Un mauvais score ou un mauvais classement fait dévoiler les insuffisances des uns et des autres et devient une réelle préoccupation du public. Il fragilise les frontières entre supporters et dirigeants, lesquels cherchent la meilleure option pour justifier leurs échecs. Certains présidents vont alors s'affirmer comme des acteurs décisifs par un engagement très actif dans plusieurs causes. Or, il ne suffit pas de vendre un objet, il faut lui donner du sens, surtout quelque chose qui permette aux fans de se reconnaître, de s'identifier chez le Mouloudia, ce sont les discours à répétitions qui dénoncent les insuffisances. Le discours est connu mais jamais les causes du climat qui règne dans la maison du club. Le dernier (5-0) est considéré par tous les sportifs comme une bombe à retardement qui a emporté avec elle, les raisons d'un football malade. On oublie que les échecs servent aussi de leçons et font réfléchir les gestionnaires sur leur avenir. Faut- il rester ou partir ? Dure question qui n'est souvent pas posée tout haut mais elle est souvent posée tout bas, en sourdine. La conscience réveille les honnêtes gestionnaires, lorsqu'ils sont faits pour gérer un sport comme celui du football. Qui gère quoi ? Qui éduque qui ? Qui forme qui ? Et dans cette brochette d'interrogations, le terrain est transformé en un espace où tout s'expose. Le comportement de l'entraîneur, copié par les joueurs, devient une tradition. L'arbitre qui siffle une faute, sifflait pour les joueurs la condamnation de l'équipe. Le spectacle s'efface et laisse place à une foudre de contestations, sous les yeux jamais innocents de quelques entraîneurs et présidents. L'essentiel est d'avoir gain de cause. On relève à ces moments de tribulations qu'aucune adhésion des supporters à la philosophie du jeu offensif, prônée par l'entraîneur, ne se fait remarquer, alors que les professionnels rappellent que sans ses fans, le club n'a pas lieu d'être et avec les mauvais joueurs, le spectacle s'évapore. Il y a ceux qui s'enorgueillissent de la puissance économique de leur fidélité et de leur amour pour leur club. «Le moteur de l'équipe, c'est les supporters», nous disait un ex-international de football, en l'occurrence Hamid Zouba qui ajoutait «ce sont des universitaires, journalistes réputés, étudiants, avocats, hommes d'affaires locaux et des employés de bureau qui réussirent à faire avancer le club dans le couloir des victoires». Mais hélas, fera remarquer Mustapha Kouici, il y a les réactions de quelques joueurs qui salissent malheureusement l'image du club, sans que le président, ni l'entraîneur n'interviennent pour rappeler à l'ordre son joueur. Hamid Zouba, l'international, et homme qui symbiose toute une génération, nous disait également «pour combattre la violence et assurer une qualité de jeu à notre football sur nos terrains, il faudrait que le monde se réveille et s'organise en professionnel, en homme qui porte dans le cœur le club qu'il gère, et si la formation n'est pas prise au sérieux, la violence occupera toujours une place dans les gradins. Il disait, aussi, la solution passe par la formation, l'éducation et l'instruction des joueurs, leur apprendre ce qu'est le règlement, les clauses d'un contrat, leur apprendre que le football est une discipline imposée par ce sport, et cette discipline veut que le joueur ne s'attaque pas à l'arbitre, n'injurie pas l'arbitre, ne se donne pas en spectacle lorsqu'une faute est sifflée, un bon joueur c'est celui qui ne conteste pas la faute». Les mots d'un maître qui mériteraient d'être lus et appliqués. Le dernier cas d'exemple nous vient du match MCA-JSK. Nous avons vu des joueurs du Mouloudia, au lieu de se concentrer sur la rencontre, promettaient à leurs supporters une victoire historique. «Vous aurez votre vengeance, ils sont chez nous, une occasion pour leur montrer c'est qui le Mouloudia... Constantine est encore dans nos têtes, nous allons réaliser le beau score à même de marquer notre revanche», des déclarations qui rappellent celles des gamins lors des matches de quartiers. Ces déclarations qui émanent de joueurs, illustrent parfaitement, le niveau culturel de ces joueurs. Ces mises en scène sont aussi chez d'autres équipes, l'entraîneur, lui est absent, mais présent pour les médias. Dire quoi ? Que mes joueurs ont tout donné, mais la chance n'était pas de notre côté», ou encore «nous avons perdu les trois points mais nous promettons à nos fans que nous les récupérerons lors du prochain match...» On est loin de la conversion du supporter en véritable consommateur fidèle qui s'insère dans cette logique sportive et économique. Les dirigeants, rares sont ceux qui savent que c'est du maintien des succès sportifs et de la valorisation des supporters que dépend l'avenir des politiques de fidélisation. Deux nouvelles générations se révèlent intéressantes à suivre. Il s'agit de ceux que nous pouvons identifier comme les principaux consommateurs, les plus fidèles clients du produit de l'équipe qui s'organise en professionnel... et d'un autre côté, ceux qui se singularisent par leur investissement en tant que groupe de pression, comme des acteurs incontournables. Une présence régulière dans les tribunes des stades est une preuve publique de la passion, être supporter de football est affaire de mobilité et de mobilisations dans l'espace. Le fait est d'autant plus remarquable aujourd'hui que les stades ne sont plus uniquement peuplés par les spectateurs locaux. Parfois situés à des centaines de kilomètres de leur club favori, des fans organisent de longs déplacements pour assister à un beau spectacle d'abord avant le score. Le score est le fruit d'un beau spectacle que certains gestionnaires ne comprennent pas encore. Les enceintes sportives ont longtemps été une «carte de la ville en réduction». La violence n'existait pas, brisée par l'entente, la sportivité, le spectacle et la cohésion. La gestion d'un club n'est pas un jeu.