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Le faux martyr Boualem Sansal ou le Dreyfus arabe colonialement utile au Crif
Instrument idéologique central
Publié dans La Nouvelle République le 27 - 03 - 2025

Le Crif, flanqué de ses cénacles, attendait le moment avec une ferveur quasi liturgique : finalement, il a eu son Dreyfus postcolonial, en la personne de Boualem Sansal. L'académie, les salons, les loges, les plateaux : tout était prêt pour l'élévation. Il ne manquait plus que le procès et la sentence nécessaire pour donner à cette farce le lustre d'un drame républicain. Toujours est-il que l'Algérie, elle, n'a pas de bagne à Cayenne. Elle n'a que ses prisons, mais aucun décor exotique pour mettre en scène l'innocence persécutée avec les dorures et les palmiers d'un opéra colonial.
L'affaire Sansal ne révèle pas tant l'état de la justice algérienne que l'état de panique d'une République française toujours hantée par sa mémoire coloniale. Quand Elisabeth Badinter déclare que le cas Boualem Sansal restera une affaire Dreyfus propre à l'Algérie (1), elle ne défend pas un homme ; elle parachève une opération symbolique d'envergure, celle qui consiste à fabriquer un martyr commode, un Dreyfus arabe, pour mieux redéployer l'autorité morale d'une fausse élite qui n'a jamais rompu avec sa logique criminelle. L'écrivain Boualem Sansal, à travers son roman Le Village de l'Allemand, devient ainsi un instrument idéologique central et est célébré pour ce qu'il rend possible : la disqualification de la mémoire algérienne.
On l'a dit mille fois : Dreyfus, à la lumière d'une lecture édifiante, occulte ce qu'il fut vraiment : un moment de réajustement du pouvoir républicain. L'affaire permit à une élite financière israélite de reprendre le contrôle de l'appareil d'Etat, sans jamais remettre en cause la structure impériale. On défendait un juif à Paris tout en massacrant des indigènes à Madagascar. Dreyfus était un faux martyr – utile, symbolique, neutralisé.
L'instrumentalisation de Dreyfus aujourd'hui sert à produire le même effet : désamorcer toute critique profonde du système, en inventant une injustice spectaculaire dont la République pourrait se faire la défenseuse, sans jamais se questionner elle-même.
Dans son œuvre «Le village de l'Allemand», Boualem Sansal met en scène un ancien nazi, Hans Schiller, exfiltré d'Europe, converti à l'islam, intégré au FLN et devenu héros de la Révolution. Ce récit hallucinant n'a qu'un objectif narratif : salir la mémoire de la guerre de Libération nationale. L'Algérien n'est plus une victime de la colonisation : il devient le porteur honteux d'un mal hérité, qui prend les traits du bourreau nazi.
Ce roman ne cherche pas à complexifier l'histoire. Il l'inverse. Il offre à la France postcoloniale un alibi moral de choix : «Regardez, même les Algériens le disent : leur révolution était monstrueuse.» Dans cette logique, Sansal n'est pas censuré. Il est surmédiatisé, décoré, mis en avant, parce qu'il rend audible ce que la République n'ose plus dire frontalement. Le dernier ouvrage collectif Pour Boualem Sansal rassemble les figures bien connues de la France dreyfusade : Pascal Bruckner, Michel Gad Wolkowicz, Alain Finkielkraut et, bien sûr, Elisabeth Badinter. Leur stratégie est claire : dresser Sansal en Voltaire algérien, en Dreyfus autochtone, en conscience libre persécutée par l'obscurantisme.
Mais rien n'est plus faux : Sansal n'est pas persécuté pour avoir dénoncé l'injustice – il est glorifié pour avoir relativisé la colonisation. Il ne remet pas en cause un ordre mondial injuste, il le reconfirme. Il n'est pas un dissident, il est un fournisseur de contenu utile pour la reconquête morale de l'ancienne puissance coloniale.
Ce que révèle cette affaire, ce n'est pas la répression en Algérie, c'est la fonction politique du faux martyr dans les régimes postcoloniaux. La République aime les dissidents lointains, surtout s'ils ne menacent jamais son propre récit. Elle ne veut pas entendre les voix algériennes qui parlent de Bugeaud, de Sétif, de la torture, de la dépossession. Elle veut entendre un Algérien qui dit : «Nous étions pires que vous.»
Sansal est ainsi sacré non pas pour avoir dit la vérité, mais pour avoir produit un mensonge utile, un roman qui détourne la mémoire juive pour désactiver la mémoire algérienne. Il incarne un renversement pervers du devoir de mémoire : on ne se souvient plus des crimes de la République, on en accuse ceux qui en furent les victimes. La République ne juge plus ses généraux. Elle juge ses ex-colonisés. Et pour cela, elle a besoin de témoins à charge. Boualem Sansal est ce témoin modèle, célébré pour sa traîtrise mémorielle, élevé au rang de victime sacrée pour mieux humilier ceux qui se souviennent encore que la liberté en Algérie a été conquise au prix du sang.
Alors non, l'affaire Sansal n'est pas l'affaire Dreyfus. Ou plutôt si : c'est une dreyfusade renversée, où le faux martyr ne sert pas à dénoncer un pouvoir injuste, mais à le restaurer. Une opération d'envergure, menée avec les armes de la littérature, de l'émotion, du prestige, pour que l'histoire continue d'être écrite par les vainqueurs, même après leur défaite.
En final, qu'est-ce qu'un écrivain algérien acceptable ? C'est un écrivain qui ne parle pas du massacre du 8 mai 1945, qui ne parle pas de la torture dans les casernes françaises, qui ne parle pas des milliers d'intellectuels liquidés dans l'indifférence occidentale. C'est un écrivain qui, au contraire, crée des ponts directs entre le FLN et Auschwitz, entre la mosquée de banlieue et la Waffen-SS. Un écrivain qui, par sa plume, rend possible l'effacement de la dette coloniale et justifie sans ciller les contorsions mémorielles des chantres de la grande amnésie diplomatique.


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