L'attente d'un feu vert est d'autant plus insupportable que la malnutrition atteint des « niveaux alarmants » et que plus d'un demi-million de personnes « sont au bord de la famine » à Ghaza. Des milliers de tonnes d'aide alimentaire destinée à Ghaza s'entassent dans des entrepôts et attendent le feu vert de Tel Aviv pour être acheminées dans l'enclave palestinienne assiégée. Des agences de l'ONU mettent en garde sur les risques de détérioration et d'infestation de cette nourriture, a cause du mauvais stockage et des conditions inappropriés. «Le risque de détérioration et d'infestation des denrées alimentaires bloquées dans la région depuis des mois a considérablement augmenté en raison de la chaleur et des dates d'expiration imminentes », a prévenu dans son dernier rapport de situation, l'OCHA. Bien que les agences humanitaires disposent de suffisamment de nourriture dans la région ou en route vers celle-ci pour nourrir l'ensemble de la population de Ghaza pendant au moins trois mois, seule près de la moitié des 2 000 tonnes de denrées alimentaires nécessaires chaque jour pour répondre aux besoins humanitaires de base en matière d'aide alimentaire a pu entrer à Ghaza. Le PAM dispose ainsi de plus de 170 000 tonnes de nourriture dans la région ou en route vers celle-ci. Or, malgré ces stocks importants, les quantités entrées sont « insuffisantes pour couvrir ne serait-ce que les besoins caloriques minimaux ». L'entrée limitée de camions commerciaux a repris le 4 août, principalement pour des denrées alimentaires sèches, conserves, pâtes, farine, sucre, de très petites quantités de produits frais auraient également pu entrer », selon l'OCHA. Stock épuisé et faim aiguë Par ailleurs, les stocks destinés à la prévention de la malnutrition sont presque entièrement épuisés après des mois de blocus total et un accès limité depuis le 19 mai. La composition de compléments alimentaires destinés aux enfants et aux femmes enceintes et allaitantes est désormais suspendue en raison du manque de suppléments nutritionnels à base de lipides. Bien que ces fournitures soient disponibles en dehors de Ghaza, la famine aiguë et l'effondrement total de l'ordre public dans l'enclave palestinienne ont jusqu'à présent empêché le PAM de collecter ces articles en toute sécurité et de garantir qu'ils parviennent aux bénéficiaires prévus. «L'Unicef a pu collecter certaines fournitures nutritionnelles, mais une partie de la cargaison a été pillée». Par ailleurs, les ordres de déplacement récurrents continuent de perturber la prestation des services nutritionnels, les établissements de santé et les sites nutritionnels étant souvent contraints de suspendre ou de fermer leurs activités, et les enfants et les femmes enceintes et allaitantes devant parcourir de longues distances à pied pour accéder aux services nutritionnels. La malnutrition à Ghaza augmente rapidement, avec de plus en plus d'enfants et de mères présentant des signes graves». Ces derniers développements interviennent alors que la famine et la malnutrition ont atteint leur niveau le plus élevé depuis le début du conflit, il y a près de deux ans. Plus d'un tiers de la population ne mange pas pendant plusieurs jours d'affilée et la malnutrition aiguë touche plus de 300 000 enfants, les exposant à un risque grave. Un demi-million de personnes sont au bord de la famine à Ghaza, tandis que les autres souffrent de faim aiguë. Face à situation aussi grave, les agences humanitaires se mobilisent malgré les contraintes sécuritaires et logistiques. C'est le cas de l'Unicef, qui a pu distribuer 30 000 cartons d'aliments thérapeutiques prêts à l'emploi pour le traitement de 30 000 enfants souffrant de malnutrition aiguë pendant un mois. Le PAM ont pu acheminer, depuis l'annonce de « pauses humanitaires », plus de 12 000 tonnes de farine de blé, de colis alimentaires et de denrées alimentaires en vrac destinés aux cuisines communautaires. Toutefois, les citoyens les plus vulnérables ne peuvent pas accéder à l'aide alimentaire car les distributions organisées sont impossibles et les rares cuisines encore en activité ne sont pas en mesure de fournir des repas suffisants. Dans ces conditions, « plus de 95 % de cette aide a été déchargée par des foules affamées ou pillée par des gangs armés le long des itinéraires des convois humanitaires » relevant que les « partenaires n'ont donc pas pu procéder à des distributions au niveau des ménages pour atteindre les plus vulnérables ». Bien que le nombre de camions du PAM entrant à Ghaza ait légèrement augmenté depuis le 27 juillet, il reste inférieur à ce qui est nécessaire. Les convois acheminant l'aide alimentaire à l'intérieur de Ghaza comptent en moyenne 74 camions. Pour couvrir les besoins alimentaires de base, il faudrait plus de 62 000 tonnes par mois.