Si elle ne casse pas, peut-on affirmer que la céramique est un art éphémère alors qu'elle incarne à travers le feu, l'eau, l'air et la terre de la pérennité des choses ? Dans son vernissage réalisé le 22 septembre dernier, Nathalie Andris, plasticienne, designer, sculptrice s'est, encore une fois, laissée aller à nous mener sur des contrepieds charmants. La force du fer face à l'aérienne subtilité des matières et des sujets. Sur un intitulé révélateur : «L'éphémère». Plusieurs pièces, sculptées, montées en épingle, tournées, modelées ou composées, la couleur au rendez-vous, l'aspect fini, posé et cristallin, d'autres pièces laissées écrues, vierges de toute intervention, la matière, blanche laisse sa texture nous chuchoter des secrets de beauté artistique, la poésie est au rendez-vous, les mots de Natahalie sur ses évocations de saisons ou ses aphorismes, esthétiques à souhait, sonnent comme des poèmes ou plutôt des slams affirmatifs, sûrs de ce qu'ils disent. Une chose est sûre, Nathalie Andris est une artiste, deuxième chose, il est certain qu'elle est sculptrice, designer et céramiste. La troisième chose, et non des moindres, c'est que dans la provocation, pour les puristes elle est championne…en effet, la plasticienne prolifique met en phase ses inspirations étranges pour brouiller nos pistes confortables qui précisent que la céramique n'est qu'un truc mou que l'on forme et que l'on cuit pour en faire un truc dur que l'on met pour décorer la table du salon… La démarche esthétique de Nathalie Andris est plutôt ancrée dans le contraire des concepts estampillant nos assurances. L'artiste ne propose que très rarement des représentations faciles, elle aime à détourner l'ordre des choses, imaginons la légèreté aérienne du bois flotté qui devient un élément artistique à part entière, anobli par une place privilégiée dans une composition de…céramique qui «bourgeonne» comme dans une alchimie insolite. Dans cet élan en hommage à l'aspect éphémère des choses, Nathalie expose jusqu'au 13 octobre 2018 une grande série de pièce qui possède chacune un pan de la grande histoire en monstration dans une monstration conséquente. Des tableaux, des pièces montées à la main, une composition de mille et une petite pièces aux notes écrues et aux sonorités cristallines, dans une installation formidable. Constitué en un cube «reformé» en un tout unifié. Les tissus vitrifiés, les tableaux ultimes entre bois, fer et céramique, ce mur faussement végéta «Cascade végétale» à la fausse légèreté incarné dans des drapés de formes froissées comme des tissus complices qu'elle immortalise dans le feu ultime, fixant la forme pour l'éternité. Le bois flotté, la céramique dans des compositions «La tête dans les nuages» qui évoquent la poétique des choses sur un espace composé assez réduit. Nos nuits, vos ombres, mêle le fer et l'argile dans une dialectique noire, blanche, avec force de silhouettes arrivant, semble-t-il de loin. Les silhouettes féminines, empruntées dans leur élaboration à la technique du Raku et son émaillage spécifique. L'actualité est loin d'être oubliée dans les allants artistiques de cette plasticienne attachante qui va nous installer une sorte de foret de figurines verdâtre déclinées par tournage et déformations successives intitulées «Harragas» tout simplement ancrée dans une actualité prégnante assez troublante vue par le prisme artistique. La plasticienne facétieuse nous laisse pantois tant elle joue avec les matières, les prend à contre courant contre toute logique formelle, le tout pour notre plus grand plaisir. La voir ainsi domestiquer les matières, draper l'argile dans des circonvolutions impossibles, manier le fer et lui forcer des formes que seul le feu permet, «Vague enroulée», «Onde», et «Ecume» comme usité par l'artiste évoquent des éléments très légers toujours dans la forme céramique, la sensibilité d'Andris fait le reste pour transfigurer l'art en une alchimie intense qui reste fidèle à ce principe de désincarner l'acier des entraves de l'esprit par un très beau détournement des matières dont l'effet reste saisissant, sans oublier combien la contrainte d'illustrer des maillons de fer avec de la céramique est difficile, l'exercice est difficile, mais il est réussi comme dans cette représentation des quatre saisons avec cette déesse mère Gaïa qui restitue la vérité des choses, symbolisées dans cette série de bustes maquillés en mère nature. Entre ses «Artefacts», ses «points de fuites» et ses «expirations», Nathalie Andris nous emmène vers des zones plus habituelles de la céramique dans sa plus belle expression, elle nous montre le chemin de l'ailleurs, et nous nous rallions avec plaisir à son tropique suggéré par ses points de fuites pour intégrer les pénates de nos pensées encore marquées par son travail, elle s'en va, simplement nous lui disons, au-revoir et merci pour tout ! Nathalie Andris, sculptures et céramiques, «L'Ephémère» jusqu'au 13 octobre 2018, à l'ESPACO / Résidence CMB, 196 Oued Terfa, El Achour, Alger – Algérie, entrée libre, Nathalie Andris sculpteur - designer – céramiste Formation artistique Depuis de nombreuses années, Nathalie Andris a accumulé, en parallèle à sa carrière professionnelle, des formations artistiques qui répondaient à son besoin d'expression. Elle a approché et maîtrisé successivement les techniques et connaissances essentielles pour perfectionner son art ; entre-autres : cours de bandes dessinées, cours de couleurs et psychologie de la couleur, cours de peinture, cours de poterie, cours de céramique, cours privé de tournassage, cours privés de tournage avec outils, cours de sculpture, cours de design, technique de forge et du bronze… C'est donc après ce cursus qu'elle fut diplômée par l'académie des Beaux-Arts de CHATELET en Belgique Expérience professionnelle Durant plus de vingt ans, Nathalie ANDRIS s'est appuyée sur sa créativité et son sens nouveau de l'esthétisme pour imposer sa collaboration en termes de design et construction auprès de grandes sociétés. Son sens de l'innovation a été ainsi retenu pour des réalisations de qualité sur les sites les plus prestigieux de Belgique, en France, en Suisse, au Portugal. Nathalie ANDRIS a ensuite donné entier et libre cours à sa nature profonde de sculpteur céramiste dans des réalisations avant-gardistes dans lesquelles elle insuffle son profond ressenti ou pour épauler des artistes en devenir au travers d'un enseignement privé. A Alger, Nathalie ANDRIS a déjà été au centre d'innovantes expositions en galeries privées et dans des hôtels de prestige (Hilton, Saint Georges, Sofitel). Le monde vu à travers les yeux de l'artiste Nathalie ANDRIS s'inspire de son environnement et nous fait découvrir une réalité différente au travers de sa vision personnelle de femme. Ses Œuvres se révèlent dans les formes et couleurs et expriment une vie interne à chacun des thèmes qu'elle désire nous faire connaître. Sa sensibilité aux détails qui nous environnent est traduite toute en nuance et élégance mais, à y regarder de plus près, surtout avec force et profondeur. Nathalie ANDRIS marie avec succès, pour nous parler, les matières, les textures, les couleurs.