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Le 17 octobre 1961, Papon et nous?

Le 17 octobre 1961, un crime d'Etat a été commis sous un ciel obscur de la capitale française par un certain Maurice Papon, préfet de police, sur instruction de son gouvernement. Paris ! Capitale des droits de l'homme, des égalités et de la fraternité. La capitale de la paix quoi ! à s'en référer aux concepts ostensiblement affichés sur les armoiries de ses institutions et de ses municipalités. Une cité qui s'est distinguée, encore une fois, volontairement, par une effusion de sang et de larmes de ses concitoyens. Ces français musulmans, au statut d'indigènes, dont la valeur humaine est monnayée en heures de travail et son usage n'excède pas le seuil du serf au service de la race des Gaulles et de ses rébus.
En une seule nuit, 200 à 300 morts, dont la plupart noyés dans la Seine, selon le décompte des historiens, alors que les chiffres dépassent, en réalité, le double de ces estimations, subirent les affres de la haine raciale. 12 000 arrestations d'algériens (11 538) opérées en l'espace de quatre heures. Des milliers d'handicapés à vie, cause des blessures, des coups de crosse et d'actes de torture. La soirée s'est soldée, selon certains analystes, par la plus grande rafle enregistrée depuis celle du jeudi noir du 16 juillet 1942, qui emprisonnera 12 884 juifs étrangers.
Et c'est également à Paris que la France s'est emparée d'une nouvelle performance historique inscrite, celle-là, dans les annales de sa préfecture de police en matière de «crime contre l'humanité». Une tache indélébile supplémentaire, dans les exploits inhumains, qui caractérise la conquête coloniale de la France depuis la commune de Paris.
Plus de 7 000 policiers, 1 400 CRS et gendarmes mobiles, réveillés par la police de la préfecture et, sur ordre express de Papon, ont tenté d'étouffer dans l'œuf les cris de liberté exprimés pacifiquement par une poignée de manifestants sortis, un soir, défiler leur sentiment de refus de la servitude. «Les manifestants de l'époque protestaient contre un « couvre-feu « qui avait été instauré par les autorités françaises», injustement, bien sûr, pour délit de faciès. Et le temps avait donné raison à ces indigènes.
Un devoir de mémoire
Toutes agressions, qu'elles soient verbales, ou physiques, ne sont, à mon sens, que l'émanation du refus de l'autre. La traduction parfaite de la xénophobie. Un sentiment d'une extrême anxiété, mêlée à une crainte permanente, et poussée à son paroxysme, agresse, sans retenue, la moindre forme jugée néfaste à son équilibre vital. C'est le sentiment d'exclusion. C'est, en fait, l'expression ultime de la haine, voire, même, un racisme pur et dur. Ce qui s'oppose, indéniablement, aux vertus d'abnégation, de justice et d'équité. Quant les agressions sont d'une extrême violence, elles n'ont d'autres versants que les meurtres, les massacres, les razzias et les exterminations. Et ne peuvent être, en conséquence, être qualifiés que d'actes : «inhumains» et «barbares».
La France officielle refuse, aujourd'hui, de qualifier ses crimes. Et Dieu en est témoin, qu'elle n'en a pas commis un ou deux, mais des milliers, depuis qu'elle a foulé les pieds sur cette noble terre. Nous n'avons pas encore dressé le bilan exhaustif de ses multiples agressions, pour le lui coller à la figure et l'inviter à y répondre. Elle refuse, ensuite, de les reconnaître et s'entête, par-dessus tout, arrogante comme elle est, à les circonscrire. Les gouvernements se succèdent moulés, pour certains d'entre-eux, dans un révisionnisme désuet, ou un positivisme dénué et, dans bien d'autres concepts, vidés de leurs essences pour nous proposer, de suite, la lecture et l'écriture commune de l'histoire pour éloigner l'offense.
La France, de droite ou de gauche, reste gauche et titube à chaque occasion qu'elle fait face à son destin pour buter, encore une fois, sur ce dur os qui la tient par la gorge, pour avaler de travers ses échecs. Impossible de la faire changer d'avis, malgré sa maladresse. Tous les coups sont permis pour infléchir les tendances et rediriger les préoccupations vers d'autres soucis. Sarko drible, slalome, navigue sans fins et sans buts. Au lieu de prendre son courage entre les deux mains et faire face, en homme responsable, à sa propre histoire, comme l'ont déjà fait de nombreux pays à travers le monde, pour ne citer que la récente sortie de l'Italie et la Libye, il s'entête dans de faux fuyants inféconds qui, tôt ou tard, le pousseront à buter sur une désagréable impasse entre nos deux pays.
Cette attitude négative ne peut qu'alourdir, encore plus, le poids historique du contentieux qui pèse déjà sur le dos fragile de notre communauté à l'étranger. Les banlieusards, les nouveaux indigènes de la république et les «désintégrés» sont l'émergence de ce refus de reconnaissance. S'ils sont fragiles par leurs origines, la sélectivité pèsera bientôt, lourdement, dans les sondages. Et la citoyenneté, bien qu'elle s'acquiert, elle n'est pas un don du ciel. Elle se pratique dans la civilité, l'urbanité et l'acceptation de l'autre.
De la positivité du colonialisme
Le 17 octobre 1961 est le dernier acte de la répression coloniale dans toute la splendeur de sa haine envers l'autre. L'indigène, à qui la France de Tocqueville rappelle qu'elle a enseigné la démocratie naissante, la fraternité et l'égalité, inspirée du modèle américain tant vénéré, reste muette devant ces crimes. Elle lui a appris la soumission, imposé le mercantilisme, la razzia, brûlé vif, le gain facile. Elle l'a déraciné, spolié et transformé en vagabond, en journalier, en Khamas, au point d'avoir oublié, voir perdu, ses propres valeurs. Elle l'a exterminé, utilisé comme chair à canon. Tel un baliseur du vide, rescapé d'un système oppressif, l'Algérien erre aujourd'hui, insouciant, dans les méandres de l'insaisissable légèreté du quotidien.
Une positivité qui ne profite pas à tous. Comme modèle, elle peut en être fière. Bourré de tous les défauts du monde, résultats d'un apprentissage pratique, elle lui a par contre appris à réfléchir, à méditer sur le sort qu'elle lui a réservé. Si elle semble lui avoir transmis la culture de ses aïeux, de ses proches, car elle en a fait d'abord usage pour instaurer sa suprématie, elle lui a appris, également, l'entêtement à ne penser qu'à restituer cette mémoire perdue ou chipée par «inadvertance» dans les bagages de pieds noirs.
L'histoire rattrapera Papon
Le décès de Maurice Papon ne nous fait ni oublier les crimes qu'il a commis, au nom de l'Etat français, ni l'exonère de ses exactions. Les plaies sont encore ouvertes et les blessures, aussi profondes que l'horreur commise à l'encontre d'innocents, martyrs et oubliés, pour que l'amnésie gagne les esprits et les cœurs se raffermissent sur l'innommable. Il avait, pourtant, l'occasion de se repentir et reconnaître ses méfaits au nom de la pénitence. Souffrant ,jusqu'à l'os, d'une maladie ravageuse, il avait choisi la voie du mépris et de l'entêtement, fidèle à ses agissements d'octobre 1961, sous l'emprise fiévreuse du racisme et de la xénophobie. Le refus de l'autre…il s'éteint.
Il peut continuer à jeter la faute sur ses semblables, les autres, les donneurs d'ordre, même sous sa tombe le jugement des hommes retentira, alors que celui de dieu, c'est peut-être déjà fait.
Maurice Papon est un criminel qui a agi au nom de l'Etat français. Et, comme l'avait si bien exprimé notre ami, le professeur Olivier Le Cour Grandmaison, et non moins président de l'association du 17 octobre 1961 : «la répression du 17 octobre 1961, est un crime d'Etat». En s'interrogeant sur le fait que : «Qui peut croire, enfin,que le premier ministre, Michel Debré, n'ait pas été informé de cette mesure et du massacre perpétré en ces jours d'octobre 1961». Ce qui vient à l'esprit, est comme si De Gaulle ne savait rien sur les massacres de mai 45.
Et nous…dans cette affaire ?
Nous. Nous avons pris un mauvais pli, une triste habitude, en pauvres assistés que nous sommes, à attendre que les autres fassent le boulot à notre place. Même le devoir de mémoire est assujetti à cette situation d'attentisme. Hier, ce fut la loi du 23 février 2005 qui allait passer inaperçue et sans encombre, si ce n'est ses perturbateurs d'intellos français - et de quoi je me mêle encore, dirait l'autre - qui avaient crié, haut et fort, leur indignation, dénonçant ce pseudo-concept du «rôle positif de la colonisation», et ses intentions occultes.
Il a fallu attendre la réaction du Président de la république, criant tout haut son indignation, pour que certains politiques, associations, réagissent, à l'effet de décider de se réunir pour mijoter une «déclaration commune».
Pour que, six mois après, nos institutions hautes et basses fassent montre d'une dénonciation, timide et inconséquente. Alors que nos pseudo-historiens, ceux qui ne produisent que des inepties, avaient réagi tardivement, sans rassembler pour la circonstance leurs efforts et faire preuve de discernement en convergeant leurs idées et aiguiser leurs esprits au lieu de verser, chacun à sa manière, en solo, dans sa diatribe inféconde, sur des questions pourtant sensibles, ayant un rapport direct avec l'histoire récente de notre pays.
Nous assistons, aujourd'hui, à une réplique semblable à celle d'il y a quelques années. Identique, dans le fond comme dans sa forme. L'association du 17 octobre 1961 nous devance, elle récidive, en dénonçant encore une fois, le fait colonial et déclare son soutien à la revendication légitime du peuple algérien qui s'exprime, en fait, dans l'un de nos articles du statut de notre fondation. «… Exiger, des autorités concernées et des instances compétentes de la communauté internationale, la reconnaissance de ce crime contre l'humanité, sa condamnation et son imprescriptibilité …». C'est à cette fin, que compte parvenir notre fondation comme souhaitent l'exprimer, ce vendredi 17 octobre à Paris, des associations, partis politiques et syndicats par un rassemblement : «exiger la reconnaissance officielle du crime commis par l'Etat français».
M. Kheiredine Boukherissa,


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