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Nationaliser les banques insolvables
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 14 - 02 - 2009

Il y a un an, je prédisais que les pertes des institutions financières américaines atteindraient au moins un milliard de milliards de dollars, voire deux. A l'époque, les économistes et les responsables politiques s'accordaient à dire que ces estimations étaient exagérées, puisqu'on pensait que les pertes liées aux subprimes ne totaliseraient qu'environ 200 milliards de dollars. Comme je l'ai fait remarqué, l'économie américaine et mondiale glissant vers une grave récession, les déficits bancaires iraient bien au-delà de ces prêts hypothécaires à risque, au point d'inclure les subprimes, les near-primes et les primes, l'immobilier commercial, les cartes de crédit, les prêts automobiles et étudiants, les prêts industriels et commerciaux, les obligations émises par des entreprises privées, les obligations souveraines, les obligations d'Etat nationales et locales et les déficits sur tous les actifs qui ont titrisé ces prêts. En effet, depuis lors, les dépréciations effectuées par les banques américaines ont déjà franchi la barre du milliard de milliards de dollars (d'après mon estimation plancher des pertes), et des institutions comme le FMI et Goldman Sachs prévoient maintenant des pertes supérieures à deux milliards de milliards de dollars.
Si ce chiffre vous paraît déjà astronomique, sachez que selon les dernières estimations de mon cabinet de recherche, RGE Monitor, les pertes totales des prêts accordés par les compagnies financières américaines et la chute du cours des actifs qu'elles détiennent (telles les valeurs mobilières adossées à une hypothèque) s'élèveront à environ 3,6 milliards de milliards de dollars.
Les banques et courtiers américains sont exposés à environ la moitié de ce chiffre, soit 1,8 milliard de milliards ; le reste est supporté par d'autres institutions financières aux Etats-Unis et à l'étranger. Le capital qui finançait les actifs des banques n'était que de 1,4 milliards à l'automne dernier, laissant le système bancaire américain avec quelques 400 millions manquants, ou près de zéro même après la recapitalisation de ces banques par le gouvernement et le secteur privé. Un autre milliard de milliards et demi est nécessaire pour ramener le capital des banques à son niveau d'avant la crise, afin de résoudre le problème du resserrement du crédit et de rétablir les prêts au secteur privé. Le système bancaire américain est donc véritablement insolvable dans l'ensemble, de même qu'une grande partie du système bancaire britannique et que nombre de banques européennes.
Quatre méthodes élémentaires permettent d'assainir les systèmes bancaires en proie à une crise systémique : le refinancement des banques, associé au rachat de leurs actifs toxiques par une « mauvaise banque » (« bad bank ») d'Etat ; le refinancement, associé à des garanties gouvernementales - après un premier déficit chez les banques - des actifs toxiques ; le rachat privé des actifs toxiques avec garantie gouvernementale (plan adopté par les Etats-Unis) ; et la nationalisation inconditionnelle (ou, si vous n'aimez pas ce terme grossier : « redressement judiciaire gouvernemental ») des banques insolvables et leur revente au secteur privé après qu'elles ont été assainies. Les trois premières méthodes ont de sérieux inconvénients. Avec celle de la « mauvaise banque », le gouvernement risque de trop payer pour des actifs toxiques dont la valeur est incertaine. Même avec celle de la garantie, ce sur-payement implicite du gouvernement est possible (ou une sur-garantie dont la valeur n'est pas correctement fixée par les commissions que reçoit l'Etat).
Dans la méthode de « mauvaise banque » s'ajoute aux problèmes du gouvernement celui de gérer l'ensemble de ses nouveaux actifs toxiques - tâche pour laquelle il n'est pas compétent. La très encombrante proposition du Trésor américain de supprimer les actifs toxiques des bilans des banques tout en apportant des garanties gouvernementales était si peu transparente et compliquée que les marchés ont chuté dès son annonce.
La nationalisation peut donc être, paradoxalement, une solution plus adaptée aux besoins du marché : elle écarte les actionnaires ordinaires et privilégiés des institutions manifestement insolvables, et éventuellement les créanciers sans garantie si l'insolvabilité est trop importante, tout en présentant quelques avantages potentiels pour le contribuable. Elle peut aussi résoudre le problème de gestion des mauvais actifs des banques en revendant la plupart des actifs et des dépôts - avec une garantie gouvernementale - après les avoir assainis à de nouveaux actionnaires privés (comme ce fut le cas pour sauver la banque Indy Mac).
De plus, la nationalisation permet de résoudre le problème des banques d'importance systémique, c'est-à-dire bien trop grandes pour faire faillite (« too-big-too-fail ») qui doivent donc être sauvées par le gouvernement à un coût élevé pour le contribuable. En fait, le problème a gagné du terrain parce que l'approche adoptée a poussé des banques faibles à reprendre d'autres banques encore plus faibles.
Faire fusionner des banques zombies, c'est comme demander à des ivrognes de s'aider à tenir debout. Les rachats de Bear Stearns et de WaMu par JPMorgan, de Countrywide et de Merrill Lynch par la Bank of America et de Wachovia par Wells Fargo font ressortir le problème. Grâce à la nationalisation, le gouvernement peut mettre un terme à ces monstruosités financières et revendre aux investisseurs privés des banques saines plus petites. La Suède a employé cette méthode avec succès pour sortir de sa crise bancaire du début des années 90 mais il est probable que la méthode américaine et britannique finisse par créer des banques zombies à la japonaise, qui ne font pas l'objet d'une bonne restructuration et perpétuent le gel du crédit. Le Japon a souffert d'une quasi récession durant près d'une décennie à cause de son incapacité à assainir ses banques. Il n'est pas exclu que les Etats-Unis, le Royaume-Uni et d'autres économies obtiennent des résultats similaires - déflation et récession sur plusieurs années - si elles n'agissent pas comme il se doit.
Traduit de l'anglais par Magali Adams
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* Professeur d'économie à la Stern School of Business de la New York University


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