Même si elle n'a duré que deux jours, la grève générale déclenchée lundi et mardi par le Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur tertiaire de l'éducation (Cnapest) laissera certainement des séquelles dans le milieu de l'éducation nationale. Particulièrement chez les élèves de 3e année appelés à subir les examens du baccalauréat. Bon nombre ont compris que sous la couverture du syndicat, leurs enseignants veulent déplacer le débat des revendications sur le logement, la révision du statut particulier et les primes vers un bras de fer aux relents de règlements de compte avec la ministre de l'Education nationale, Mme Nouria Benghebrit. Selon de nombreux syndicalistes, celle-ci représente un risque majeur pour leur devenir et surtout pour les cours particuliers payants. Telle est en tout cas la teneur des discussions des élèves durant les heures passées devant leur établissement scolaire. Regrettant le fait qu'ils ne peuvent pas accéder àleur salle de cours, certains patientent devant le portail. D'autres à l'écoute des menaces des uns et des autres syndicats s'interrogent si ces perturbations créées par leurs enseignants ne vont pas impacter la préparation du grand-rendez-vous scolaire de fin d'année. Il y a ceux qui trouvent refuge auprès du surveillant général. Ce dernier est quotidiennement harcelé par des dizaines de questions. Celles portant sur les cours qui ont sauté comportant des sujets qui risquent d'être d'examen au bac. Dans la majorité des établissements, les professeurs se sont présentés avec l'intention d'assumer la mission liée à leur poste. Mais du fait de l'absence des élèves que l'on a empêchés d'accéder à l'intérieur du lycée, ils n'ont pas pu donner leurs cours. Tout autant que lors de la première journée, hier, la grève a été partiellement suivie à Annaba. N'était le petit charivari causé par une vingtaine d'enseignants, la grève serait passée inaperçue dans les communes. Ce qui n'a pas empêché les parents d'être gagnés par des appréhensions quant à l'avenir de leur progéniture en classe d'examen. D'autant, ont affirmé nombre d'entre eux, que les syndicalistes menacent d'aller vers l'escalade en entamant dans un proche avenir d'autres grèves au cas où ils n'obtiendraient pas gain de cause. Nombre de ces professeurs justifient la grève par le fait qu'ils ont de plus de plus en plus mal à supporter les conditions dans lesquelles ils travaillent. Du côté des chefs d'établissement, l'on se désole de vivre pareille situation. A ce niveau, l'on estime que pour l'heure, il y a plus urgent à faire comme créer les conditions nécessaires pour permettre aux potaches de travailler sur des tables en bon état, des salles sans infiltrations d'eau de pluie, des chauffages, des fenêtres et portes qui ne grincent pas et un éclairage efficient. Il a été également question du phénomène de la violence et de consommation de la drogue et des psychotropes dans les établissements scolaires. «Ce phénomène n'a pas cessé de prendre des proportions alarmantes ces dernières années», affirment de nombreux enseignants. Dans les cités populaires, l'on ne compte plus les agressions et les tentatives d'agressions à l'arme blanche dans les cours des lycées et des collèges d'enseignement moyen. Certains parents ont même suggéré de criminaliser la violence en milieu scolaire. Même si, étrangement, la fédération des parents d'élèves «oublie» de réagir à ces grèves à répétition des enseignants très préjudiciables à la scolarité de leurs enfants, les parents n'ont pas manqué d'exprimer leur ras-le-bol face à ces débrayages avec prise en otage des élèves. Tout concours à dire que la situation pourrait déraper. C'est ce qui aurait pu arriver hier à Annaba devant le siège de la direction de wilaya de l'éducation. Hors de lui, un parent d'élève a violemment apostrophé un gréviste le traitant de tous les noms d'oiseaux. L'incident a failli déborder n'était l'intervention d'autres parents. Ces derniers paraissaient réellement fatigués de subir les contrecoups de ces mouvements qui les perturbent dans leur rythme de vie et les acculent à suspendre leur travail pour assister leurs enfants les jours de grève. Cependant, force est de dire que les élèves des classes terminales sont les plus remontés. Ils pensent, carrément, qu'on se joue de leur avenir pour des intérêts égoïstes. Ce qui importe c'est qu'on les laisse travailler et étudier dans des conditions sereines et qu'on ne sabote pas leurs parcours pour réaliser des ambitions personnelles. Enfin, ils ne comprennent, surtout pas, la soi-disant neutralité des associations civiles que ce soit des parents d'élèves ou autres. Mais dans tous les cas, il n'y a que les parents qui peuvent peser de tout leur poids pour rétablir la situation. Ce n'est pas seulement en tendant des micros à des syndicalistes dont l'égoïsme n'a plus de limite ou en leur ouvrant les colonnes des journaux qu'on résoudra l'épineux problème des mouvements de grève. Ces 8 et 9 décembre, les élèves étaient devant le portail, chacun, devant son établissement comme pour signifier qu'ils ne veulent plus servir de boucs émissaires et payer les pots cassés. Malgré la pluie, dans certaines régions, ils étaient présents avec l'espoir que leurs professeurs ne feraient pas grève. D'autres soutiennent carrément la position de la ministre qu'ils appellent à plus de rigueur dans la gestion des affaires de l'éducation nationale et surtout à sanctionner les enseignants qui se remplissent les poches en séchant les cours pour donner des cours particuliers payants à leurs propres élèves.