Le documentaire «Free Men» histoire atypique d'un détenu américain racontée par la journaliste d'investigation suisse, Anne-Frédérique Widmann, a été projeté mercredi en compétition du 9e Festival international du cinéma d'Alger (Fica), dédié au film engagé. Au cinquième jour du festival qui met en lice neuf documentaires, Free Men enquête sur l'histoire peu commune d'un jeune détenu, Kenneth Reams, condamné à tort pour un crime. A 18 ans, Kenneth emprisonné injustement dans la prison d'Arkansas aux Etats-Unis, n'a pas perdu espoir de s'extraire un jour de cet enclos infernal qu'il décrit comme un zoo. En une heure et demie, Anne-Frédérique, relate en détail les faits de cette histoire poignante qui a défrayé la chronique judiciaire américaine à travers les témoignages de son avocat et codétenues, sortis de prison. Appuyé également de témoignages recueillis auprès de sa famille dont sa mère, la réalisatrice a mis en avant la résilience de ce détenu artiste qui a réussi à surmonter les murs de l'Arkansas, en créant une réalité autre que celle imposée par l'isolement et la solitude. Présenté en compétition au 16e Festival international du film sur les droits humains (Genève, 2018), Free Men a rencontré un succès international. Le court-métrage Bidun hawiya de Nayat Ahmed-Abdeslam, un reportage documentaire sur le calvaire des ressortissants sahraouis en Espagne pour jouir d'une nationalité, a également été projeté mercredi en présence de la réalisatrice. Coproduction Sahara Occidental-Espagne, «Bidun hawiya» pose dans 20 minutes le problème de la perte d'identité du peuple de l'ancienne colonie de l'Espagne et actuellement occupée par le Maroc, éprouvant toutes les difficultés à jouir d'une nationalité. Ces Sahraouis, anciens citoyens de la colonie espagnole, n'ont le choix que de prétendre à un statut d'apatride (personne dépourvue de nationalité légale) ou une nationalité espagnole. La réalisatrice, sahraouie de nationalité espagnole, fait parler des ressortissants sahraouis, établis en Espagne en tant que apatrides, statut qui ne leur garantit pas leurs droits civiques dans ce pays et, d'autre part, l'accès au référendum sur l'autodétermination toujours attendu. Virulente envers le gouvernement espagnol qui ne reconnait ni le Sahara Occidental, province espagnole entre 1958 et 1976, ni son peuple, Nayat recueille les témoignages de réfugiés et d'enfants établis dans différentes régions d'Espagne. Usant de métaphores, la réalisatrice a symbolisé la perte d'identité par des papiers jetés dans l'eau ou encore ce drapeau espagnol déchiré pour suggérer l'attachement des Sahraouis à leur pays et identité. Lors des débats à l'issue de la projection, Nayat Abdeslam a défendu son choix de se focaliser sur les apatrides d'Espagne comme ancien colonisateur, et non pas la France ou la Belgique, ou se trouvent également des ressortissants sahraouis sans nationalité, selon un spectateur qui l'a interrogée sur ce sujet. Pour sa part, l'ambassadeur de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en Algérie, Abdelkader Taleb Aomar, a affirmé que le statut d'apatride était un "moyen provisoire" pour surmonter la circonstance et défendre l'identité sahraouie. Il rappelle, à juste titre, que la projection de "Bidun hawiya" coïncide avec la tenue à Genève les 5 et 6 décembre, d'une "table ronde initiale" pour tenter de relancer les négociations sur le Sahara Occidental. Cinq courts métrages sont programmés dans «Fenêtre sur courts», catégorie non compétitive dédiée aux courts métrages. Le 9e Fica se poursuit jusqu'au 9 décembre à la Salle Ibn Zeydoun avec la projection en compétition de 17 longs métrages documentaires et fictions à raison de trois projections par jour.