Que nous reste-t-il officiellement. Une bonne partie de la population mondiale s'en retourne déjà aux premiers âges de l'humanité pour ne pas pouvoir répondre à ses besoins vitaux. L'homme ayant la chance d'être encore en jeu ne devrait donc pas trop se plaindre, puisqu'il fait déjà partie d'une certaine élite. Pourtant, il en veut toujours plus, et la pyramide au-dessus de laquelle nous sommes toujours, si vous n'êtes pas partis trop loin pendant que je vous racontais mon histoire, un peu longuette j'en conviens, la pyramide des besoins nous dit que l'homme, lorsqu'il est en mesure de survivre, souhaite alors que ses repas du lendemain soient assurés, sous-entendu qu'il ne se demande pas s'il va bien pouvoir becqueter quelque chose, et qu'il ait un toit, si possible avec un lit en dessous et des murs autour. Et accessoirement, il aimerait bien pouvoir se laver, parce que là, il pue au point que ça le gêne lui-même. On remarque par ailleurs que l'homme continue de faire valoir une déclaration des droits de l'homme et du citoyen dans laquelle il garantit à tout humain le droit d'obtenir de quoi combler tout ce dont nous avons parlé jusqu'ici papier qu'il ne respecte qu'à la condition que ça ne lui coûte ni argent ni temps, et que ça ne lui fasse pas perdre non plus une opportunité d'en gagner, même s'il en a déjà assez pour lui, sa famille, sa commune, son département, voire même sa région ou son pays. Mais cela ne lui suffit pas. Oh que non. L'homme n'ayant aucune préoccupation majeure, il se met à vouloir autre chose. Et ça se complique plutôt. En effet, l'homme voyant qu'il n'a plus rien à espérer de la vie en tant que telle, il se met à vouloir plus. Et par plus, il entend une identité qui le caractérise et le définit, il veut que son nom soit connu et prononcé, aussi souvent que possible. Et c'est là que la machine commence à se détraquer. L'homme n'a plus besoin de rien, mais il a envie de tout, et surtout de la reconnaissance des autres, de leur considération. Sauf que l'homme aime aussi se distinguer, et trouve que la simplicité, ça va cinq minutes, mais qu'on s'ennuie vite fait, et qu'il vaut mieux innover, comme ça on prononcera son nom encore plus souvent qu'à l'accoutumée. Par ailleurs, il n'a plus aucune raison de se plaindre, et il faut avouer que ça commence à lui chatouiller les cordes vocales. Alors, l'homme s'inventa des maladies qui ne sont causées ni par un manque, vitamine, sels minéraux, nourriture... ou quoi que ce soit d'autre, ni par un excès, virus, microbe, bactérie, parasite... mais seulement par lui-même.