Même si les rites varient selon les régions et les générations de pratiquants, le fond religieux demeure le même : apporter la preuve de ses qualités de croyant sincère, accepter de partager avec celui qui n'a rien pour s'acheter à manger, participer à l'ambiance de fête. Des rites d'offrandes perpétués depuis les ancètres Jadis, par manque de moyens financiers, chaque famille contribuait à l'ambiance de fête en partageant avec les pauvres le plat qu'elle avait apprêté pour rompre avec le chromo quotidien : plat de mezfouf, berkoukes huilé et gardi d'œufs qu'on offrait aux pauvres soit à leurs domiciles, soit en des lieux précis comme la mosquée, la place publique ou le seuil de la porte, les maisons étant à l'époque exigues. Dans certaines régions, pauvres ou aisées, du temps où chacun sacrifiait un mouton à l'Aïd El-Adha, on gardait pour l'Achoura une partie de la bête abattue, c'était la partie charnue et chargée de graisse du dos. On la découpait soigneusement puis on la salait et on la laissait sécher avant de l'introduire dans une petite jarre bien scellée. Manger avec le couscous un morceau de cette viande était un vrai régal, surtout lorsque cela avait lieu pendant la saison froide et par un temps neigeux. On en laissait, d'ailleurs, une partie pour d'autres circonstances par exemple lorsqu'un invité arrivait inopinément. Cela se passait à une époque où les gens ne mangeaient de viande qu'à l'occasion des fêtes. Il n'y avait point de bouchers et les moyens pécuniaires étaient réduits à l'extrême pour ne pas dire que l'écrasante majorité vivait dans le dénuement. Il existe dans d'autres régions de l'Afrique du Nord, du temps où les traditions et les idées reçues avaient une place prédominante, on offrait aux jeunes des objets significatifs qui leur indiquaient la voie à suivre pour l'avenir. On donnait, par exemple, aux filles des cruchettes portant de très beaux motifs décoratifs pour leur rappeler la corvée d'eau des femmes traditionnelles. Des obligations religieuses à honorer Celle qui est à la base de la pratique religieuse qui donne à la fête toute sa dimension dans les c?urs des croyants et l'Achoura est dérivé du don du dixième des gains qu'on a amassés pendant l'année. Mais rares sont ceux qui se conforment à cette obligation par esprit avare, par la pauvreté ou pour toute autre raison explicable. Aujourd'hui, ceux qui gagnent des millions ou des milliards, mis à part quelques exceptions que nous louons, ne donnent pas un sou. Il n'est pas donné à tout le monde d'être généreux, altruiste, chaleureux, nécessaire pour être sur la voie du vrai Islam. Pourtant, le Coran dit en termes bien clairs et dans une diversité de sourates «Le bien que vous faites vous le trouverez auprès de Dieu lorsque vous serez dans l'Au-delà.» Mais combien parmi les riches croient en l'Au-delà ? On n'a qu'à faire un tour à l'approche des fêtes religieuses ou à l'occasion e Ramadhan, aux étals des marchés et légumes, fruits, viandes. C'est à croire que derrière chaque variété de légumes ou de fruits, il y a des rapaces qui cherchent à vous dévorer. Pour les vrais pratiquants, l'Achoura est marquée par des prières et, surtout, de deux journées de jeûne qui vous sont bénéfiques d'attachement fort à Dieu et à son Prophète (QSSSL. Au lendemain de la mort du prophète (QSSSL). Les musulmans chiite de Kerbala jouaient sur la place publique, à l'occasion de l'Achour a, et une forme de théâtre appelé le «tazillékhane» pour rappeler les conflits entre musulmans pour la succession surtout entre les sunnites qui voulaient que le calife soit un élu de la communauté musulmane et les chiites attachés à la succession par les descendants du Prophète Mohamed (QSSSL).