Plus de 400 artistes et labels – dont Massive Attack, Rina Sawayama, Fontaines D.C., Primal Scream, Mike ou encore Japanese Breakfast – participent à « No Music for Genocide », une campagne internationale appelant à géo-bloquer la diffusion de leur musique en Israël. Objectif : dénoncer le « génocide à Gaza », l'occupation en Cisjordanie et l'« art-washing » d'un Etat accusé de crimes contre l'humanité. Indépendants ou sous major, les signataires ont soit restreint leurs territoires de sortie, soit demandé à leurs labels de le faire. Ils exhortent aussi Sony, Universal et Warner à suivre l'exemple, rappelant que ces géants avaient suspendu leurs activités en Russie dès 2022. La liste des soutiens illustre l'ampleur du mouvement : de la scène indépendante (Eartheater, Kneecap, Nadah El Shazly) aux figures établies comme Massive Attack ou Primal Scream. Tous affirment vouloir transformer leur colère en un geste concret. « La culture ne peut pas arrêter les bombes, mais elle peut refuser la normalisation de l'inacceptable », résume le collectif. Cette mobilisation fait écho à d'autres actions internationales : en Espagne, des navires et avions à destination d'Israël ont été interdits ; au Maroc, des dockers ont refusé de charger des armes. Elle prolonge aussi l'engagement d'artistes de cinéma et de théâtre, comme l'initiative Film Workers for Palestine, qui appelle à rompre toute collaboration avec les institutions israéliennes. Ce boycott culturel ravive la mémoire des luttes anti-apartheid menées contre l'Afrique du Sud dans les années 1980, quand musique, sport et cinéma avaient contribué à isoler le régime raciste. À l'heure où les bombardements sur Gaza suscitent un sentiment d'impuissance, ce geste d'artistes du monde entier vise à briser l'ordinaire de la consommation culturelle. Cette initiative souligne la dimension éthique du geste artistique : refuser que l'art serve de vitrine à un Etat menant une guerre génocidaire. C'est aussi une invitation à la cohérence : ce que les grandes plateformes et majors avaient jugé légitime contre Moscou doit l'être tout autant face à Tel-Aviv.n