Le diplomate en chef de l'UE, Javier Solana,, a "espéré très fort" lundi que l'UE pourrait reprendre ses négociations avec la Russie sur un accord de partenariat renforcé, en soulignant que cela ne signifierait pas qu'elle ferait "comme si de rien n'était" avec Moscou. «Il vaut mieux pour l'Union européenne avoir une relation avec la Russie qui ait un cadre qu'avoir une relation sans cadre», a déclaré M. Solana à son arrivée à une réunion des ministres européens des Affaires étrangères. «Mais cela ne signifie pas que nous allons faire comme si de rien n'était, ce ne sera pas comme si de rien n'était», a ajouté M. Solana. Il a reconnu que les Russes avaient dans les régions séparatistes d'Abkhazie et d'Ossétie du sud «plus de soldats» maintenant qu'avant le début du conflit géorgien le 8 août. Mais il n'a pas précisé si cela constituait pour lui une violation de l'accord de cessez-le-feu signé entre le président russe Dmitri Medvedev et son homologue français, Nicolas Sarkozy, comme l'affirment la Pologne et la Lituanie, qui sont pour cette raison opposées à la reprise de ces négociations avec Moscou. La plupart des pays européens sont, comme M. Solana et la présidence française de l'UE, favorables à la reprise des pourparlers avec Moscou. Leurs ministres des Affaires étrangères espèrent convaincre lundi leurs homologues polonais et lituanien que cette reprise peut être décidée sans légitimer la main-mise de Moscou sur les régions séparatistes géorgiennes, pour présenter une position européenne unie lors du sommet UE-Russie qui se tiendra vendredi à Nice (France). Une décision à l'unanimité n'est pas nécessaire pour reprendre ces pourparlers et la Commission européenne comme la présidence de l'UE peuvent annoncer leur reprise même si Varsovie et Vilnius sont contre. Mais l'Union européenne, qui a souvent été affaiblie par ses divisions face à Moscou, préférerait rester unie sur ce dossier. Même si les relations UE-Russie rencontrent «parfois des difficultés, il n'y qu'un moyen de parler concrètement de ces difficultés, c'est de mener ces négociations», a estimé le vice-ministre allemand des Affaires étrangères, Günter Gloser. Le Luxembourgeois, Jean Asselborn, lui aussi très favorable à la reprise des négociations avec Moscou, a assuré que l'Union européenne allait «donner le signal» à Nice pour les redémarrer. Il a ajouté que les dirigeants européens feraient parallèlement des déclarations à la presse soulignant «les problèmes que nous avons avec la Russie», afin de rassurer la Pologne et la Lituanie. Alors que la menace faite la semaine dernière par Dmitri Medvedev de déployer des missiles Kaliningrad a contribué à inquiéter la Pologne et la Lituanie, voisines de cette enclave russe, M. Asselborn a aussi appelé à ne «pas mélanger Kaliningrad et Géorgie». Les négociations sur un accord de partenariat renforcé UE-Russie - qui remplacerait l'accord en place depuis 1997 et pourrait apporter aux Européens des garanties en matière d'approvisionnement en hydrocarbures - ont été suspendues le 1er septembre, lors du sommet européen extraordinaire sur le conflit russo-géorgien. Cette suspension constitue la seule mesure concrète prise par les Européens pour dénoncer la violation de l'intégrité territoriale de la Géorgie, appelée à devenir un jour leur alliée au sein de l'Otan.