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Islam et civilisation (I)
Publié dans La Nouvelle République le 15 - 07 - 2010

Cette condition noble de l'homme a une portée considérable. Elle lui vaut la protection divine, consacre sa liberté, son vouloir et son intelligence. L'homme ainsi honoré par Dieu est un être véritablement libre et pleinement conscient des grandes responsabilités et des obligations qui lui sont dévolues en vertu de ces paroles divines : «Nous avions proposé le dépôt de la foi aux cieux, à la terre et aux montagnes. Ceux-ci ont refusé de s'en charger, ils en ont été effrayés. Seul l'homme s'en est chargé, mais il est injuste et ignorant.»
L'honneur divin dont l'homme est gratifié implique donc des obligations. Ce dernier est ainsi tenu de gérer les affaires de ce monde mis par Dieu à son service, en mobilisant toutes ses forces physiques et spirituelles, en vertu de verset du Coran : «Il a mis à votre service ce qui se trouve dans les cieux et sur la Terre. Tout vient de Lui. Il y a vraiment là des signes pour un peuple qui réfléchit.»
La réflexion s'avère donc en islam un impératif de première importance.
Face à l'univers à lui soumis par Dieu l'homme n'a pas à être indifférent. Au contraire, il doit s'appliquer à l'observer, à l'étudier pour en tirer le meilleur parti pour lui et pour l'humanité tout entière. Il peut y arriver grâce au savoir, à la réflexion et à son intelligence. En effet, ces facultés, mises en œuvre pour étudier l'univers dans toutes ses dimensions terrestres et spatiales, garantiront à l'homme le progrès civilisationnel et la prospérité tant matérielle que spirituelle.
Par ailleurs, en islam, la civilisation implique l'exploitation des ressources de la Terre, le développement de la vie qu'elle abrite et, en somme, le progrès humain sur tous les plans, moral, scientifique, artistique et social, le tout conformément aux lois divines. Dans cette perspective, seule la société islamique, fondée sur des principes divins, est considérée comme civilisée. Et pour cause : elle est la seule société où prédomine les valeurs proprement humaines et les qualités morales qui distinguent l'homme de toutes les autres créatures.
De fait, ce sont ces valeurs sublimes et impérissables consacrées par l'islam depuis toujours qui doivent constituer la base de toute société humaine, qu'elle soit urbaine ou rurale, industrielle ou agricole. Car, dans toute société, il est fondamental de promouvoir les qualités qui font la spécificité de l'homme pour prémunir celui-ci contre le retour à l'état dégradant de bestialité.
La civilisation islamique, rappelons-le, a toujours porté avec elle ces hautes valeurs humaines qui se manifestent, selon les lieux, sous diverses formes. Car, chaque fois qu'elle s'introduit dans un milieu, notre civilisation met en jeu les potentialités et les acquis qui lui sont innées et qu'elle développe conformément à la loi divine immuable.
L'islam adapte toujours, en effet, son modèle civilisationnel aux sociétés qu'il gagne à sa cause, qu'elles soient primitives ou développées, industrielles ou agricoles, tout en mettant à profit les acquis et les ressources dont elles disposent.
Telle est donc la conception islamique de la civilisation. Et la vraie décadence, dans cette optique, c'est quand on transforme les prodigieuses réalisations de la science en des moyens de destruction et d'oppression et qu'on utilise les pouvoirs démesurés dont elle nous dote pour semer l'anarchie et pervertir les moeurs au lieu d'oeuvrer pour rehausser le rang de la morale et conjurer toute forme d'injustice et de tyrannie. En islam, la science vise moins à vaincre la nature qu'à la maîtriser sagement en s'employant à y découvrir les lois divines.
Animé d'une telle vision, l'islam a donc donné naissance à une civilisation aux horizons larges, ouverte à tous les apports matériels, intellectuels et spirituels de l'humanité. Les traditions qui confirment cette orientation islamique sont abondantes. En voici quelques-unes :
- D'après Abou Hurayra, que Dieu le bénisse, le Prophète (QSSSL), que la paix et le salut soient sur lui, a dit : «Quiconque prend le chemin à la recherche du savoir, Dieu lui indiquera la voie du Paradis.»
- Abou Hurayra rapporte également que le Prophète (QSSSL), que la paix et le salut soient sur lui, a dit : «L'œuvre de l'homme périt avec lui, sauf trois choses : un acte de charité aux bienfaits inépuisables, un savoir utile pour la postérité, un enfant vertueux qui priera pour son âme.»
- Ibn Masoud rapporte que le Prophète (QSSSL), que la paix et le salut soient sur lui, a dit : «Il n'y que deux hommes qui valent d'être enviés : l'homme qui dépense les richesses que Dieu lui a données dans des œuvres charitables et celui qui, doté de sagesse, la pratique dans sa vie et l'enseigne aux autres.»
- Le Prophète (QSSSL), que la paix et le salut soient sur lui, a dit en outre : «La sagesse, en dehors de la prophétie, consiste à agir convenablement.»
- Il a dit également : «La parole sage est le but suprême du croyant. Il lui revient, mieux que tout autre, de la rechercher partout où elle se trouve.»
C'est dans ce même ordre d'idée, Ibn Roshd a écrit : «Si l'on trouve chez des nations antérieures des réflexions sur les êtres et une étude de ces derniers sur des critères rationnels, on retient de leurs oeuvres, volontiers et avec gratitude, tout ce qui n'est pas contraire à la vérité. On signalera, en revanche,, toutes leurs déviations en mettant en garde ceux qui risquent de s'y tromper. Mais on ne leur en tiendra pas rigueur.»
Rien d'étonnant donc que la civilisation islamique, animée de cet esprit d'ouverture, a, pendant son âge d'or, intégré à son patrimoine les connaissances héritées des civilisations antérieures, fussent-elles matérielles. Il s'est produit ainsi une symbiose entre différentes civilisations procédant toute d'un fonds universel commun mais gardant chacune son identité propre. C'est qu'un rapprochement de cultures d'horizons variés ne doit pas se faire au détriment des spécificités nationales ou confessionnelles qui doivent être, au contraire, maintenues, vu leur rôle capital dans le progrès des peuples et la mise en oeuvre de leurs capacités créatives. De surcroît, cette mosaïque de civilisations ne peut qu'enrichir le patrimoine universel. On ne saurait nier, en effet, l'apport de tous ces peuples et ces nations qui ont hérité de leur passé glorieux un patrimoine civilisationnel riche avec sa philosophie, ses usages et ses coutumes. Et pour peu qu'on s'y intéresse, on décèle dans ce patrimoine séculaire l'identité culturelle particulière et l'empreinte créative des nations qui l'ont forgé.
On découvre également ce que ces nations ont de commun et ce qui les distingue les unes des autres en se penchant sur leurs doctrines, leurs traditions, leurs goûts esthétiques, leurs visions philosophiques concernant la place de l'homme dans l'univers, sa vie après la mort, leur conception des réalités immatérielles et métaphysiques, les critères d'après lesquels elles distinguent ce qui est légal de ce qui ne l'est pas, ce qui est interdit de ce qui est licite.
Cet héritage civilisationnel si varié a été forgé, depuis les temps les plus reculés, par des peuples aussi anciens que les Babyloniens, les Assyriens, les Phéniciens et les Egyptiens.
D'autres nations ont également apporté leur pierre à cet édifice civilisationnel universel. Les philosophies et les différentes traditions et manières de vivre que nous ont léguées les anciens Persans, Chinois, Indiens et Japonais sont, à cet égard, d'une valeur inestimable. Il en est de même pour la civilisation occidentale, depuis la Grèce antique jusqu'à la Renaissance et aux temps modernes. Et la civilisation islamique n'a-t-elle pas puisé, au cours de sa formation, dans les riches patrimoines des peuples gagnés à l'islam qu'elle a revigorés, expurgés et adaptés aux normes islamiques ?
Mais les musulmans n'étaient pas que des simples copistes. Au contraire, ils ont beaucoup enrichi de leur apport original les oeuvres des anciens qu'ils ont recueillies. Ce faisant, ils ont toujours fait la part des choses, ne sacrifiant ni les préceptes de l'islam ni les acquis empruntés aux autres civilisations.
Il importe donc d'envisager la pensée universelle en tenant compte, d'une part, des traits spécifiques et du génie particulier de chaque civilisation et, d'autre part, du fonds commun universel dont procèdent toutes ces civilisations humaines réunies. Mais cette double approche doit se fonder sur des critères objectifs.
On classera ainsi dans la catégorie du savoir universel commun les sciences physiques qui étudient les phénomènes naturels, la matière et ses propriétés. C'est pour cette raison que ces sciences sont méthodologiquement neutres et se fondent sur l'expérience concrète et sur l'observation des faits matériels. Or, ce genre de faits étayés de preuves tangibles restent les mêmes, indépendamment des dogmes, des doctrines, des vues philosophiques et des origines raciales de ceux qui les mettent à jour. Comment ces sciences seraient-elles, en effet, différentes d'une nation à une autre et d'une civilisation à une autre alors qu'elles étudient toutes le même objet, à savoir la matière et ses divers phénomènes. Il en est de même des sciences comme les mathématiques, la chimie, les sciences naturelles, la médecine et la géologie : toutes utilisent les mêmes méthodes, étudient les mêmes faits et les mêmes lois scientifiques, abstraction faite de la civilisation à laquelle elles appartiennent. Si différence il y a, c'est uniquement au niveau des théories, des inventions et de la mise en pratique des lois de ces sciences. Les vérités scientifiques, elles, restent imperméables aux différentes tendances dogmatiques, confessionnelles, et culturelles. On peut également replacer dans le cadre de ce patrimoine commun un grand nombre de réalisations, de moyens et d'institutions que l'homme, expériences aidant, a pu mettre au point pour subvenir à ses besoins et réaliser ses objectifs.
Tous ces acquis, donc, indépendamment de leurs finalités et des intentions de leurs artisans, peuvent être dans une large mesure partagés, pourvu que celui qui les emprunte puisse les aménager à sa convenance et leur imprime sa marque distinctive. En effet, aucune civilisation, fut-elle la plus avancée, ne peut se passer des apports étrangers qui lui permettent d'enrichir ses propres acquis.
Tous les peuples ont ainsi recouru à l'emprunt direct et volontaire aux autres nations et toutes les civilisations sont fondées sur cet échange fécondant entre peuples et ce mélange d'éléments d'origines variées. Et il ne faut voir dans le recours aux acquis étrangers aucun signe de faiblesse et d'infériorité. Au contraire, c'est un enrichissement dont il faut être fier. Les interférences culturelles constituent un phénomène normal dont il ne faut pas s'inquiéter.
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Dr Ahmed Abderrahim


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