Béjaia se vante de détenir la meilleure sardine à l'échelle nationale, mais sur les quais ou ce qu'il convient d'appeler le marché de la sardine à El Khemis, qui n'est ni tout à fait un marché, ni tout à fait une pêcherie, on ne voit rarement cette belle espèce aux reflets argentés et particularités rares. C'est davantage celle de Ziama Mansouriah, Jijel ou Azzefoun qui noit les étals, à des prix qui ne s'adaptant pas du reste aux lieux. Ne dit-on pas qu'à défaut de grive on mange des merles, on nous refile bien souvent de la lachdère à défaut d'anchois. Les motifs du dérèglement du marché de poisson local, on l'attribue tantôt à une réduction de la flottille marine, au recul du métier avec le départ des pêcheurs, à la pollution du littoral, parfois à la fraîcheur des eaux marines... En tous les cas, le poisson des pauvres a changé de camps pour y devenir un luxe et un privilège. Avec une côte qui frise les 110 km, un demi-millier de bateaux, chalutiers et autres petits métiers, c'est l'équivalent de trois milles tonnes toutes espèces confondues qui est remontées chaque année en surface. Des chiffres stagnants qui n'évoluent plus depuis 2010, malgré l'entrée en lice du port de Tala Ilef qui lui aussi compte plus d'une centaine de bateaux. Un métier qui certes n'évolue pas en raison de la suppression d'abord de l'école de mousse, du non renouvellement des équipements vieillissants, de la cherté des accessoires de pêche, de l'absence d'unité de transformation des produits de la mer... l'absence d'une pêcherie, est l'autre indicateur flagrant de l'hibernation de cette tâche qui est le savoir faire local par excellence, mais que d'aucuns fuient en raison des difficultés qu'elle recèle. La visite récente du ministre de l'Agriculture et de la Pêche, Abdelkader Bouazgui, aura eu l'effet d'un véritable coup de pied dans la fourmilière à un métier qui ne demande qu'a être reconsidéré en une région disions nous qui pourrait être un parfait pôle de la pêche, mais aussi de la production aquacole et piscicole. «Cela doit changer», remarquera le ministre qui révèle que d'autres régions moins nanties en produisent plus. Avec l'entrée en lice du port de Tala Ilef dont le confortement de sa jetée principale, la mise en service de ses équipements, c'est théoriquement un peu plus de dix mille tonnes qui seront un acquis supplémentaire à la pêche locale qui devraient s'appuyer également sur l'élevage tels que suggéré par M. Bouazgui pour redynamiser tout ce secteur sous exploité.