« La question n'est pas quelle est la solution, mais comment faire pour vivre sans solution » (déclaration de Moshe Dayan, chef d'état-major, ministre de la Défense israélien, au lendemain de la guerre de 1967). Israël ne veut pas la paix. Israël ne veut pas d'un Etat palestinien. C'est cela l'amère vérité. Les faits et seulement les faits le prouvent depuis mai 1948, date officielle de l'avènement de l'Etat hébreu. De 25% du territoire de l'ancienne Palestine que constituaient ses frontières en 1948, Israël représente aujourd'hui près de 80% de la Palestine. Plus même, puisque les 20% de ce qui est la Cisjordanie et Ghaza aujourd'hui sont criblés par des centaines de colonies israéliennes. L'Etat hébreu a inversé, depuis, la situation sur le terrain. Cela est la vérité géographique. Sur le plan diplomatique, Israël viole à ce jour plus d'une centaine de résolutions de l'Onu. Par ailleurs, l'Etat hébreu a renié ses propres engagements à toutes les initiatives pour la paix qu'il a signées. Des Accords de Camp David en 1978 (qui lui ont permis de neutraliser l'Egypte pour s'attaquer au Liban en 1982) ; à ceux de la Conférence de Madrid en 1991 ; puis ceux d'Oslo en 1993 ainsi que le rejet des propositions des pays arabes de 2002, 2007 ou encore certaines propositions du Quartet (USA, Russie, UE, ONU). Israël ne s'est jamais senti réellement concerné ou inquiété dans son projet d'annexion de ce qui reste de la Palestine. Cela est la vérité politique et historique. Israël poursuit inlassablement, en toute quiétude, sa colonisation de la Palestine, toute la Palestine. Aujourd'hui, alors que Ghaza subit un déluge de feu de l'armée israélienne et compte ses morts, les institutions de la communauté internationale parlent de « couloirs humanitaires, d'aides alimentaire et sanitaire, etc. » A l'heure où nous mettons sous presse, le Conseil de sécurité s'est séparé sur un échec à cause du veto américain. C'est-à-dire que la plus haute instance internationale n'a même pas osé une simple condamnation de l'attitude d'Israël à Ghaza. La nouvelle présidence de l'Union européenne, la Tchéquie a renouvelé son soutien à Israël et se dit inquiète de l'évolution de la situation. La Commission européenne a décidé une aide financière de 3 millions d'euros. L'Allemagne accuse le Hamas d'être à l'origine du bombardement de ses propres populations. La France appelle à l'arrêt des opérations militaires (en sachant qu'Israël n'en n'a cure) ; les dirigeants des pays de la Ligue arabe interdisent à leurs peuples de manifester, au moins, leurs soutiens aux Ghazaouis... C'est dire le cafouillage de la diplomatie et de la politique qui accompagne la nouvelle agression israélienne. L'unique solidarité aux Palestiniens provient de la rue des capitales occidentales. ONG, associations, personnalités politiques de gauche, intellectuels... multiplient les rassemblements à Paris, Bruxelles, Berlin, Athènes, Londres, Washington, New York... pour dénoncer les crimes de l'Etat hébreu. Après plus de 60 ans de négociations politiques, diplomatiques engagées sous toutes les instances internationales, plus qu'un échec consommé, c'est pratiquement une complicité de fait de l'Occident pour la colonisation de la Palestine. Faut-il croire que l'espoir, si tant est qu'il en reste, viendra de la rue, de l'engagement des peuples ? De leurs pressions sur leurs gouvernants ? Au-delà, il reste cette question à laquelle les gouvernants n'osent répondre : quelle sera la suite des événements après cette offensive meurtrière sur Ghaza ? Penser arriver à bout de la résistance palestinienne par les armes est une chimère. Le conflit durera, deviendra de plus en plus violent et aura de lourdes conséquences sur la paix dans d'autres contrées dans le monde tant qu'Israël ne se sera pas retiré sur les frontières de 1967, reconnu un Etat palestinien à ses côtés avec Jérusalem Est comme capitale. C'est un minimum pour la survie des deux Etats.