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Sortie du 11e album de Rachid Taha
Publié dans La Nouvelle République le 22 - 09 - 2019

Un an après la mort de Rachid Taha paraît « Je suis Africain », l'album foisonnant qu'il avait terminé de son vivant. Le musicien et producteur Toma Feterman, qui a réalisé ce disque, revient sur leurs deux ans de travail commun, qui furent aussi les derniers du chanteur algérien.
Un an tout juste après sa disparition soudaine quelques jours avant ses 60 ans, Rachid Taha est de retour avec Je suis Africain, un onzième album à son image, joyeux, cosmopolite et fourmillant de bons mots. Ce disque, terminé en juin puis mixé et mastérisé en juillet 2018, était fin prêt lorsque le chanteur algérien, qui n'avait jamais obtenu la nationalité française, est mort d'une crise cardiaque dans son sommeil, le 12 septembre 2018. «Il ne s'agit pas d'un disque posthume», souligne Toma Feterman, réalisateur et accoucheur de ce dix titres. «Il sort de façon posthume mais c'est un vrai album réalisé entièrement du vivant de Rachid». Tout commence en octobre 2015. Toma Feterman invite Rachid Taha au micro sur Baba, un morceau de son groupe La Caravane Passe. Les deux hommes ont tout pour s'entendre. Multi-instrumentiste surdoué, Toma, qui a aussi fondé le groupe Soviet Suprême, est comme son aîné adepte du grand mixe : jazz manouche, rap, fanfare balkanique, rock et électro, il mélange tout sans complexes.
Douze chansons improvisées dès le premier soir
«Rachid est venu chez moi enregistrer la voix de la chanson», se souvient-il. «Une fois l'enregistrement terminé, c'était le soir, il m'a dit : laisse tout branché. Maintenant on va créer. Tu vas voir. Je lui ai mis un casque sur les oreilles, j'ai pris une guitare et il m'a dit : fais-moi une musique à la fois triste et joyeuse. Et on a commencé à improviser. Cette nuit-là, on a composé douze chansons». Certaines se retrouvent sur cet album comme Andy Waloo, Minouche et Happy End. Pendant des mois, les deux se voient régulièrement chez Toma sur le même mode, jusqu'à ce que Rachid Taha lui demande de réaliser son album.
L'aventure va s'étaler sur plus de deux ans. Rachid et Toma, qui se sont connus par l'entremise du patron de la Bellevilloise Philippe Jupin, ont presque vingt ans d'écart mais énormément en commun. «Tout nous rapprochait. On pouvait discuter de tout et on discutait beaucoup. De politique, de cinéma, de musique. On avait tous les deux une culture très variée et sans frontières. Pour nous, la musique c'est quelque chose de global. On se fout de savoir si c'est du reggae, du chaâbi ou du rock, la musique c'est la musique. Pour cet album, je voulais qu'il baisse les armes, je voulais que les gens voient Rachid comme il est vraiment, au naturel, sans les paillettes», poursuit Toma.
Angela Davis, Bob Marley et Jacques Derrida, «tous Africains»
De sa voix rauque, chaude et espiègle, Rachid Taha chante sur cet album en arabe et en français l'amour, le nomadisme et la nuit, mais il est aussi politique, l'air de rien, et tricote des jeux de mots savoureux. On fredonne déjà ceux de Minouche, co-écrits par Jean Fauque, le complice de Bashung : «Minouche ma minouche, pourquoi tu te fâches, ne prends pas la mouche, ma jolie peau de vache. Je suis ton apache le reste on s'en fiche, à quoi bon le clash, si personne ne triche…» On sourit à ceux de Like a Dervish, chanson partie d'une remarque de Brian Eno, au regret que Rachid ne chante pas en anglais : «This is my first song in english, wola wola, je sais que je triche. My english is not so rich».
Sur l'exercice de «name dropping» Andy Waloo, un rock survolté ponctué de notes de balafon, sont cités tour à tour Lou Reed, Brian Eno, Patti Smith ou Johnny Cash. Mais Taha, fou d'Elvis Presley, s'y moque surtout de l'élite du Pop Art et d'Andy Warhol, qu'il a toujours surnommé Andy Wahloo (c'est à dire Andy "rien").
Je suis Africain doit beaucoup à l'engagement total de Toma Feterman sur ce projet et à son sens de l'observation. «Durant nos séances de composition, Rachid me réclamait souvent : donne-moi un thème. Quand j'ai compris ça, je me suis mis à noter sur un carnet chaque fois qu'il me disait quelque chose d'intéressant. Et je lui ressortais. Un jour, dans un café, il m'a dit : moi je suis Africain, Africain du nord au sud, on est tous Africains, on descend tous de Lucy. Alors je lui ai ressorti en lui disant : si Rachid Taha chante Je suis Africain ça fait un tube». Il avait vu juste. L'hymne qui donne son nom à l'album, avec ses saluts à Bob Marley, Franz Fanon, Jacques Derrida et Angela Davis, «tous Africains», est irrésistible.
Rachid Taha s'était pris d'une passion tardive pour YouTube
Avant d'être patiemment structurés et arrangés, les premiers enregistrements ont été improvisés à la maison, «au salon», fructueux carrefour où se croisaient musiciens et amis. L'album garde cette fraîcheur, cette urgence radieuse, en plus de sa richesse cosmopolite, où la kora croise la trompette mexicaine et où la mandole (instrument à cordes entre l'oud et la mandoline) enlace guitares rock et notes agiles de balafon, le xylophone mandingue. «Rachid aimait ce foisonnement. Il me disait : J'aime que ce soit un peu le bordel.
Or comme ce que je fais est aussi foisonnant, je passais mon temps à élaguer». D'autant que l'auteur de Ya Rayah, initié sur le tard par Toma aux joies de YouTube et de la tablette numérique, y avait vu le moyen d'alimenter sa passion pour la sono mondiale. «Quand il a compris le fonctionnement, il a connecté en bluetooth sa tablette à une grosse enceinte et c'était devenu sa bibliothèque. Il passait des nuits entières à chercher du son. Il me montrait des clips et me faisait écouter de nouvelles choses sans arrêt. C'est comme ça qu'il a découvert sur YouTube la chanteuse Flèche Love. Il m'a dit, regarde cette chanteuse, je la veux sur mon disque». On retrouve sa superbe voix de tête sur le chaloupé Wahdi.
Une maladie et un combat dont il n'avait rien dit
Ce disque solaire a pourtant été assombri par les effets paralysants d'un syndrome d'Arnold Chiari diagnostiqué à l'âge de 27 ans, dont souffrait Rachid Taha. «Cela faisait très longtemps qu'il avait cette maladie neuro-dégénérative, qui lui faisait notamment perdre l'équilibre. Souvent les gens pensaient qu'il était complètement bourré alors que pas du tout», regrette Toma Feterman. «Il était en mauvaise santé. Mais il avait une telle force de vie et une telle joie de vivre qu'on ne le sentait pas. Rachid, c'était un héros qui se levait tous les matins depuis plus de vingt ans avec cette maladie et qui ne disait rien à personne». Réjouissons-nous de cet album qui lui redonne aujourd'hui la parole.


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