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Le chaâbi fait vibrer Montréal
OCM
Publié dans La Nouvelle République le 08 - 08 - 2023

Dans un local de la rue Jarry, à Montréal, résonnent le rythme d'une derbouka, les notes délicates de la mandole, et des voix qui chantent en choeur des paroles empreintes de nostalgie en arabe algérien. L'Orchestre chaâbi de Montréal (OCM), en pleine répétition, fait vivre cet héritage ancestral maghrébin à des milliers de kilomètres de sa terre natale.
Le chaâbi, tiré du mot arabe shaab qui signifie « peuple », est une musique populaire nord-africaine, dont les particularités changent d'un pays à l'autre de la région. En Algérie, le chaâbi est né de la jonction entre la musique arabo-andalouse et la poésie populaire maghrébine, appelée le melhoun, nous explique Ali Idres, cofondateur de l'orchestre et le plus jeune de sa vingtaine de membres.
Le créateur du chaâbi, El Hadj M'hamed El Anka, « a récupéré tous ces textes-là et les a fait obéir aux principes de la musique arabo-andalouse », une musique classique méticuleusement codifiée. Il est aussi à l'origine de la création de la mandole algérienne, un instrument proche de la mandoline et l'élément central du chaâbi.
« Toute cette culture-là, tout cet héritage-là, ça se transmet par voie orale, explique Ali. Le chaâbi ne s'écrit pas. Les textes sont écrits, mais la musique, elle, n'est pas écrite. » Vous ne trouverez pas de partitions aux concerts de l'OCM. La transmission se fait donc de maître en maître, dans des cercles restreints ; n'importe qui ne peut donc pas s'improviser maître de chaâbi.
Comment cette musique a-t-elle atterri au Québec pour en former un orchestre ? « Tout a commencé dans des soirées d'improvisation, dans des cafés à Montréal », raconte Ali. C'était en 2017. Il faisait alors lui-même la découverte de ces soirées intimes, après avoir fait part à un de ses amis de son envie de se replonger dans la musique de son enfance. « Je connaissais le chaâbi parce que je l'écoutais quand j'étais jeune, mais je n'étais pas encore un musicien établi. »
En s'initiant à ces soirées, Ali apprend à connaître les musiciens qui s'y produisent, certains d'entre eux ayant côtoyé parmi les plus grands interprètes de chaâbi algérien du siècle dernier. Il apprend aussi à jouer d'un instrument clé du chaâbi : le banjo. Puis, un petit groupe se forme, et leur vient donc l'idée de constituer un orchestre, afin de faire connaître cette musique à l'extérieur des cafés discrets du Petit Maghreb montréalais.
Faire vivre un héritage
« C'est pour porter une voix, pour marquer un héritage d'un patrimoine multicentenaire, qui vient de très loin, qui a une richesse enracinée dans beaucoup d'aspects de la vie maghrébine, tant musicale que poétique, explique Ali. C'est un héritage très fort, qu'on tient à revendiquer. » Faire vivre cette musique au Québec, à des kilomètres de sa terre natale, est une évidence selon lui : les thèmes de l'exil et de l'immigration — et la nostalgie qui en découle — sont centraux dans les textes du chaâbi. « En contexte d'exil, cette musique a encore plus de sens. Il y a un public [ici] qui se reconnaît là-dedans. Et nous aussi, ça nous fait du bien.»
Parmi les musiciens de l'orchestre, on compte notamment Lamine Djenki, connaisseur des textes qui transmet son savoir à ses collègues. Entre 2017 et 2022, Mourad Taleb se tenait à la tête de l'orchestre ; ce musicien aguerri avait accompagné plusieurs maîtres du chaâbi en Algérie, souligne Ali. Aujourd'hui, le claviériste Redouane Ladjrafi, lui aussi reconnu dans les cercles musicaux algériens, dirige l'orchestre. Parmi la vingtaine de musiciens qui constitue l'ensemble, on compte aussi une poignée de femmes ; un fait rare dans le genre en Algérie.
Se recueillir dans la musique
Lors de spectacles de l'OCM, en salle ou en festival, on peut entendre les airs des maîtres les plus reconnus du chaâbi, tels que El Hachemi Guerouabi, Amar Ezzahi — « il n'y a pas une discussion de musiciens de chaabi où on ne mentionne pas Amar Ezzahi ! » — ou encore Dahmane El Harrachi, dont le titre Ya Rayah est un des morceaux les plus emblématiques du chaâbi algérien.
On peut aussi entendre des morceaux en kabyle d'artistes tels que Lounis Aït Menguellet ou encore le regretté Lounès Matoub. « On ne veut pas se restreindre juste au patrimoine de la langue arabe. Le chaâbi s'exerce aussi en kabyle, et on tient à le revendiquer », souligne Ali. Plusieurs musiciens de l'orchestre, dont le banjoïste lui-même, viennent de Kabylie, explique-t-il.
Que les morceaux soient en arabe ou en kabyle, le public, lui, semble ravi. « Chaque fois, c'est un rendez-vous enflammé, vraiment chaque fois, dit Ali, qui s'en réjouit. Il y a ce besoin, surtout dans la communauté. Comme on a ce besoin de manger des choses qui nous ressemblent, on a besoin d'écouter des choses qui nous ressemblent, qui nous rassemblent. »


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