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« Le peuple sahraoui a été complètement floué par l'ONU »
Pierre Galand :
Publié dans La Nouvelle République le 05 - 05 - 2025

Homme politique belge, ancien sénateur, Pierre Galand est professeur et maître de conférences et conseiller du recteur en coopération à l'Université libre de Bruxelles (ULB). Militant des droits de l'Homme et du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, il lutte depuis des années pour les peuples de la Palestine et du Sahara occidental, comme il l'a fait pour le peuple d'Afrique du Sud à l'époque de l'apartheid.
Il est l'un des organisateurs du Tribunal Russell sur la Palestine. Il a présidé de nombreuses associations telles que le Centre National de Coopération au Développement Cncd, le Comité National d'Action pour la Paix et le Développement (Cnapd), il a été l'organisateur des Marches anti-missiles de 1979 à 1985, le Comité de Liaison des ONG européennes avec la Commission européenne (Clong). Il préside encore l'Organisation Mondiale contre la Torture Omct-Europe, l'Association belge et la coordination européenne pour la Palestine (Abp et Eccp), l'Association belge et la coordination européenne de soutien au peuple sahraoui (Eucoco), le Forum pour un Contrat de Génération Nord-Sud, et les Amis du Monde Diplomatique – Belgique.
Mohsen Abdelmoumen : Comment qualifieriez-vous le traitement des prisonniers politiques sahraouis dans les geôles infâmes du régime marocain ? Comment faire entendre la voix de ces suppliciés au monde entier ?
Pierre Galand : La question des prisonniers politiques est complètement mise en sourdine au niveau international. C'est vrai pour les prisonniers sahraouis, et c'est vrai pour les prisonniers palestiniens. On assiste à une régression au niveau de la communauté internationale qui ne remplit pas les obligations qu'elle a souscrites par les Conventions internationales, celles du Croissant-Rouge international, de la Croix- Rouge internationale, les conventions étatiques stipulant que les prisonniers politiques puissent avoir accès à une défense juste et qu'ils soient traités suivant des règles démocratiques dans les procès qui sont intentés contre eux. Or, tout cela est aujourd'hui complètement négligé, c'est comme si cela n'existait pas.
La dernière fois que l'Europe a exercé une pression sur le Maroc concernant les prisonniers sahraouis pour qu'ils aient droit à un procès équitable, sachant qu'ils ont été jugés par une Cour militaire, le Maroc a reconvoqué une Cour civile et lui a donné injonction de confirmer les accusations qui avaient été portées contre ces résistants sahraouis. La défense n'a même pas eu droit à la parole et beaucoup d'avocats n'ont pas eu accès aux dossiers. Il s'agit donc de la part du Maroc d'une violation des droits fondamentaux de la personne et du droit international. Je crois qu'il faut à tout prix que, dans le cadre des accords d'association entre le Maroc et l'Europe, il y ait une cohérence dans le respect des droits humains. Or, c'est une violation caractéristique des droits humains qui est en train de se produire. L'Europe a les instruments nécessaires pour faire pression sur le Maroc pour la libération des prisonniers, pour des procès équitables, et pour que les avocats du monde entier qui veulent aider ces prisonniers puissent avoir accès à leurs dossiers ainsi qu'aux prisons où ils sont maintenus dans des conditions déplorables.
Les années passent et le peuple sahraoui ne parvient pas à retourner sur sa terre pour jouir de ses droits et obtenir son indépendance. D'après vous, que faudrait-il faire pour que le référendum d'autodétermination du peuple sahraoui aboutisse ? Pourquoi le droit international n'est-il pas appliqué ?
A nouveau, en 1990, lorsque l'ONU s'est emparée du dossier et a fini par mettre autour de la table les Marocains et le Front Polisario pour les Sahraouis, il y a eu un accord pour la réalisation d'un référendum d'autodétermination. Il a été signé par le gouvernement marocain. Qu'a fait le gouvernement marocain dès après la signature ? Il a empêché l'ONU de pouvoir appliquer dans les délais le projet de ce référendum. Cela a mis dix ans, parce que l'ONU est têtue et parce que les enquêteurs sont têtus, pour que la liste des votants soit adoptée et déposée entre les mains du Front Polisario, du gouvernement marocain, et des pays amis. Mais que s'est-il passé alors ? Le Maroc, constatant qu'il allait perdre le référendum, a considéré que le référendum n'était pas la solution et, sur le conseil de la France, a fait une proposition d'autonomie. Or, chacun sait que toutes les puissances coloniales ont instauré l'autonomie avant de devoir quand même céder devant la revendication légitime des peuples à leur indépendance. Là encore, il s'agit d'une tromperie puisqu'on a d'abord considéré que la proposition marocaine devait être prise en considération avant de passer à l'étape suivante qui est encore pire, puisque Monsieur Trump, lors de sa première présidence, suivi par l'Espagne, et aujourd'hui la France, ont dépassé le stade de la question référendaire ou d'autonomie pour dire que le Sahara occidental fait partie du Maroc. C'est donc une violation complète de l'ensemble des règles de l'Assemblée générale des Nations unies, du Conseil de sécurité et du droit international. Nous sommes désormais dans une impasse, non pas parce que le peuple sahraoui n'a pas suivi la procédure d'autodétermination par la voie référendaire, mais parce que celle-ci a été négligée et rejetée par le Maroc. Aujourd'hui, le droit à l'autodétermination reste plein et entier, et ce droit fondamental du peuple sahraoui est reconnu par la Cour européenne de justice. Cela met l'Europe sous pression, puisqu'elle a des obligations, mais l'on sait qu'il y a une gêne absolue vis-à-vis du Maroc qui est toujours considéré comme un allié privilégié des Occidentaux.
A votre avis, pourquoi la cause juste du peuple sahraoui est-elle ignorée par les opinions publiques alors qu'il s'agit d'un territoire occupé et d'un peuple spolié, comme l'est le peuple palestinien ?
A mon avis, ce n'est pas difficile à comprendre. C'est un petit peuple courageux qui a été entendu dans l'ensemble de ses revendications par, tout d'abord, l'Organisation de l'unité africaine devenue l'Union africaine, et que l'ONU n'a pas relayé. Il était de coutume que l'ONU prenne en compte un Etat reconnu par une organisation régionale suite à ses délibérations. A l'époque, l'Organisation de l'unité africaine avait reconnu la République arabe sahraouie démocratique, qui est un membre de l'Union africaine et qui en a même exercé la vice-présidence, et qui est présente dans tous les sommets et rencontres entre l'Europe et l'Afrique, à la demande des Africains. C'est nous, les Européens au sein de l'ONU, qui ne sommes pas capables de faire entendre la voix de la raison, la voix du droit, aux Marocains. C'est ça le problème majeur. Ce n'est pas un manque de détermination du peuple sahraoui. Voilà 50 ans qu'il mène combat et qu'il a engagé une lutte armée. Il a déposé les armes sur proposition de référendum des Nations unies, mais il a été complètement floué par l'ONU, et aujourd'hui, il continue à essayer de faire entendre sa voix avec un courage exemplaire. Mais il est totalement ignoré par les médias mainstream qui imposent des agendas. Et l'agenda d'aujourd'hui n'est certainement pas la question sahraouie, si elle l'a été un jour. Il suffit de voir la façon dont la question palestinienne est marginalisée. On assiste à un jeu médiatique imposé par ceux qui disposent des moyens médiatiques et qui les contrôlent financièrement.
Nous sommes dans une situation où la voix des peuples doit se faire entendre par les mécanismes de la solidarité internationale. C'est fondamental. Et dans le dossier du Sahara occidental, l'Algérie joue un rôle déterminant parce qu'elle a soutenu le peuple sahraoui depuis le départ, pour des raisons simples, celles du droit international, et elle accueille sur son territoire un grand nombre de réfugiés sahraouis. C'est important, parce que tous les mouvements de libération dans le monde ont toujours bénéficié du soutien d'alliés dans la région. Par exemple, en parlant de l'Afrique du Sud, il ne faut jamais oublier tous les pays de ce que l'on appelle la Frontline qui ont été des acteurs directs dans le soutien à l'ANC dans son combat contre l'apartheid.
Il est regrettable aujourd'hui que dans le monde arabe, il n'y ait pas une solidarité claire de la Ligue arabe pour exiger le respect du droit d'un peuple, même si c'est un petit peuple, à l'instar de l'Europe qui soutient le Luxembourg.
Interview réalisée à Bruxelles


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