Abd el Aziz marcha sur Tlemcen en 1370 ; Abou Hammou II voulut aller à sa rencontre ; ayant appris que les Arabes Makil l'abandonnaient, il quitta pour la troisième fois sa capitale dont les Mérinides prirent possession. Les Arabes demandèrent alors à Abd el Aziz l'autorisation d'occuper leurs anciens territoires, il la leur refusa ; c'est pourquoi ceux-ci retournèrent du côté d'Abou Hammou II. Les Kharadj des Doui Obeïd Allah rejoignirent les bandes des Beni Amer restées avec ce prince et, sous la conduite de leur chef Rahlou, fils de Mansour Ibn Yacoub, ils vinrent bloquer Oujda ; une armée mérinide envoyée de Tlemcen les mit en fuite. La garnison de cette dernière ville rentra à Fez en 1372 à la mort d'Abd el Aziz ; l'Abdelouadite Abou Hammou II fut aussitôt acclamé par la population et revint prendre possession de son trône en décembre de la même année. En 1374, Abou el Abbas s'empara du pouvoir à Fez. Les Mérinides furent ensuite trop occupés par les troubles qui agitèrent leur empire pour s'occuper des territoires de la rive droite de Moulouya ; ils laissèrent donc le champ libre aux entreprises des Abdelouadites. Le Mérinide Abou el Abbas, au cours de la répression d'une révolte, s'avança jusqu'à la Moulouya en 1377-1378 ; Abou Hammou II effrayé lui fit faire des protestations de dévouement. Le sultan abdelouadite profita plus tard des guerres civiles, qui déchirèrent ses voisins, pour envahir l'ouest et dévaster la vallée de la Moulouya ; il alla même mettre le siège devant Taza, mais se retira en apprenant le succès d'Abou el Abbas sur ses compétiteurs. Abou el Abbas, dès son retour à Fez, marcha contre Abou Hammou II pour se venger de cette agression ; le sultan abdelouadite s'évada la nuit de Tlemcen, que les Mérinides mirent au pillage vers 1383. Abou el Abbas ayant à faire face à de nouvelles difficultés intérieures, qui amenèrent sa chute et son remplacement par Moussa, fils d'Abou Einane, en 1384, Abou Hammou II put réoccuper Tlemcen en ruines. En 1387, Abou Tachefine II détrôna son père Abou Hammou II ; ce dernier ayant reçu des adhésions abandonna à Bougie le pèlerinage de La Mecque, il passa au sud de Tlemcen et s'arrêta près d'Oujda. Son fils le força à reculer jusqu'à l'oued Za, mais, avec l'appui des Ahlaf, il parvint à entrer dans la place forte de Mama, à proximité d'Oujda. Abou Tachefine II, qui, pendant ce temps, avait été abandonné d'un certain nombre de ses partisans, s'enfuit au désert ; Abou Hammou II se réinstalla donc à Tlemcen en juillet-aout 1388. Les Mérinides donnèrent leur appui à Abou Tachefine II, qui expulsa de nouveau son père de la capitale Abdelouadite ; il en fut chassé à son tour par son frère Omaïr. Abou Tachefine II alla rejoindre à Taza l'armée mérinide en marche vers l'est ; cette armée battit, vers Sebdou, Abou Hammou II qui fut tué, son fils révolté Abou Tachefine II monta sur le trône de Tlemcen. Les Mérinides reprirent la route de Fez lorsque ce dernier se fut engagé à être leur vassal et à verser un tribut annuel. Abou Tachefine II paraît avoir cherché à étendre son autorité jusqu'à la Moulouya ; ce fut peut-être la raison de sa brouille avec le sultan de Fez, Abou el Abbas, au commencement de 1393. Celui-ci prépara une expédition contre Tlemcen afin d'y installer Abou Zian, frère d'Abou Tachefine II, lequel mourut sur ces entrefaites. Abou el Abbas se contenta donc d'envoyer son fils Abou Fares pour faire rentrer Tlemcen dans l'obéissance ; l'occupation eut lieu sans difficulté. Abou Fares retourna ensuite à Fez pour succéder à son père qui venait de mourir ; Abou Zian fut laissé à Tlemcen comme roi vassal. En 1399, les Mérinides intervinrent encore dans les querelles des princes Abdelouadites ; ils envoyèrent également une armée à Tlemcen en 1402 pour placer le trône Abou Abdallah, frère d'Abou Zian. A la fin du XIV siècle, les Arabes hilaliens, auxquels les souverains berbères avaient laissé prendre de la prépondérance, étaient devenus très turbulents et exigeants. Les Mehaïa de la fraction Dahhak el Aïad étaient établis au midi de Tlemcen, les Djaouna, Ghosel, Metarfa, Othmane et Hedjadj des Doui Obeïd Allah ( Makiliens) plantaient leurs tentes entre Tlemcen et Taourirt, ils avaient refoulé les Berbères dans les montagnes. Décadence des Mérinides et des Abdelouadites et l'intervention hafside au Maghreb occidental Les documents manquent pour écrire avec précision d'histoire de la région d'Oujda au cours du XV° siècle. La rivalité entre Mérinides et Abdelouadites continua à jeter le trouble dans le pays ; de plus, la décadence de ces deux dynastie, que les luttes intestines achevaient d'épuiser, ne pouvait qu'augmenter l'anarchie. Cette situation devait favoriser singulièrement la formation de petits Etats indépendants. On peut donc supposer, avec quelque certitude, que les populations de la rive droite de la basse Moulouya étaient généralement livrées à elles-mêmes. Léon l'Africain, qui écrivait au début du XVI° siècle, et après lui Marmol, englobent pourtant dans le royaume de Tlemcen l'Angad avec Oujda, Temzezdekt ou Temzegzet et Azli ou Zezil, mais il est à présumer que cette région était analogue au bled es siba (le pays insoumis) du Maroc moderne. Léon l'Africain le reconnaît d'ailleurs implicitement, quand il déclare que l'Angad était un repaire de voleurs, aux mains desquels les marchands échappaient difficilement, même en hiver, alors que les Numides (Arabes) étaient partis dans le Sud avec leurs troupeaux. On a vu précédemment quelle était la situation probable de Temzezdekt. D'après les auteurs précités, Izli ou Zezil était un ancien château bâti en plaine, à la lisière de merinide Abou Youcef ; il n'y serait resté que des gens misérables vivant dans des maisons basses couvertes en chaume. A côté de ce château se trouvait un gros ruisseau ou une belle fontaine, dont les habitants utilisaient l'eau pour l'irrigation de leurs terres.