Alcatel-Lucent annonce une perte nette de 5,2 milliards d'euros en 2008 due à des dépréciations massives à hauteur de 4,7 milliards, les plus importantes jamais passées par l'équipementier de télécommunications qui exclut néanmoins pour l'heure un appel au marché. Au titre de 2007, le groupe avait passé pour 2,9 milliards de dépréciations, essentiellement sur le CDMA, la technologie mobile déclinante héritée de l'américain Lucent avec qui il a fusionné fin 2006. Alcatel-Lucent a en outre confirmé ses objectifs pour 2009 après «une performance opérationnelle encourageante» au quatrième trimestre dont les résultats s'avèrent légèrement supérieurs aux attentes. Un analyste salue un «opérationnel plutôt satisfaisant» tout en déplorant le déficit de la couverture des retraites qui pourrait porter ombrage à cette publication. Le leader mondial des réseaux fixes a indiqué que la couverture financière des retraites est tombée dans le rouge en fin d'année, confirmant ainsi une crainte du marché. Cette couverture accuse un déficit de 429 millions, contre un excédent de 2.997 millions à la fin septembre 2008, «lié à la chute brutale à la fin de l'année des taux de rendements des obligations AA qui servent à calculer la valeur actualisée des engagements», explique le groupe. Au plan de l'assise financière, le groupe a dégagé une trésorerie opérationnelle de 658 millions au quatrième trimestre et disposait, à la fin 2008, de 4,6 milliards d'euros de trésorerie et de valeurs mobilières de placement ainsi qu'une ligne de crédit disponible de 1,4 milliard d'euros. La dette nette totalisait 389 millions en fin d'année. Objectifs atteints en 2008 «Nous avons les financements adéquats», a résumé Ben Verwaayen dans un entretien à la chaîne de télévision CNBC. Quant à un éventuel appel au marché, le directeur financier Paul Tufano a déclaré lors d'une conférence téléphonique qu'»il ne pensait pas» qu'une augmentation de capital soit nécessaire à la suite des dépréciations. Ces dernières dépassent la capitalisation du groupe qui était de 3,4 milliards d'euros au cours de mardi soir. Elles ont été rendues nécessaires par «la détérioration drastique de l'économie mondiale au cours du quatrième trimestre ainsi que par notre décision de nous concentrer sur un portefeuille de produits réduit», selon Ben Verwaayen, cité dans le communiqué. Lors de la conférence téléphonique, les deux dirigeants se sont refusé à préciser sur quels actifs portaient ces dépréciations. Pour 2009, le groupe répète anticiper un marché des équipements de télécommunications et de services en baisse de 8% à 12% et un résultat d'exploitation ajusté proche de l'équilibre. Au dernier trimestre 2008, le résultat d'exploitation ajusté ressort à 297 millions d'euros, soit une marge de 6%, contre un consensus Reuters de 264 millions. Le chiffre d'affaires atteint 4.954 millions (consensus Reuters de 4.916 millions). Pour l'ensemble de 2008, les revenus atteignent 16,9 milliards d'euros, en repli de 4,5% ce qui est en ligne avec l'objectif de baisse de 2% à 5% indiqué, fait valoir l'équipementier. Le résultat opérationnel ajusté de 2008 s'établit à 466 millions (contre 110 millions en 2007), soit une marge opérationnelle de 2,7%, qui est elle aussi conforme à la fourchette visée de 2% à 5%.