Premièrement : le niveau de la croissance économique et donc le niveau de production et de productivité, les surcoûts des projets qui influent sur le niveau de productivité et donc indirectement sur la cotation du dinar. Deuxièmement : l'importance de la sphère informelle où existe à travers différentes régions du pays des monopoleurs ayant d'importants montants en dinars qui se portent acquéreur de devises. Pour la Banque d'Algérie, dans sa note de conjoncture de février 2024, indique que la circulation fiduciaire hors banques représente 33,35% de la masse monétaire globale en Algérie, soit quelque 7 395 milliards de dinars à fin septembre 2022, contre 6 712 milliards de dinars à fin décembre 2021, reflétant un état de sous-bancarisation où des entrepreneurs, gros commerçants, ménages et autres intermédiaires préfèrent le cash pour moins de traçabilité et surtout pour mieux échapper au fisc, alors que dans les pays développés les plus bancarisés, la part de la circulation fiduciaire ne dépasse guère les seuils de 4 à 5% de la masse monétaire globale. (voir étude sous la direction du professeur Abderrahmane Mebtoul- Institut français des relations internationales (IFRI-Paris) «Les enjeux stratégiques de la sphère informelle» – 2013, reproduite en synthèse réactualisée dans la revue Stratégie IMDEP du ministère de la Défense nationale – octobre 2019). Cette extension de la sphère informelle a, d'une part, un impact négatif sur les recettes fiscales, avec une perte d'environ un tiers de la TVA potentielle et une part importante de l'impôt sur le revenu et, d'autre part, contribue à la dépréciation continue du dinar, le cours sur le marché parallèle. Troisièmement : nous avons les surfacturations amplifiant l'inflation, profitant de l'écart entre le cours officiel et celui du marché parallèle en complicité avec des opérateurs étrangers, tant pour les projets locaux en dinars que pour les importations en devises. Pour la partie devises, les transferts illégaux transitent par les banques à dominance publiques pour plus de 75%, au cours officiel du dinar à travers les importations via les surfacturations, une partie retourne en Algérie, alimentant le marché parallèle de devises, ce qui permet d'atténuer la hausse du cours sur le marché parallèle. En effet, il y a eu une baisse des transferts avec les décès des retraités à l'étranger, cette baisse de l'offre de devises ayant été contrebalancée par les fortunes acquises régulièrement ou irrégulièrement par la communauté algérienne à l'étranger qui font transiter irrégulièrement ou régulièrement des devises en Algérie, montrant clairement que le marché parallèle de devises est bien plus important que certaines données de 3,5 à 5 milliards d'euros. Quatrièmement : la demande provient de simples citoyens qui voyagent : touristes, ceux qui se soignent à l'étranger et les hadjis du fait de la faiblesse de l'allocation devises dérisoire d'environ 100 euros. Cela est accentué par les pénuries amplifiant le commerce dit du « caba » que l'on ne combat pas par des mesures administratives, car satisfaisant une demande du fait des pénuries. Cinquièmement : les agences de voyages qui, à défaut de bénéficier du droit au change, recourent, elles aussi, aux devises du marché noir étant importateurs de services. Majoritairement, elles exportent des devises au lieu d'en importer comme le voudrait la logique touristique. Sixièmement : pour se prémunir contre l'inflation, et donc la détérioration du dinar algérien, les ménages accentuent la déthésaurisation en mettant face à la détérioration de leur pouvoir d'achat, des montants importants sur le marché, alimentant l'inflation et plaçant leur capital-argent dans l'immobilier, achetant des biens durables à forte demande comme les pièces détachées, facilement stockables, l'achat d'or ou de devises fortes. La valeur d'une monnaie, comme d'ailleurs tout acte d'investissement durable, repose sur la confiance. L'anticipation d'une dévaluation rampante du dinar, reflet de la baisse de la rente des hydrocarbures, principale source de devises, tenant la cotation du dinar à plus de 70, a un effet négatif sur toutes les sphères économiques et sociales. Dans une véritable économie de marché productive, le taux d'intérêt des banques devrait être relevé de plusieurs points, s'ils veulent éviter comme par le passé, l'assainissement via la rente des hydrocarbures, s'ajustant aux taux d'inflation réel et toute baisse du taux d'intérêt inférieur au taux d'inflation afin de relancer l'investissement à valeur ajoutée devra être supporté par le Trésor public. Septièmement : les rumeurs tant sur la situation politique, sécuritaire, politiques et économique, comme le manque de vision stratégique déstabilisent le pays faute d'un système de communication transparents, accroit en plus de la psychose et le manque de confiance l'écart entre le cours officiel et celui du marché parallèle. Les citoyens se réfugiant par une demande croissante de la demande en devises fortes. Cette opération devrait s'élever à environ 3 milliards d'euros, soit au cours actuel de 3,5 milliards de dollars an, selon l'annonce du président de la République. Abderrahmane Mebtoul