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Le printemps algérien ne sera pas arabe
Publié dans La Nouvelle République le 20 - 04 - 2019

Tous les « printemps arabes » ont dans un premier temps connu un succès foudroyant, terrassant des régimes corrompus et autoritaires dans des actions de protestation de grande ampleur ayant pour point commun la soudaineté tout autant que l'articulation de leurs actions subversives. Pour tout observateur averti, si les poissons ne laissent pas de trace dans l'eau, les printemps arabes en 2011 ont été signés de la plus belle griffe du renseignement technologique américain. De ce point de vue l'Algérie de 2019 ne fait pas exception à la règle. Mais est-ce à dire que la NSA (National Security Agency) vient de présenter, le dernier pays du Front du refus Arabe, sur l'autel des fils d'Israël dont l'importance de la signification symbolique avait saisi de grande émotion le représentant de la Palestine dans notre pays ? Loin s'en faut car si le monde numérique US peut à lui seul coordonner avec une amplitude inédite une protestation à visée déstabilisatrice, il s'est d'ores et déjà brisé les os sur la complexité d'un bloc au pouvoir, expression cristallisée du mouvement national dans sa construction d'un Etat-Nation d'une grande solidité.
Un jour nous connaitrons les noms des bloggeurs algériens qui à l'image d'un Slim Amamou en Tunisie ou d'un Wael Abbas en Egypte, ont été formés par le National Endowment for Democracy (NED), fondation américaine et bras opérationnel de la NSA pour tout ce qui nourrit la déstabilisation idéologique et numérique au service des intérêts de l'Imperium. Les formes de la protestation pacifique, l'humour, le nettoyage des rues, la grève générale, les chants, les simulacres d'enterrement symboliques des régimes honnis, la similitude frappante des slogans et effigies aux poings levés ne laissent guère de doute sur l'origine du déclenchement de cette immense protestation salvatrice. Pour une étude plus complète sur les printemps arabes et leurs modes opératoires, nous recommandons de se reporter à l'ouvrage très documenté, de notre compatriote, Ahmed Bensaada, par ailleurs Docteur en Physiques (Arabesque Américaine : Le rôle des États-Unis dans les révoltes de la rue arabe, éditions Michel Brûlé, Montréal, 2011 ). Des actions subversives de cette ampleur ne sont possibles qu'en raison d'une part de l'extrême minutie qui a été portée à l'analyse démographique, sociologique et anthropologique des populations vivant sous le joug de régimes corrompus, autoritaires, grabataires et d'autre part du mode opératoire faisant du cyberespace le champ privilégié de la déstabilisation. Si en Tunisie, Egypte, Libye et Syrie, ces opérations ont été du point de vue américain de grandes réussites, cela est essentiellement dû au comportement répressif des forces de l'ordre doublé des fortes capacités des partis politiques (notamment les frères musulmans) à exacerber les plus vives tensions pour orienter dans leur direction idéologique le mouvement social et au final prendre le pouvoir. C'est de la multiplication des conflits sociaux, d'appels irresponsables à la grève générale, de suggestions insistantes de la paralysie du secteur des hydrocarbures, de répression policière du Hirak, d'incitations à la désobéissance civile que s'établit, petit à petit, le glissement de mouvements à leur origine conçus et voulus pacifiques par les théoriciens américains afin d'en démultiplier les effets de légitimité, vers des situation de pourrissement insurrectionnels que les forces locales inféodées à ces mêmes sphères d'influence américaines instrumentalisent à leur bénéfice exclusif. Comme dans tous les pays qui ont connu des printemps arabes, après une première phase de « protesta » dans le calme, il est créé des conditions propices à des changements politiques qui s'apparentent à de véritables coups de force, toujours masqués, aboutissant imparablement à une contre-révolution en bonne et due forme, faisant l'économie de compromis historiques négociés, c'est-à-dire authentiquement démocratiques, entre les principaux acteurs sociaux du Pays pour fonder de nouvelles perspectives. Les exemples ne manquent malheureusement pas : la Pologne, l'Ukraine, l'Egypte ou bien même la Tunisie ont tous définitivement basculé dans le camp des alliés de Washington.
Un renseignement militaire algérien organique et fusionnel La caractérisation de la situation dans laquelle se trouve le « Hirak » prend naissance dans deux faits concomitants. Le premier est que le « Hirak » n'est pas en mesure pour des considérations évidentes de maturation des forces sociales qui y sont engagées, de produire ses propres représentants. Le second facteur réside dans la réalité de forces politiques d'opposition incapables de se comporter en porte-parole sincères du mouvement de protestation faute d'un enracinement social. Autrement dit, le mouvement populaire est orphelin d'une coordination politique mais est paradoxalement héritier de deux principales forces politiques atypiques dans leur configuration (elles se situent à la fois dans le Bloc au pouvoir et dans la société civile) et dans leur apparence (elles renvoient aux formes militaires de l'Etat-Nation et a la prédisposition guerrière de la société). Ces deux tendances structurent le champ de l'imaginaire politique et renvoient à l'histoire du mouvement national. D'un côté, un courant berbériste plus culturel que politique, à tendance fédéraliste, assis sur une tradition de vie associative et militante en Kabylie, se voulant l'héritier de la Wilaya III et IV, de la pensée politique de Abane Ramdane, mettant à son avantage la proximité fusionnelle de cette région d'avec la capitale en investissant media et administrations centrales mais désuni pour des considérations liées à l'instrumentalisation de la question kabyle par certaines forces au sein du Bloc au pouvoir.
Ces forces au sein de la superstructure expriment « un berbérisme étatique » sous la forme d'un « algérianisme » nationaliste radical, plus politique que culturel cette fois, francophone bien plus qu'arabophone, en continuité historique d'El Djazair El Mahroussa et en convergence idéologique avec le RCD, le FFS, une petite fraction du PAGS, devenue une sorte d'aile gauche du RCD. Cette tendance au sein de l'appareil d'Etat a investi; pour des raisons micro-historiques renvoyant à la création du MALG, aux équilibres régionaux internes du régime de feu Houari Boumediene et à la mise sur pieds de la Cellule de Coordination anti-terroriste à orientation laïque francophone et anti-islamiste durant la « décennie noire » ; les renseignements aussi biens militaires que policiers. Ces forces sécuritaires au sens large, ayant eu la haute main sur de redoutables commandos spécialisés en raison des nécessités induites par la lutte contre l'islamisme radical, ne se réduisent pas simplement à un service technique de l'Etat. En réalité il s'agit d'une interface chargée d'une mission de police politique et économique en direction de tous les partis politiques et grandes entreprises y compris les islamistes modérés et leurs liens avec la sphère marchande ainsi que les grands industriels (Rabrab, Tahkout, Haddad etc.) dont elle assure la prospérité des affaires par un accès privilégié à l'emprunt bancaire et aux devises dans des proportions considérables. On comprend du même coup les retards pris par la Finance islamique en Algérie des lors qu'il s'agit d'orienter, des liquidités bancaires disponibles de manière limitée, vers des secteurs en connivence idéologique avec ceux qui au final sont les « décideurs » de dernier ressort. Cette direction du Renseignement politique et économique est bien entendu une partie intégrale du régime mais en s'appuyant sur les forces politiques et sociales berbéristes de la société civile dont elle se sent le plus proche culturellement, au besoin en usant de la répression en Kabylie de manière cynique aux fins de faire valoir sa capacité de nuisance au sein de Bloc au Pouvoir, critère à partir duquel elle se trouve en position de mieux négocier ce qui lui revient de « droit » dans le partage directe de la rente des hydrocarbures. En deux mots, la puissance et l'efficience du renseignement algérien tiennent dans ce qu'elles sont fortement arrimées autour d'une des forces vives de la Nation; ce qui explique sa capacité véritablement organique à structurer l'ordre socio-politique de la Nation. Ainsi, on perçoit mieux, le désarroi d'une opposition qui se trouve concurrencée sur le terrain politique par ce qui s'apparente à une sorte de commissariat idéologique des consciences avec un démultiplicateur de force que lui confère son statut de puissance publique.
On mesure également à sa juste valeur le mur en face duquel se trouvent les services de renseignements américains et leurs relais français pour organiser un « chaos constructeur » non pas sur des failles confessionnelles (cas de la Syrie), des contradictions fortes de classe (cas de l'Egypte), des zizanies tribales (cas de la Libye et du Yémen) ou sur des problématiques de mal développement (cas de la Tunisie) mais sur la spéculation de la désintégration d'un mouvement national d'une grande complexité, vivant, en dialogue permanent avec son histoire contemporaine et ancienne, tendu vers le parachèvement d'un Etat moderne qu'il a d'abord voulu à forte teneur politique comme l'indique le nom quasi programmatique qu'il s'est choisi : République Algérienne Démocratique et Populaire, chacun des termes renvoyant à la référence absolue ; celle de la déclaration du Premier Novembre 1954, texte fondateur d'une Nation née d'un serment écrit et du fracas des armes !
Une armée populaire puissante ayant une forte base sociale
De l'autre côté, un austère courant islamo-nationaliste, à tendance jacobine, plongeant ses racines dans la lutte armée des Wilaya I et II pour qui l'Islam est le ciment de la Nation et le creuset de l'unité nationale et dont le rapport au colonialisme puis à l'immigration française est bien moins pesant que pour la Kabylie. Marquée par la figure intellectuelle d'Ibn Badis, l'idéologie islamo-nationaliste algérienne est très sensible à la question palestinienne et à celle de la libération de Jérusalem et inscrit son action de manière inclusive dans les problématiques du Machrek arabe dont elle pressent que son avenir lui est intimement lié. Terres de pensées et de sciences dans ses dimensions constantinoises et sétifoises, vouant un véritable culte au mouvement de la renaissance islamique, le pays Chaoui est plébéien, berbérophone sacralisant la langue arabe, langue du Coran, langue de l'unité nationale et de la Nation Arabe qu'il confond volontiers avec l'Islam. Au sortir de la guerre de libération nationale, l'essentiel des troupes et la totalité des officiers se perçoivent comme des combattants, c'est-à-dire des moudjahidin et non pas comme des soldats ou des militaires. Ils sont l'expression d'une lutte armée populaire, de militants en armes et plus encore de croyants répondant au Djihad, de fidèles sur le pied de guerre et dont la seule différence d'avec les civils, c'est-à-dire leurs coreligionnaires, se réduit au port de l'uniforme. C'est pour cette raison qu'ils rejettent la pertinence du postulat de la subordination du militaire sur le politique énoncé par Abane Ramdane dont ils suspectent une manœuvre politicienne pour tout simplement écarter, de la manière la plus anti-démocratique qui soit, l'armée des frontières de la participation à la prise de décision politique au sein du mouvement révolutionnaire. C'est ce débat qui court toujours sous une autre forme, lorsque Said Saadi souhaite évincer l'Etat-Major (sic !) de la transformation sociale et politique en cours au prétexte « d'une non compétence de cette armée dans la gestion de la transition ». On peut se demander de quelle compétence se prévaut Said Saadi dans ce domaine précis de la gestion de la transition politique alors que l'ANP peut se créditer à juste titre d'une double transition, toutes deux réussies : celle d'un mouvement révolutionnaire vers un Etat et celle de la transformation d'une guérilla (ALN) en armée moderne (L'ANP). Aux cotes du Hirak et de ses exigences démocratiques légitimes cette double expérience historique de l'ANP sera un immense atout pour optimiser les chances de réussite d'un tel saut qualitatif porteur de grands espoirs pour la Nation. Cela sera facilité par la base sociale de l'ANP, c'est-à-dire 500.000 personnels actifs, 400.000 réservistes et leurs familles ; des millions de conscrits si on veut bien compter juste les dernières trente années du service national, des chiffres qui indiquent les prédispositions d'une société qui a appris à devenir guerrière instruite par une confrontation coloniale de 132 ans ! Pour toutes ces raisons le printemps ne sera pas arabe car en fait il n'est pas et ne sera pas américain. Ainsi seront évités les pièges de ceux comptabilises sur l'ordre ancien mais actifs au niveau des sphères du renseignement, qui cherchent par la provocation, la manipulation et la mystification de l'opinion publique, par le travestissement des faits et des arguties idéologiques sans fin, à dévoyer un Hirak pacifique de sa mission historique : le parachèvement souverain de la construction d'un Etat-Nation qui ne deviendra réellement démocratique que par l'implication totale de sa jeunesse impétueuse et désormais salutairement intransigeante.
Brazi


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