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Séquestrée pendant 28 ans, elle retrouve enfin la liberté !
Adrar
Publié dans La Nouvelle République le 15 - 05 - 2010

Heureusement pour la finalité de cette mésaventure, Hamza un habitant de cette contrée passait par là, sans doute pour une balade à la recherche d'une quelconque accalmie dans ce quartier désolé et délaissé depuis longtemps par les humains.
Soudain, un gémissement plaintif retient et attire l'attention de notre promeneur qui n'en croyait pas ses oreilles. Qu'est-ce qui pouvait bien se dissimuler derrière ou est-ce simplement le fruit de son imagination qui commence à lui jouer des tours ? Mais Hamza en homme intrépide et résigné voudrait s'assurer et se rassurer et connaître la vérité car, parfois, lorsque la curiosité l'emporte, c'est le destin qui nous guette derrière.
Notre bonhomme s'approche doucement en tendant l'oreille en essayant de localiser la direction des plaintes. Mais les gémissements redoublent et provient effectivement d'une masure. Seule une voix répond aux questions de Hamza, les seules réponses qui vous déchirent le cœur. Si vous m'entendez, Hamza répète : «Mais, je viens vous aider.» Les mêmes cris résonnent dans ce silence abyssal et glacial. Hamza secoue plusieurs fois la porte mais sans succès. La porte est solide et n'est pas prête de rompre ou de céder.
Hamza risque un œil au fond d'un orifice signe non trompeur sur la vétusté du bois et ce qu'il voit lui coupe le souffle. Une personne, une femme d'après les vêtements ou plutôt les haillons qu'elle porte semblent lui indiquer qu'il a raison. D'où sort-elles, des cavernes de l'homme préhistorique ou a-t-il à faire à un animal difficile à identifier ? Hamza ne pourrait distinguer les traits de «cette chose» qui se démène là devant lui. Il fait sombre malgré la lumière du jour et l'endroit ressemble étroitement à une sorte de cave ou à un goulot. A côté de cette porte, rien, seules des bâtisses très anciennes et abandonnées semblent encore résister au temps qui n'a pas encore abdiqué. Sans perdre de temps, Hamza retourne chez lui avec le cœur qui bat de plus en plus fort. Il a peur de «cette chose» : allait-il garder ce secret pour lui ou penser à la délivrance de sa découverte ? Il décide d'en parler à son père en pesant ses mots avec une certaine appréhension de choquer l'esprit paternel. Mais bien au contraire, celui-ci semble être au courant de cette histoire invraisemblable et lui apprend que c'est une jeune fille séquestrée par son père dans cet endroit sordide depuis 1982. Oui, cela fait exactement 28 ans que cette femme se trouve enfermée sans eau pour se laver, sans électricité, sans aucun contact extérieur. Même pas un rayon solaire, rien, et seule l'obscurité comme unique compagnie. Imaginons ce que cette pauvre malheureuse a enduré comme supplice durant cette très longue période de détention. Une vraie barbarie. Il s'agit de Mébarka, nous allons l'appeler ainsi pour ne point divulguer sa véritable identité au public.
Mébarka a vécu 28 ans d'enfer, telle une bête, pire puisque l'animal bénéficiait, parfois, de liberté. Hamza décide alors de saisir le ministère de la Justice en envoyant un courrier électronique et l'informer de cette situation ubuesque qui vous donne le tournis. Une histoire qui vous glace et vous raidit et vous fait dresser les cheveux sur la tête. Le ministère ordonne au parquet de vérifier le récit colporté par ce citoyen qui mérite quand même une reconnaissance pour son courage, son civisme d'avoir dénoncé ces agissements, ces abus.
Le parquet s'en réfère à la brigade de gendarmerie de la daïra de Zaouit-Kounta qui s'empresse de tirer les choses au clair. Et ce que les gendarmes découvrent dans le ksar d'Azoua dépasse l'entendement. A croire qu'on n'est plus en 2010 mais à l'âge de pierre.
Au beau milieu d'une pièce en pisé aux murs dégarnis, au parterre sale et repoussant à cause des défécations qui se sont amassées au fil des années (28 ans), gît Mébarka à l'allure inhumaine, dans un état de santé dégradé. Mébarka n'a pas vu le soleil depuis toutes ces longues années puisqu'elle est née en 1962 et elle s'est retrouvée dans ce trou à l'âge de 20 ans pour, d'après les dires et les aveux de son père, des écarts de conduite avec la crainte des langues fourchues et les qu'en dira-t-on, Mébarka a subi la colère du père et sa sanction de plein fouet. Son père, âgé aujourd'hui de 72 ans, avouera aux gendarmes que Mébarka est sa fille légitime et qu'il est le père de huit enfants dont la mère se trouve décédée.
Les séquelles des conditions de détention sont terriblement atroces et incompréhensibles. Seule une gamelle usée par le temps lui servait de récipient pour manger. A la vue de cet objet répugnant que même un chien refuserait de renifler d'après les personnes qui ont découvert Mébarka pour la première fois. Sans eau pour se laver, les règles d'hygiène les plus rédimentaires étaient bannies et cette femme vivait dans l'insouciance de son entourage et dans une saleté repoussante agrémentée d'une odeur nauséabonde qui vous asphyxie et vous serre la gorge. L'utilisation d'un tissu autour du visage était fort recommandée oui Mébarka a perdu tous ses repères, sa manière d'agir, de penser. Elle doutait même de la réalité, une réalité, hélas, qui reflète le calvaire, l'atrocité, la cruauté générés par la décision d'un père qui n'ignorait pas du tout ce que sa fille subissait, peut-être que cette situation semblait attiser sa rancœur pour arrive et surtout continuer à claustrer sa propre fille pendant des décennies : 28 ans. Toute une vie. Cueillie à fleur de l'âge, Mébarka n'avait plus qu'à se soumettre sans brancher. Tout semblait s'écrouler ce jour-là, c'était -- il faut le rappeler -- en 1982 et c'est le traumatisme garanti et le choc est terrible, amer où le comble est l'ignonimie.
Le père révèle aussi que sa fille accuse un déficit mental et souffre d'un handicap physique. Faits que l'hôpital de Reggane réfute. Le fils de la famille était au courant de cette séquestration mais n'osait affronter son père et contredire sa volonté. Un silence qu'allait envoyer Mébarka dans un monde sordide, atypique où la perfidie de l'homme règne et décide du sort à réserver à sa progéniture. M. Rashed Abdallah, procureur général adjoint et porte-parole de la cellule de communication m'apprend que ces agissements obsolètes ont pu aboutir à ce dénouement grâce à la vigilance citoyenne. Les gendarmes mobilisés pour la circonstance ont pris des photos du lieu et de Mébarka qui retrouve, enfin, la lumière du jour et, surtout, la liberté.
A la vue de ceux qui voulaient s'approcher d'elle, Mébarka fuyait et rampait pour aller se cacher derrière un meuble. Munie de longs ongles, de cheveux ébourifés, Mébarka la rescapée revient de loin. Aujourd'hui elle est âgée de 48 ans dont 28 séquestrée entre quatre murs. Remis aux mains de la justice, le père et le fils ont été écoutés et leurs déclarations recueillies pour la suite de l'affaire. Non, vous ne rêvez pas, ceci s'est réellement passé dans le ksar d'Azoua, dans la wilaya d'Adrar.
Et l'histoire de l'Autriche ressurgit dans les pensées. Que Dieu nous en
préserve !


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