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Amagger n'tefsut, une tradition qui refuse de mourir
Publié dans La Nouvelle République le 19 - 03 - 2017

En cette matinée ensoleillée du vendredi 10 mars, une foule nombreuse composée d'enfants, de jeunes filles et de femmes en tenue traditionnelle, s'est rassemblée sur la placette de Tarihant, un des plus grands villages de la commune de Boudjima (Tizi Ouzou).
De loin, des chants d'enfants se faisaient entendre. En s'approchant, le refrain qu'ils répètent devient de plus en plus compréhensible : «Tafsut, Tafsut, an nedjoudjough am tefsut, a netnarni am tagut» (Printemps, printemps, nous fleurirons comme le printemps, nous grandirons comme un nuage), chantonnent-ils avec une immense joie que procure une fête traditionnelle ancestrale célébrée en Kabylie à chaque arrivée du printemps. «Amagger n tefsut» où l'accueil du printemps est la raison du regroupement de cette immense foule qui se prépare pour prendre le chemin des champs en cette matinée propice à... l'aventure. Vers 9h30, les organisateurs parmi les adhérents de l'association écologique Garoura annoncent le départ de la caravane. En milieu des ruelles ornées du jaune et vert des genêts et de la blancheur des marguerites qui égayent l'œil et reposent l'âme, les marcheurs descendent vers Sahel, un site naturel situé en contre-bas des villages qui gardent encore toute leur splendeur naturelle et beauté époustouflante. Le trajet est une occasion pour se ressourcer et prendre de l'air frais tout en profitant de la beauté des parcours traversés. Des oliveraies, des champs verdoyants agrémentés de couleurs diverses de fleurs multiples, créant ainsi une véritable fresque naturelle. Les enfants, quant à eux, continuent à chanter, à cueillir des fleurs et à courir derrière des papillons qui traversaient leurs regards. Les jeunes filles qui se sont faites belles pour la circonstance s'arrêtent, de temps à autre, pour prendre des photos et immortaliser ce moment agréable de partage dans la communion. Aux chants des oiseaux qu'on entend en milieu de cette nature, des adolescents avec des guitares et un bendir accompagnent les enfants qui continuent à fredonner l'arrivée du printemps avec leurs voies douces et innocentes. Au bout d'une quarantaine de minutes de marche à pied, le site se prête enfin aux regards. Une large étendue de verdure teinte essentiellement du blanc des marguerites dont l'odeur se fait sentir à des centaines de mètres. Les vieilles femmes, ne pouvant pas parcourir une si longue distance, sont transportées par un fourgon. A l'arrivée du reste des fêtards, elles sont déjà installées et commencent à réciter des tibougharin (des chants traditionnels de femmes kabyles). Quand tradition rime avec environnement La fête vient de commencer et Tafsut sera accueillie sur ce site avec tout ce qui peut représenter la joie de vivre. Amagger n'tefsut n'est pas seulement ce patrimoine immatériel qu'il faudra préserver et perpétuer, à travers sa transmission aux jeunes générations. Ce rendez-vous que les jeunes adhérents de l'association Garoura ont fait revivre est aussi une occasion de tisser des liens entre la nature et ces enfants qui partent rarement à la découverte des richesses naturelles du pays. Répartis en groupes, les petits sont emmenés dans la forêt pour planter des arbres mais aussi pour découvrir et connaître des plantes qu'ils n'ont pas eu l'occasion de voir auparavant. De retour, ces jeunes sont tous décorés de couronnes de branches d'oliviers et de fleurs. «La branche de l'olivier, c'est pour la santé et la langue vie, tandis que les fleurs, c'est pour espérer un avenir florissant et de la réussite. Je fête le printemps pour sa beauté et toutes les belles choses qu'il nous apporte», confie Rayane, âgé à peine de 5 ans. Toute heureuse, Alicia âgée de 10 ans, les cheveux lâchés, un bouquet de fleurs à la main, porte une belle robe kabyle aux couleurs éclatantes et une couronne de fleurs sur la tête. «J'ai cueilli ce bouquet pour le prendre à la maison et j'ai monté cette couronne en branches d'olivier et d'autres plantes pour que je réussisse dans ma vie», confie-t-elle. Pendant ce temps, des jeunes femmes rejoignent leurs aînées pour organiser un véritable Ourar" ou qaâda. Le bendir et les chants de fête traversés par des youyous rendent la fête beaucoup plus agréable. Rappel de la symbolique de la fête Fatiguée, Nna Ouiza, septuagénaire, s'isole pour chercher un peu d'ombre et reposer sa tête et sa gorge héritée par Tibougharin qu'elle récitait depuis la matinée. «Autrefois, pour marquer le début du printemps, les femmes enduisaient les maisons fabriquées en pierres et en terre avec une nouvelle couche d'argile et recouvraient le Canoun (brasier) avec de la terre mélangée au sable. Les foyers sont ainsi nettoyés et embellis en prévision de cette saison à laquelle une grande importance est accordée», relate-t-elle. Dans la journée, les femmes sortent dans les champs, cueillent des fleurs qu'elles vont mettre à l'intérieur de la maison pour marquer le début de la saison et augurer, la paix, la stabilité et le bonheur, ajoute Nna Ouiza, précisant que le repas essentiel de cette journée d'accueil du printemps est Tahrirt, un plat préparé à base de semoule de blé et d'huile d'olive pour présager bonne santé et longue vie. L'arrivée du printemps, ce n'est pas uniquement pour souhaiter la prospérité du foyer et des membres de la famille, mais aussi celle du cheptel qui est la principale source de revenu des villageois. «Pour que celui-ci soit préservé des maladies, une branche du genêt est coupée puis attachée au niveau de l'étable des animaux», explique-t-elle. «Je suis très heureuse de voir des enfants et des jeunes gens fêter aujourd'hui Amagger tefsut qui s'est estompé pendant plusieurs années. C'est ainsi que nous pourrons préserver nos valeurs, nos traditions et notre culture de la disparition, car tamazight n'est pas seulement la langue que nous parlons mais toutes ces pratiques qui l'accompagnent», a-t-elle soutenu. Une autre vieille dame, Nna Aldjia, qui a tenu à assister à ce rituel malgré son handicap, signale, qu'en plus de Tahrirt, les femmes préparent en cette occasion du msemen, sfendj, aghroum akouran (des types de pain traditionnel), tighrifin (crêpes), ouftiyen (un plat de légumes secs) et du couscous avec des légumes secs et frais. Des plats qui ont été du reste présentés lors de la fête du printemps célébrée dans une ambiance conviviale et qui a pris fin vers 13h avec une dégustation de tous les plats traditionnels préparés dans des foyers en prévision de ce moment de partage, de retour aux sources mais aussi de sensibilisation sur l'importance de la préservation du milieu naturel et de l'environnement. S'inscrivant dans l'optique de la préservation du patrimoine immatériel local, la directrice de la culture, Nabila Goumeziane, qui a salué l'initiative de la célébration d'amagger n tefsut, a indiqué que la célébration de cette fête se fera prochainement d'une manière «plus élargie» et que ses services travaillent actuellement sur la préparation de l'évènement.

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