Le 22 octobre 2013, le wali Mohamed Mounib Sandid était tout heureux d'annoncer aux représentants locaux de la presse, la mise en application de l'ordonnance du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, portant journée nationale de la presse. Une année après, Le wali d'Annaba Mohamed Mounib Sandid, s'est éteint, victime d'un accident vasculaire cérébral. Comme un fil compresseur inébranlable, la mort avait fini par le rattraper. Elle avait foncé sur lui pour le frapper, lui, l'homme brillant dans un métier où compétence, rigueur, disponibilité, vigilance, sens de l'anticipation et du contact humain et bien d'autres qualités doivent être de tout instant. Mohamed Mounib Sandid nous a quittés fin 2014, une année qui s'était étirée pour mettre un terme à un cycle qui ne se répétera sans doute jamais. Elle a emporté avec elle Mohamed Mounib Sandid ou la vocation du vrai commis de l'Etat. Il était le chef de daïra de Berrahal durant les années 1980 juste après l'obtention d'un diplôme de l'Ecole nationale d'administration. A l'époque, il nous baladait de sa voix monocorde dans des visites de projets et avait à cœur de les matérialiser pour, disait-il, améliorer les conditions de vie de ses concitoyens. Pour ce faire, le wali n'hésitait pas à prendre langue avec les hommes ou femmes élus et les cadres de différentes directions membres de l'exécutif de wilaya. Il discutait aussi, comme lui seul en avait le secret, sur le terrain avec les gens de la presse à la recherche d'un petit référentiel de l'Etat dans une tentative de décrocher l'exclusivité d'une information utile pour ses administrés. C'était bien avant qu'il ne soit promu wali de Béchar, Khenchela, El Oued et Annaba. De grands moments de sacrifices et d'abnégation comme seuls savent donner ceux qui ont à cœur l'Algérie. L'homme créait chaque jour un évènement autour des chantiers. Etre commis de l'Etat pour ce diplômé de l'Ecole nationale d'administration était une forme d'invitation à découvrir les premiers jalons de la matérialisation des projets dans lesquels s'y greffent la rigueur, la vigueur, le sérieux et la volonté de réussir dans sa démarche. Des choses qu'on ne sent plus et qu'on entend plus. Mohamed Mounib Sandid comme une anthologie n'était pas devenu wali, pour rien. De sa naissance, il y a 56 ans à Constantine, de ses origines auprès de ce père martyr de la Révolution qu'il n'a cessé d'imiter, de sa parenthèse dans les différentes institutions de la République, il sera parmi les walis les plus discrets mais les plus actifs et les plus efficaces. Homme de culture, il accordait à tous les acteurs locaux leur jour pour discuter du développement social et économique, de la science et de la recherche, des arts et des lettres. Un exemple à faire suivre et entendre dans toutes les écoles du pays. Selon le ministre de l'Intérieur de l'époque, le wali d'Annaba serait décédé des suites d'un AVC dans son bureaul. D'autres préciseront que l'AVC avait été provoqué par un comportement irrévérencieux. Orphelins, également, tous ces membres de l'exécutif et les élus de la wilaya qui louaient sa manière de travailler. Bien que discret, Mohamed Mounib Sandid cherchait constamment le contact avec les représentants des médias. Particulièrement, les professionnels du métier. Une corporation où, traditionnellement, l'on se respecte et où, par respect au code de l'éthique et de la déontologie chacun sait reconnaître son maître. Entre le dossier du logement et celui de l'emploi, du marché informel et celui du formel, entre les conflits socioprofessionnels et les entraves à la liberté de travailler, le défunt avait quotidiennement à intervenir pour ramener les choses à leurs justes proportions. Et c'était cela aussi le ciment du wali que de recevoir en audience les citoyens modestes et les représentants de la société civile pour écouter leurs doléances et solutionner leurs problèmes. Et ce mardi de décembre 2014, c'est un monde qui se souvient d'un homme, qui a brillé partout, qui tire sa révérence. Commis de l'Etat et fier de l'être, c'était la réponse quand la question lui était posée de savoir qui était Mohamed Mounib Sandid ? Il était la modestie et la force des idées au-dessus de tout. L'idéal de cet homme fasciné et fascinant maître de la profession de commis de l'Etat qui annonçait avec un réel plaisir l'achèvement de plusieurs milliers de logements publics locatifs pour la fin de l'année 2015 dans la nouvelle ville de Draa Erich. Aujourd'hui, lui partit, le monde devient ennuyeux de ses meilleurs hommes et femmes qui s'en vont un à un. Alors, le pire est que si dans les autres domaines comme la recherche ils sont remplacés, dans le secteur de la fonction publique filière hauts fonctionnaires, le risque est de voir tous ces hommes et ces femmes partir sans avoir le privilège ou la chance d'être remplacés. Mohamed Mounib Sandid ne brillait pas sur les écrans, mais il travaillait plus que les autres sur le terrain et dans son cabinet. De la mort, le musulman Mohamed Mounib y pensait sûrement comme une forme inexorable qui s'abat sur vous au moment où vous êtes meilleur et au sommet. Que Dieu lui accorde Sa sainte miséricorde.