delà», conclura Somia Oulmane. (1) Irched El-Moutaâllimin

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