, L'Algérie a subi plusieurs tremblements de terre, le plus dévastateur étant celui de la wilaya de Boumerdès qui a provoqué la mort de pas moins de 2 278 personnes et plus de 10 000 blessés. Une partie de la population éprouvée, faut-il le souligner, n'arrive toujours pas à panser ses blessures. A ce lourd bilan humain, s'ajoutent les dégâts matériels évalués à l'époque à 5 milliards de dollars. Depuis cette catastrophe, peut-on parler de mobilisation réelle de l'Etat en ce qui concerne la mise en place d'une réglementation relative aux constructions ou son implication dans la création d'institutions spécialisées en sismologie ? Pour Mustapha Meghraoui, spécialiste au Centre sismologique de Strasbourg (France), l'Algérie a besoin de «centres d'excellence»en matière de recherche en science des séismes et tsunamis. Il est question, comme l'a rapporté l'APS, de mettre en place des bases de données et une cartographie des zones sismiques en Afrique du Nord pour éviter de lourdes pertes en cas de catastrophe naturelle. Selon ce spécialiste, «l'Algérie manque cruellement de données et d'études scientifiques sur la plaque tectonique de l'Afrique du Nord et la seule certitude, aujourd'hui, est que cette zone est marquée par une forte activité sismique». A cet effet, M. Meghraoui préconise l'implication de scientifiques et de jeunes doctorants pour l'accomplissement de cette mission. Le spécialiste qualifie «d'erronée» la zonation sismique faite en Algérie (classification en zones par rapport à l'activité sismique). «On voit par exemple Oran et Guelma classées dans les zones intermédiaires alors qu'elles devraient l'être dans la liste une, selon les observations des scientifiques», avance-t-il. Dans la foulée, il précise que le seul moyen de détecter les zones silencieuses, qui ne sont pas sans danger d'ailleurs, est de faire des études approfondies de la plaque nord-africaine et de la faille, à l'aide d'instruments modernes tels que le GPS ou le radar par satellite pour voir les déformations géologiques le long de la ligne de plaque. Des recherches qui ne peuvent aboutir sans l'implication des étudiants et chercheurs algériens qui, a-t-il relevé, «sont capables de les mener et de partager les informations et données existantes pour mieux appréhender le phénomène du séisme qui ne connaît pas de frontières». Sceptique, par ailleurs, quant à la fiabilité des informations recueillis par les stations GPS en Algérie, M. Meghraoui estime que l'analyse des données recueillies demande un certain rigorisme, ces mêmes données «sont déterminantes pour une bonne appréhension du phénomène dans la partie nord africaine», dira-t-il. Pour ce faire, il recommande la mise en place de dizaines de stations disséminées à travers tout le pays, avec une analyse des données «pour aller vers une bonne prévention des risques et des prévisions, mais non pas de prédiction». L'expert plaide, également, pour une coopération internationale en Afrique du Nord et en Méditerranée.