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Ce qu'un demi-siècle d'indépendance et d'interdépendance permet de dire
Publié dans La Nouvelle République le 17 - 02 - 2013

Le général de Gaulle avait programmé en juin 1958, la mise au pouvoir d'Ahmed Ben Bella dans les quatre ans à venir avec l'espoir de conserver 70% du pétrole et d'avoir la main-mise sur le Sahara. C'est ce qu'a révélé dans une émission de radio, Jean Méo qui fut chargé de mission du général de Gaulle (1958-1960), puis PDG d'Elf-Erap (1964-1972).
En effet, l'expérience du combat de libération a démontré qu'il y a eu des déserteurs de l'armée française qui ont rejoint l'ALN dans laquelle, ils se sont avérés être des patriotes dévoués, qui ont d'ailleurs exercé d'importantes responsabilités en son sein. Il y a eu également un grand nombre de déserteurs qui ont rejoint l'ALN, à l'intérieur du pays en s'y intégrant parfaitement, et qui ont prouvé leur dévouement, par leur sacrifice sur le terrain, où beaucoup sont tombés au champ d'honneur. Tous ceux-là et bien d'autres sortent du champ de cette narration. Plus d'un demi siècle depuis la victoire politique de novembre 54 qui a fait l'indépendance de notre pays l'Algérie, rien (ou si peu), n'a été dit et écrit dans le sens de la vérité sur l'histoire de notre mouvement de libération, pourquoi ? Beaucoup de livres ont été produits, mais pour la plupart, tous ont traité de l'événementiel, et seulement du côté héroïque du combat des moudjahidines, mais il y a très peu de recherches qui ont été conduites – et produites – sur le contexte ayant entouré les événements de «la guerre d'Algérie et la lutte de libération nationale» dans sa triple dimension : «Historique humaine et morale». Et plus particulièrement sur ce qui touche aux divergences opposant les moudjahidines algériens, entre eux. Pourquoi rien n'a été dit ou si peu ? L'enseignement basique de l'école algérienne étant resté au stade de sacralisation de la guerre et la glorification de ses acteurs, le commun des Algériens reste sur l'idée que l'occupant français était le seul ennemi à combattre alors même qu'il fallait d'abord surmonter clivages et division pour s'unir autour de la même action. Heureusement, certains historiens (dont on ne risque encore pas de trouver trace dans les manuels scolaires) ont peiné sur des sentiers nouveaux et nous ont permis d'appréhender les événements sous un prisme différent, plus proche de la réalité d'une guerre coloniale, et d'une lutte armée de libération, dont il ne reste que de larges zones d'ombres qui subsistent sur les clivages qui avaient divisé les révolutionnaires algériens à l'époque et qui, le combat fini sont réapparues avec des répercussions parfois meurtrières. Au delà de la peur absurde de «désacraliser» la révolution aux yeux du peuple algérien, il faut oser dire ce qu'il en est, et calmement, sagement sortir cette époque de l'ombre, pour permettre de mieux mesurer la bravoure et le sacrifice dont les combattants de la libération avaient fait preuve pour se transcender. Beaucoup d'encre a coulé sur les circonstances de l'insurrection algérienne, qui a bouleversé l'ordre colonial, mais pas assez en rapport au tribut de sang versé pour l'indépendance nationale. Historiens et acteurs du mouvement national relatent et analysent les conditions politiques ayant présidé au déclenchement de la lutte armée qui, fait singulier, a été menée par des noms et des figures qui n'occupaient pas le premier plan de la scène politique avant le 1er-Novembre 1954 [2]. Enfin, la révolution algérienne que beaucoup croit être terminée avec l'indépendance du pays, continue, car après avoir été déclenchée, elle poursuit sa rotation, qui ne s'arrêtera qu'avec la réalisation des vœux et espoir de tous ceux qui l'ont alimentée de leur vie, pour la concrétisation des objectifs, historique humain et morale, dont l'aboutissement sera la constitution du grand Maghreb «le Maghreb des peuples»[3], les peuples attendent et espèrent toujours la réalisation de cet objectif. Pour ma part, et à l'aube de ma jeunesse, c'est chez mon père que j'ai entendu les noms des brillants chefs de la Révolution, avant que j'en connaisse quelques uns. Mon père en parlait souvent, durant les rencontres qu'il avait avec les combattants qui transitaient par notre domicile au n°63 de la Cité Nador, au Clos Salembier (actuel, El -Madania). A cette époque, j'avais 13 ans et je rêvais déjà d'être un combattant pour l'indépendance, un moudjahed à l'image de ceux dont mon père faisait l'éloge. Mon frère et mon oncle en ce temps-là, étaient déjà dans l'Armée de libération nationale. Militants de la première heure, ils avaient rejoints les maquis, après que leurs actions clandestines furent découvertes par les autorités françaises. Notre maison servant de refuge aux émissaires des maquis, qui y transitaient. Ils arrivaient chez nous, la plupart du temps après tout un périple, de détours et de rallonges, pour éviter les barrages de l'armée française qui quadrillait partout les quartiers dit quartiers indigènes et/ou quartiers arabes. Ce n'est qu'une fois entrés à l'intérieur de notre maison, que ces combattants se rassuraient, et se sachant en sécurité, ils parlaient. Alors moi, l'enfant, tout à mon aise, admirant ces hommes, que l'on appelait «El Moudjahidines», combattants du FLN/ALN, je pouvais, avec fierté, me désaltérer à leurs sources. C'est moi qui faisait le guet, et leur servait de guide quant ils arrivaient et quant ils repartaient. Souvent, ils étaient deux, parfois trois. Mon père les recevait sur le pas de la porte et les faisait vite entrer à l'intérieur de la maison, en leur souhaitant la bienvenue. Alors ils entraient, pour s'installer dans la seule pièce de libre, servant de salon, salle à manger et le soir venu, de chambre à coucher. Quelque soit le temps que ces hommes passaient chez nous, ils ne ressortaient que pour repartir, comme ils étaient venus, dans la discrétion totale. Au moment de leur départ, mon père me confiait la mission de les accompagner. Alors tel qu'il me l'avait enseigné, je sortais faire le tour du quartier pour voir si aucune présence suspecte n'était là, puis je les faisais sortir en passant devant eux, en éclaireur. Je les dirigeais, par des passages sûrs, jusqu'en dehors des limites du quartier où nous habitions. Et à chaque fois, je revenais peiner de devoir les quitter car j'étais frustré de ne pas être assez grand, pour les suivre dans les maquis et participer, avec eux, au combat contre «l'istiamar - l'occupant». Après chacune de ces visites, je restais avec leur présence à l'esprit, gardant en mémoire, les récits du déroulement des batailles et embuscades que les moudjahidines tendaient à l'armée française. Enfin mon imagination faisant le reste, j'en étais à souffrir de ne pouvoir rejoindre mon frère et mon oncle dans l'ALN. Et alors que je rêvassais du haut de mes jeunes années, à devenir à l'exemple de ces héros, je devais me satisfaire de participer à l'action, en faisant le guet, à chaque fois que me le demandait mon père, qui parfois me donnait des paquets à transporter pour passer les barrages de contrôle. Mais un jour mon père et ma mère furent contactés par le frère à ma mère, qui était déjà dans l'ALN avec mon frère Mohamed, surnommé «yeux bleu» pour la couleur de ces yeux. L'oncle Hasséne, que ces amis appelaient «le tailleur» à cause de son métier, leur avait demandé des médicaments et des vêtements chauds et par la même de ramener avec eux, sa mère et l'aîné de ses garçons Khaled, qui lui manquait et qu'il voulait embrasser [4]. Pour aller au lieu fixé, par l'oncle Hasséne, une jeune fille de Belcourt (Alger), devait les guider jusqu'à Médéa. Delà un relais devait les convoyer vers le Douar Zagmotta. Mais hélas, une fois arrivé au douar, une opération de grande envergure fut déclenchée par l'armée française. C'est dans ce contexte que mon père, Si Rezki, accompagné de Khaled a fuit dans la montagne pour aller se cacher alors que ma mère était restée dans une maison parmi les femmes. Mais l'armée française, comme si elle avait eu vent de l'affaire, avait organisé une opération combinée entre l'armée de terre et l'armée de l'air, faisant qu'un déluge de feu s'abattit sur les contours du village. Les soldats de l'armée française avaient ramené avec eux des chiens renifleurs, qui n'allaient pas tarder à découvrir la cache ou s'étaient tapis mon père et mon neveu Khaled. Ainsi, ils furent arrêtés avec le reste de la famille qui fut retrouvée dans une maison du village. De toute façon, il valait mieux être arrêté au village que dans les maquis. C'est ainsi que toute ma famille fut embarquée dans cette affaire. Dans une caserne militaire française, Si Rezki était attaché à un poteau au centre de la place et était emmené à la torture et ramener à sa place le soir, le lendemain c'est le même va et vient, entre le poteau et la torture, n'ayant pas avoué ou ayant tout dit, ces tortionnaires en avaient marre de lui, et ce fut la corvée de bois, il fut détaché, et emmener par deux soldats et un harki. Il fut tué plus loin dans la forêt et laisser aux loups, le lendemain, un nettoyeur parmi les soldats fut envoyé avec un bidon d'essence pour brûler les restes. La mère de Si Hasséne, ma grand mère, trop vieille avait été laissée au village. Ma mère et Khaled qu'elle avait déclaré être son fils, avaient été arrêtés, par les soldats dés qu'ils découvrirent qu'elle était l'épouse de Si Rezki. Ma mère et Khaled furent mis dans une cellule, où ma mère renversa le seau qui se trouvait là et monta dessus pour voir le poteau où était attaché son époux. Et ainsi elle put voir les va et vient de celui ci, qui, à chaque fois revenait de plus en plus mal en point. De temps en temps, il relevait légèrement la tête juste pour voir à travers ces yeux pochés, comme l'ombre lointaine, le visage de sa femme, le regardant de derrière des barreaux, puis sa tête retombait. Dans sa cellule, ma mère sursautait dès qu'elle entendait le bruit des godasses sur le gravier, elle montait sur son bidon et regardait son mari souffrir sans rien pouvoir y faire. Et cela dura jusqu'au dernier matin, où en partant entre deux soldats qui le soulevaient, il n'a pas été emmené vers le lieu de torture habituelle, mais vers la sortie ? Et comme s'il avait recouvré une lueur de lucidité, dans un dernier effort, Si Rezki, mon père, relevant la tête, la tourna vers la fenêtre pour regarder vers sa femme, ma mère, et il hocha la tête, comme pour lui dire : «oui
il m'emmène pour me tuer» ! (A suivre) Auteur, écrivain [2] Voir du même Auteur «Guerre d'Algérie et Lutte de libération». Edition Houma. Alger. [3] Voir la déclaration du 1er novembre 1954 [4] Du même auteur, 1re partie de «Guerre d'Algérie et Lutte de libération» Ed. Houma 2011


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