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Madiba et la culture de la liberté
Publié dans La Nouvelle République le 08 - 12 - 2013

Il a incarné le rêve d'une nation arc-en-ciel et, même après sa mort, Mandela continuera à nourrir l'imaginaire des artistes. Des chanteurs, sculpteurs, photographes, peintres, danseurs, musiciens et cinéastes qui propagent jusqu'à aujourd'hui ses idées et qui ont largement contribué à sa libération en 1990, après 27 ans de prison. Retour sur la relation entre Nelson Mandela et une culture au service de la liberté.
Nelson Mandela savait aisément interpréter et manipuler les codes culturels. Très tôt, son sens théâtral du costume et du geste a été employé au service des messages politiques de l'ANC. Pendant toute sa carrière politique, Mandela avait consciemment pris la pose devant les photographes pour incarner publiquement l'habit du conseiller, de l'avocat, de chef de guérilla ou d'homme d'Etat. Et lors du procès marathon pour haute trahison de 1957 à 1961 à Pretoria, ce n'était pas un hasard que Mandela portait un costume croisé à revers boutonnés : «C'était le seul homme noir à porter des costumes coupés sur mesures par le tailleur de l'homme le plus riche d'Afrique du Sud, Harry Oppenheimer, le magnat de l'or et des diamants», raconte le scénariste britannique, John Carlin. Et quand, en 1961, l'ANC risquait de perdre le soutien de ses rivaux «africaniste», Mandela n'hésitait pas à s'afficher en tenue traditionnelle xhosa avec pièce d'étoffe et collier à perles thembu pour incarner la culture et l'identité «africaine». «Invictus » (Invaincu) À d'autres moments, Mandela arborait une barbe révolutionnaire en s'identifiant au héros du «Mouron Rouge», un roman anglais de 1903. Dans son autobiographie, Mandela relate également que c'est à la lecture de «Guerre et Paix» de Tolstoï qu'il avait compris qu'il faut profondément connaître son peuple pour pouvoir le conduire à bon port. Et lors du procès de Rivonia, en 1964, Nelson Mandela affronte la crainte d'être condamné à mort avec des vers de Shakespeare. Le géant de la littérature restera aussi son compagnon de cellule, grâce à un exemplaire clandestinement introduit dans la prison de Robben Island. La couverture du livre a été recouverte de divinités hindoues pour tromper les gardiens. C'est ainsi que les prisonniers s'instruisaient à «l'université Mandela» où l'on récitait aussi avec verve le poème Invictus(Invaincu) du poète britannique, William Ernest Henley. De Dennis Brutus à Nadine Gordimer Depuis toujours, Nelson Mandela a loué la force de la culture et l'enseignement de ses professeurs qui leur ont inculqué à l'école l'importance de la littérature pour la vie dans la société contemporaine. Ce n'est pas un hasard si le programme d'action de l'ANC en 1949 fixait un but éducatif et culturel au combat national contre l'apartheid. La littérature et la poésie («Cela vous donne de l'énergie»), étaient pour Mandela des inspirations permanentes. Il lisait aussi bien des poètes sud-africains, comme Dennis Brutus, que des classiques, comme William Shakespeare, ou des auteurs contemporains, comme Samuel Beckett ou Nadine Gordimer, qui l'a toujours soutenu. Et ce n'était certainement pas anodin que les prisonniers de Robben Island mirent en scène au sein de la prison «Antigone» de Sophocle pour défier avec une tragédie grecque le pouvoir illégitime du régime de l'apartheid. Dans la pièce, c'est Mandela qui incarnait le tyran Créon, comme il étudiait la langue afrikaans pour mieux comprendre et surmonter l'esprit de ses bourreaux. Pendant ses 27 ans en prison, Mandela est pratiquement devenu un homme sans visage. Après des années sans contact avec le monde extérieur, même ses amis proches en liberté n'avaient plus aucune idée à quoi il ressemblait. Quelques mois avant la libération de Mandela en février 1990, l'artiste Reshada Crouse avait entrepris la réalisation d'une série de portraits pour retrouver l'image de Mandela. Crouse essaie alors de restituer l'apparence d'un Mandela devenu mûr et réfléchi, il y parvient étonnement bien, avec l'aide des descriptions transmises par Amina Cachalia et des avocats de Mandela qui lui rendaient régulièrement visite en prison. À côté du combat politique et de la mobilisation des organisations des droits de l'homme, ce sont certainement les artistes qui ont contribué le plus à transfigurer la personne de Nelson Mandela en icône planétaire. Quand Stevie Wonder entonnait, en 1985, sa célèbre chanson «I Just Called to Say I Love You», Mandela était encore en prison et le titre interdit sur les ondes en Afrique. Le photographe allemand Jürgen Schadeberg avait accompagné et soutenu la lutte antiapartheid de Mandela pendant quarante ans, avant de prendre en 1994 la photo devenue culte du premier président noir de l'Afrique du Sud dans son ancienne cellule à Robben Island. Dans les années 1980, le monde de la culture avait exigé avec force la libération de Nelson Mandela. En 1984, «The Specials», un groupe britannique de SKA, chantait en chœur «Depuis 21 ans en prison, mais son esprit est toujours libre» dans leur chanson Free Nelson Mandela qui faisait le tour du monde. Au Sénégal, c'est Youssou N'Dour qui mettait sa voix en or au service de l'icône dans son album «Nelson Mandela», publié en 1986. Dans la même année, c'est au trompettiste américain, Miles Davis, de faire entrer la mobilisation dans le monde du jazz avec «Full Nelson» et le chanteur français Bernard Lavilliers lui rend un hommage avec «Noir et Blanc». Quand 600 millions de personnes acclament Mandela La mobilisation artistique atteint son sommet en juin 1988, avec un concert géant au stade de Wembley à Londres, à l'occasion du 70e anniversaire de Mandela. Avec la participation des plus grandes stars mondiales comme Sting, Peter Gabriel, Simple Minds, Stevie Wonder, Joe Cocker, Tracy Chapman, Salif Keïta ou Miriam Makeba, regardé par plus de 600 millions de personnes dans le monde à travers une transmission en direct dans 67 pays, le concert est entré dans l'histoire comme le plus grand événement politique dans l'histoire de la musique. Vingt mois après le concert, Mandela sera libéré. Le destin shakespearien de celui qui fera changer l'Histoire de l'Afrique du Sud a été très souvent raconté au petit et au grand écran, comme dans «Mandela», un téléfilm réalisé en 1987 par Philip Saville avec Danny Glover dans le rôle-titre. Très peu de temps après sa libération en février 1990, Mandela avait même accepté de jouer lui-même... dans une libre adaptation de la biographie de Malcolm X, où il cite une partie d'un des célèbres discours de ce militant des droits de l'Homme. Penser la mort de Mandela C'était un artiste qui, en premier, avait essayé de désacraliser le mythe de Nelson Mandela. En juillet 2010, le Sud-Africain Yuill Damaso avait déclenché un tollé auprès du public et en particulier parmi les représentants de l'ANC. Son tableau «Mandela mort», exposé dans une galerie de Johannesburg et inspiré d'une œuvre de Rembrandt, mêle les vivants et les morts, et surtout il y apparaît un Nelson Mandela subissant une autopsie réalisée par un enfant victime du sida. Le cadavre est entouré par les plus hautes personnalités du pays, dont les Prix Nobel de la paix Desmond Tutu et Frederik W. De Klerk (1989-1994), l'actuel chef de l'Etat Jacob Zuma et l'opposante Helen Zille. Pour l'artiste, il s'agissait de faire tomber un tabou : penser la mort de Mandela et interroger ainsi son héritage. Depuis le 28 novembre 2013, «Un long chemin vers la liberté», le récit autobiographique de l'icône de la lutte antiapartheid affole le box-office en Afrique du Sud. Le film du réalisateur Justin Chadwick sortira le 18 décembre 2013 sur les écrans en France. Même après sa mort, Nelson Mandela continuera à inspirer les artistes du monde entier.

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