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Offensive peu crédible
Libéralisme
Publié dans La Nouvelle République le 15 - 05 - 2010

Depuis quelques semaines, des «experts se penchent sur l'économie algérienne» et sont tous plus ou moins bardés de références, présentées pour donner de l'autorité à leurs avis. L'économie du pays serait en danger depuis que le pouvoir en place déroge en partie au dogme de la doctrine économique libérale. Elle serait en danger par le fait d'une «tentation» de retour au «dirigisme», à l'«étatisme» ou au «socialisme», c'est selon. C'est-à-dire qu'ils (les «experts») ont peur d'un rétablissement du système ante qui a prévalu lors des premières décennies de l'indépendance. Ce système ne peut conduire qu'à la catastrophe. Jugeons-en : l'espérance de vie a augmenté de 53 % en 47 ans, entre 1960 et 2007. Une belle catastrophe, dont nos cassandres libérales ne parlent pas.
Pourtant, la doctrine qu'ils défendent met à mal des pays dont les capacités économiques, humaines, technologiques et militaires sont sans commune mesure avec celles de pays, comme l'Algérie, à peine sortis d'une domination coloniale et dont les possibilités d'expansion dans le marché mondial sont nulles. Observons : au début de la crise qui sévit aux Etats-Unis le taux de sans domicile fixe a augmenté de 10 %, et ce taux monte dans certaines régions jusqu'à 56 %. On prévoit aussi qu'en 2010 environ huit millions d'enfants vivront dans un état de pauvreté extrême. On constate encore que tous les jours des milliers d'Américains sombrent dans la pauvreté après être restés trop longtemps chômeurs et avoir perdu – de manière automatique – leur couverture médicale.
Les données publiées révèlent que, chaque semaine, 3 500 personnes perdent cette couverture médicale en Floride, 2 500 à New York, 1 600 en Géorgie et environ 1 000 dans le Michigan.
En fait, ce qui est la première obstination est d'imposer la théorie dominante du «nouvel ordre mondial» qui ne peut se construire que sur les décombres des Etats-nations les plus faibles. Se soumettre, privatiser, s'ouvrir, laisser faire. On se demande avec quoi. La Grèce vient d'en subir les premiers effets et Mikis Théodorakis, encore sous le choc, balbutie : «Avec le sens commun dont je dispose, je ne peux pas expliquer et encore moins justifier la vitesse à laquelle notre pays a dégringolé à partir de 2009, au point de faire appel au FMI, perdant ainsi une partie de sa souveraineté nationale et passant à un régime de tutelle.» Plus loin, loin de la tragédie qui se joue en Grèce, dans l'un des temples où s'expriment les maîtres du marché mondial, un trader raconte : «Dans la salle, on voyait en continu, sur nos écrans plasma, des Grecs se faire tabasser dans les rues. Ici, personne ne sait où est la Grèce, pour les Américains, la France, l'Allemagne, c'est pareil... Ils se disent juste : c'est l'Europe et c'est la catastrophe. Après, c'est l'effet boule de neige.» Une journée de «grosse folie» pendant laquelle «la moitié de la Terre a vendu» : «C'était la panique totale, j'ai vu des types se mettre à acheter comme des malades, personne ne sait dans quelle direction ça va.» Une vraie «finance casino» (terme emprunté).
Voilà la rationalité qui est proposée au monde. Se mettre à la merci du marché, dont l'un des commis vient de nous présenter le comportement. Cette rationalité est exposée avec ses soubassements visibles. Les voici : la propriété privée serait la base de l'activité économique parce que seule la recherche de l'intérêt individuel peut mener à l'intérêt collectif par la sommation des intérêts individuels réalisés par la conjonction des contrats marchands. Mais comme nous l'avons vu, lors de la mise en pratique, ceci ne fonctionne pas. Alors, il faut chercher d'autres soubassements, et aux sources historiques de la doctrine.
Les voici, très purs et sans ambages ni fioritures, pour comprendre les drames humains que vit la planète : «Un homme qui est né dans un monde déjà occupé, s'il ne peut obtenir de ses parents la subsistance, et si la société n'a pas besoin de son travail, n'a aucun droit de réclamer la plus petite portion de nourriture et, en fait, il est de trop. Au grand banquet de la nature, il n'y a pas de couvert mis pour lui. Elle lui commande de s'en aller et met elle-même promptement ses ordres à exécution s'il ne peut recourir à la compassion de quelques-uns des convives du banquet.» Cette citation est de Thomas Robert Malthus. Depuis le 19e siècle, c'est plus pudique mais cela reste à la base du fonctionnement de la société étatsunienne. Sauf que les Etats Unis travaillent à exporter la doctrine pour ne pas en subir les effets sur leur propre sol (sans trop de résultats) et que, selon Thomas Friedman, éditorialiste de politique étrangère du New York Times, «le monde de l'après-guerre froide compte deux superpuissances, les Etats-Unis et l'agence Moody's.» Nos «experts» ne soufflent pas mot sur ce type d'agence, ni d'ailleurs sur les vrais règles que l'Algérie devra affronter quand elle finira de plonger corps et biens dans le libéralisme. Friedman continue : «Si les Etats-Unis peuvent anéantir un ennemi en faisant usage de leur arsenal militaire (comme en Irak, ndlr), l'agence de notation financière Moody's possède les moyens d'étrangler financièrement un pays en lui décernant une mauvaise note».
Il ajoute : «Les pays riches peuvent compter sur de bonnes notes, tandis que les plus pauvres – et donc ceux qui ont souvent les besoins les plus pressants – sont pénalisés. Mieux vaut coopérer, c'est-à-dire fournir tous les documents demandés et recevoir la visite d'«examinateurs» que se voir décerner une note non sollicitée. Le système renforce les inégalités et regorge d'effets pervers.» C'est ce qui est arrivé à la Grèce. Une agence de notation, la Standard & Poor's qui a précipité la crise de ce pays est traitée de «pousse-au-crime» par la ministre française Christine Lagarde.
Nos «experts» se taisent aussi sur cette Commission Trilatérale avec ses 400 membres constitués de trois groupes de pays, l'Europe (170 membres), l'Amérique du Nord (120) et l'Asie du Pacifique (100). Plus quelques strapontins pour d'autres pays, l'Afrique, les pays arabes et l'Amérique latine étant exclus. Nos chantres du marché nous cachent, enfin et entre autres, cette capacité de pression que développent les multinationales, qui visent à aboutir à annihiler toute possibilité de se libérer de leur emprise et qui s'est accrue depuis les premières manifestations de la crise qui frappe les métropoles capitalistes. Les gouvernements, porte-parole, de ces entreprises sont chargés de déréguler le monde à leur profit et d'aboutir dans les délais les plus courts à faire sauter tous les verrous qui s'opposent à leurs intérêts, c'est-à-dire à la circulation débridée de leurs capitaux et de leurs marchandises. Mikis Théodorakis conclut : «Que quelques-uns nous ont culpabilisés et nous ont fait peur de manière à nous conduire au FMI, qui constitue un facteur essentiel dans la politique expansionniste des Etats-Unis, et tout le reste concernant la solidarité européenne est de la poudre aux yeux, pour cacher qu'il s'agit d'une initiative purement étatsunienne, pour nous jeter dans une crise économique artificielle, de manière à ce que notre peuple ait peur, qu'il s'apprivoise, qu'il perde des conquêtes précieuses.» Il a de quoi le penser. La Grèce est obligée d'emprunter sur les marchés financiers à près de 9 %, alors que la France, pourtant lourdement endettée, n'emprunte qu'à 3,28 % sur dix ans et à moins de 1 % sur deux ans et les trois principaux contributeurs européens, l'Allemagne (22,32 milliards d'euros), la France (16, 80 milliards) et l'Italie (14,72 milliards) empocheront donc quelques centaines de millions d'euros dans cette opération. Bel exemple de solidarité capitaliste, alors que, selon certains, la France et l'Allemagne ont intérêt à sauver la Grèce parce que leurs principales banques sont fortement exposées sur la dette grecque.
Pour conclure, les «spécialistes» que, heureusement, personne n'a appelés au chevet de l'économie algérienne, devraient aller demander des comptes au gouvernement étatsunien sur ses errements et les sacrilèges qu'il commet à l'encontre du marché. Là-bas des collègues à eux s'offusquent. «Les subventions faussent les prix et entraînent une mauvaise affectation des ressources. Les prix ne transmettent alors plus les vraies valeurs, mais les valeurs distordues.
Le mentor de Hayek, Ludwig von Mises, a prédit dans les années 1930 que le communisme serait voué à l'échec parce qu'il ne reposait pas sur les prix pour allouer les ressources. Il a eu raison. Aux Etats-Unis aujourd'hui, nous nous reposons de moins en moins sur des prix «honnêtes». L'Etat fédéral contrôle 90 % du financement du logement […]Le capitalisme de connivence assure un accès spécial au capital pour les entreprises et les secteurs protégés.
Les entreprises qui se trouvent en difficulté, […] sont renflouées. […] Si nous voulons restaurer notre liberté économique et récupérer un marché libre incroyablement productif, nous devons rétablir la vérité sur les marchés.»
Dixit le vice-président de la Federal Reserve Bank à Dallas et analyste au Cato Institute à Washington DC.
Charité bien ordonnée devrait commencer par s'exercer chez ceux qui sont les pourvoyeurs de ces idées qu'ils n'arrivent pas à matérialiser sur le propre sol. L'honnêteté intellectuelle dicte de ne rien dissimuler, surtout l'ignorance. La mauvaise foi, elle, ne paye jamais longtemps.


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