Entre le 28 et le 30 avril 2025, un euro s'échangeit à 258 dinars à l'achat et à 260 dinars à la vente (261/262 dinars un euro les 1er mai 2025) et du côté officiel, l'euro s'établit à 150,71 dinars à l'achat et 150,75 dinars à la vente, soit un écart de plus de 74% contre 25-30% il y a une dizaine d'année, influant sur le processus inflationniste pour les produits importés, les taxes à la douane s'appliquant à un dinar dévalué. Les principales raisons interdépendantes sont au nombre de dix : Premièrement, la faiblesse de la production et de la productivité, les surcoûts des projets influant indirectement sur la cotation du dinar, y compris les surfacturations des projets en devises et dinars algériens. Deuxièmement, la baisse des transferts avec les décès des retraités à l'étranger, cette baisse de l'offre de devises ayant été contrebalancée par les fortunes acquises régulièrement ou irrégulièrement par la communauté algérienne localement et à l'étranger qui font transiter irrégulièrement ou régulièrement des devises en Algérie. Troisièmement, le niveau du déficit budgétaire qui selon la loi de finances 2025 sera de 63,60 milliards de dollars contre 46,04 milliards de dollars en 2024 et 30,50 milliards de dollars en 2022, cet accroissement du déficit étant dû à la baisse des recettes en devises de Sonatrach qui sont passées de 60 milliards de dollars en 2022, 50 en 2023 et de 44 milliards de dollars en 2024. devraient s'établir à 35 milliards de dollars avec un cours du Brent autour de 60 dollars au prix constant du fait de la dévaluation du dollar, 1,14 dollar un euro contre 1,02 avant l'annonce des taxes douaniers. Quatrièmement, les opérations d'importation de voitures neuves et d'occasion de moins de trois ans par les résidents algériens. Cinquièmement, la demande provient de simples citoyens qui voyagent : touristes, ceux qui se soignent à l'étranger et les hadjis du fait de la faiblesse de l'allocation devises dérisoire d'environ 100 euros. Sixièmement, face aux pénuries l' amplification du commerce dit du «cabas» que l'on ne combat pas par des mesures administratives car satisfaisant une demande du fait des pénuries accentuant la sphère informelle. Septièmement, les agences de voyages qui, à défaut de bénéficier du droit au change, recourent, elles aussi, aux devises du marché noir étant importateurs de services exportant des devises au lieu d'en importer comme le voudrait la logique touristique. Huitièmement, pour se prémunir contre l'inflation, et donc la détérioration du dinar algérien les ménages et certains opérateurs privés placent leur capital-argent dans l'immobilier, achètent des biens durables à forte demande comme les pièces détachées, facilement stockables, l'achat d'or ou de devises fortes. Neuvièmement, le manque de confiance vis à vis de l'avenir, l'anticipation d'une dévaluation rampante du dinar, a un effet négatif sur toutes les sphères économiques et sociales, dont le taux d'intérêt des banques qui devraient le relever de plusieurs points, s'ils veulent éviter comme par le passé, l'assainissement via la rente des hydrocarbures. Dixièmement, cet écart depuis janvier 2025 peut s'expliquer en partie par le retard pris dans l'octroi de la nouvelle allocation touristique de 750 euros par adulte et par an suite au nouveau droit de change qui a été fixé le 8 décembre par le président de la République et qui n'est toujours pas entré en vigueur, faute d'un nouveau règlement de la Banque d'Algérie pour fixer les conditions et les modalités d'octroi, cette opération devant s'élever à environ 4 milliards de dollars an selon le ministre des finances Aussi, la cotation du dinar via la sphère informelle étant intimement liée à la rente des hydrocarbures qui tient la cotation du dinar plus de 70%. Quelles solutions pour atténuer la distorsion cours du dinar marché officiel/marché parallèle ? Je recense 15 actions qui peuvent être combinées et coordonnées afin de résoudre l'écart entre le cours du marché officiel et celui du marché parallèle. Premièrement, la faiblesse de l'emploi formel. explique le poids de l'emploi informel renvoyant à la faiblesse du taux de croissance. C'est un facteur qui explique l'évolution du secteur informel où l'offre d'emplois formels sur le marché du travail ne peut plus absorber toute la demande car la population active, en particulier la main-d'œuvre non qualifiée, croît à un rythme accéléré. favorisant d'ailleurs l'exode de cerveaux. Deuxièmement, lorsque les taxes sont nombreuses et trop lourdes, les entreprises sont incitées à dissimuler une partie de leur revenu. Trop d'impôts tue l'impôt devant élargir l'assiette fiscale par une nouvelle politique fiscale, L'entreprise algérienne étant parmi les plus imposées au monde expliquant la difficulté du recouvrement fiscal. La sphère informelle est amplifiée par la fraude fiscale et la corruption à travers les surfacturations, les trafics aux frontières des marchandises subventionnées, qui se répercutent sur le prix final des biens et accroît le processus inflationniste. La directrice générale des Impôts a fait état, le 04 avril 2023 , de 6000 milliards de dinars d'impôts non recouvrés soit au cours de 137 dinars un dollar 43,79 milliards de dollars. Troisièmement, le poids de la réglementation ou la complexité de l'environnement des affaires découragent l'enregistrement des entreprises. Lorsque le cadre institutionnel n'est pas propice à la création d'entreprises de manière formelle, les entrepreneurs préfèrent opérer dans le secteur informel et éviter le fardeau de la réglementation. Quatrièmement, la qualité des services publics offerts par le gouvernement est un déterminant important du secteur informel car elle influence le choix des individus. Les individus actifs dans le secteur informel ne peuvent pas bénéficier des services publics (protection contre les vols et la criminalité, accès au financement, protection des droits de propriété). Cinquièmement, comme résultante de la politique économique, le primat de la gestion administrative bureaucratique, au lieu de reposer sur des mécanismes économiques transparents et lorsque la monnaie est inconvertible, surévaluée, ménages et opérateurs formels et informels joue sur la distorsion du taux de change. Sixièmement, l'on devra éviter le mythe de la prolifération de lois souvent renvoyant à une cohérence et visibilité dans la politique socio-économique. Par ailleurs, pour réduire l'ampleur du secteur informel en vue de l'intégrer dans les économies nationales, de nombreuses mesures peuvent être envisagées dont la délivrance des titres de propriété car le gouvernement doit prendre en compte le fait que le secteur informel est avant tout un substitut au manque d'offre de travail et que la concurrence déloyale qu'il mène au secteur formel handicape sérieusement le développement économique des pays. Septièmement, l'Etat doit, procéder à la normalisation et la réglementation des réseaux de distribution. La normalisation des marchés, la mise en place de marchés de gros, la simplification des mesures d'enregistrement et de l'ensemble des procédures administratives, ainsi que l'élaboration avec d'une fiscalité adaptée, sont les défis à relever. Huitièmement, il faudra, alléger le niveau élevé des tarifs douaniers et la complexité des structures tarifaires, promouvoir des investissements dans le transport et les autres chaînes logistiques subsidiaires, pour diminuer le poids des échanges informels. Neuvièmement, il faudra, avant toute chose, améliorer le niveau de l'éducation et s'atteler à une réduction des inégalités. L'éducation, en général, est la première étape pour réussir la transition vers le secteur formel. Les liens entre illettrisme et emploi non déclaré ne sont plus à démontrer. L'accent doit être mis particulièrement sur l'alphabétisation des femmes. Abderrahmane Mebtoul Professeur des Universités