Des opérateurs économiques étrangers se sont livrés à La Nouvelle République. Ils attirent l'attention sur ce qui les retiennent pour venir investir en Algérie. Selon eux, des difficultés administratives et certaines formes de bureaucratie. La règle 51/49 semble toujours le premier obstacle. Rencontrés en marge du forum d'affaires «Ambition Africa 2018» qui s'est tenu à Paris les 22 et 23 octobre au ministère des Finances, des investisseurs africains et français sont venus à la quête de nouveaux partenariats et d'échanges d'expériences. Nous les avons interrogés sur leur vision par rapport à l'Algérie comme étant une destination économique. Le mot «bureaucratie» revient toujours, le premier barrage qui les bloque c'est bien cela. Un homme d'affaires tunisien actif dans le secteur des startups, conscient que la situation est la même que son pays, en Algérie, a témoigné qu'il tente depuis trois ans de conquérir le marché algérien. Voulant rester anonyme, Mohamed a expliqué qu'«il y a trois ans de cela, j'ai tenté de trouver des partenaires en Algérie ; j'ai été mis en contact avec un chef d'entreprise algérienne privée», ce dernier a exigé au Tunisien «ne commission à son fils pour qu'il accepte le marché». Le fils de cet homme d'affaires est un haut gradé, selon les témoignages de l'homme d'affaires. «J'ai refusé cette proposition, maintenant j'essaye de contacter des ministères concernés par le projet que je propose», a-t-il dit, regrettant le fait que «la communication avec les administrations algériennes est très difficile, surtout par mail». L'homme d'affaires qui programme un voyage à Alger pour essayer de se rapprocher aux secteurs concernés, a confirmé qu'il a des connaissances dans son entourage «qui ont déjà corrompu des entreprises étatiques en Algérie pour accéder à des marchés». Des témoignages qui en disent long sur la situation du marché algérien vu d'un œil étranger. Un homme d'affaires, Président-directeur général d'un groupe africain basé dans plusieurs pays au Vieux continent et en France a dit qu'il cherche des partenaires algériens pour investir. «Nous cherchons des hommes de confiance», a-t-il dit se référant au problème de corruption, qui «existe partout en Afrique», a-t-il ajouté. Mais apparemment la difficulté qui se présente pour ce responsable c'est bien «la règle 51/49, un marché pareil ne m'intéresse pas malgré le fait que l'Algérie comme pays très riche et diversifié est le rêve de n'importe quel investisseur dans le monde». Pour un chef d'entreprise français, actif dans les transports marins, «nos échanges commerciaux avec l'Algérie ont beaucoup diminué depuis l'interdiction des importations». Le même responsable a trouvé que «ces mesures économiques entreprises pour l'Algérie depuis la crise qui l'a frappée, sont très bénéfiques pour son économie mais pas pour nous». Entre bureaucratie, blocage d'importation et difficultés de communication, ce sont différentes questions les unes que les autres. Parmi celles mises en place par le gouvernement qui est l'interdiction des importations, pour encourager la production locale, il y a le problème de la règle 51/49 qui se pose. Cependant, la bureaucratie et le manque de communication, sont deux choses qui doivent impérativement être éradiquées pour pouvoir enfin dire que l'Algérie pourra diversifier son économie. Ceci dit, malgré la numérisation des administrations, il y a toujours ce phénomène, qui devrait être combattu, selon un expert, par des réformes bien plus solides que la numérisation. «Il faudra un nettoyage bien plus profond pour pouvoir lutter contre ce phénomène». Ces investisseurs rencontrés lors du forum d'affaires «Ambition Africa 2018» étaient présents dans un rendez-vous phare de la coopération franco-africaine. Organisé par Business France et placé sous l'égide du ministère de l'Economie et des Finances et du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, «Ambition Africa 2018» offre une opportunité exceptionnelle aux entreprises africaines et françaises de partager leurs expertises, de rencontrer leurs partenaires potentiels afin de nouer des courants d'affaires autour de conférences, d'ateliers thématiques et de rendez-vous B2B. Inscrit dans le prolongement du discours du Chef de l'Etat français, Emmanuel Macron à Ouagadougou, cet événement dont l'objectif est de renforcer les liens économiques et commerciaux entre l'Afrique et la France rassemble décideurs publics et délégations d'entreprises issus de tout le continent africain. De notre envoyée spéciale à Paris Zahra Kefane