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Formulaire d'émeute à remplir
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 16 - 04 - 2009

Une cinquantaine d'habitants de Oued (...), village relevant de la commune de Aïn (...), à quelque 70 km au nord de la wilaya de (...) ont fermé hier le siège de l'APC pendant toute la matinée, pour protester contre (...) et contre (...) et dénoncer les agissements de (...), soutenu par le chef de (...), etc. La situation monta d'un cran à l'arrivée d'un renfort des forces de sécurité, dépêchés sur les lieux à partir de la wilaya voisine de (...). Les protestataires exigeaient en effet la venue du wali et refusaient tout dialogue avec le SG de la daïra qui tentera vainement d'entamer un dialogue impossible. Le village de Oued (...) n'étant composé que de cinquante personnes justement, il s'avéra impossible d'y trouver un notable, un imam, un ancien joueur de football connu ou un président d'association pour le charger de quelques bons offices.
Quelques heures plus tard, les premières insultes fusèrent lorsque les forces de sécurité ont menacé de faire usage justement de leur force, pour la sécurité. La cinquantaine de protestataires se sentirent alors, par l'effet de la colère et l'appel du 1er Novembre encore diffusé en boucle dans les montagnes et les géographies surélevées de l'Algérie par effet Doppler, dans la peau de cent et répondit en arrachant l'unique lampadaire, brûlant l'unique pneu trouvé, démantelant le seul mètre de trottoir investi par l'APC et cassa la seule vitre du seul bureau climatisé de la seule APC de cet endroit très seul face au miroir. Quelques coups de feu éclatèrent, les forces sortirent leurs matraques, quelques chiens furent lâchés mais ne trouvèrent rien à mordre de valable et se dispersèrent dans la nature pour ne pas se sentir impliqués. Vers 14 heures, un bus spécial de notables assermentés arriva sur place, accompagnés d'un imam tendance Ghoulamallah, d'un vieux renard, deux canaris et une charte. La délégation préférera d'abord faire les ablutions, manger et s'entretenir avec le chef de brigade avant de se tourner vers la population qui lui tournait le dos.
Si le début de ce texte abuse de parenthèses, c'est qu'entre ces parenthèses, vous pouvez mettre le nom du village le plus lointain sans possibilité d'erreur. La banalité de ces drames banalisés a désormais atteint la fadeur des comptes rendus de massacres durant les années 90. La distance qui sépare le compte rendu d'un parricide de quartier et le drame d'Oedipe le Grec a été annulée. Il n'en reste que ces fait divers déjà pénibles à lire jusqu'au bout, même s'il s'agit d'un véritable effondrement aztèque de tout un univers pour les gens qui habitent ce genre de planète en émoi. Cela se fait déjà dans la mollesse de la rencontre entre une peuplade oubliée, relevant d'une mauvaise distribution de la nourriture, et de ses forces de discipline, à peine convaincues par la routine de leur monopole institutionnel sur la violence, tout aussi institutionnel.
Comment cela finit-il généralement ? Selon le cas. 1° - Les forces de sécurité optent pour la force, frappent, arrêtent et mettent en cage. Par la suite, le procureur met en prison, le wali intervient, la population négocie, le juge jugera mais avec le dos de la main. La population se replie, le village retombe dans sa biographie de cailloux et la leçon est apprise, pour quelques mois.
2° - Les forces de sécurité n'optent pas pour la force. Les manifestants sont calmés par épandage de promesses. Deux listes sont dressées. Celles des éléments à surveiller et celles des revendications à négocier. Les habitants demandent une usine Renault, le wali donne quatre locaux commerciaux. Les habitants demandent des jacuzzis, l'administration offre un terrain combiné avec deux immeubles RHP, etc. Le village retombera dans la banalité, mais avec un sandwich dans la main et une brindille de menthe à l'oreille.
3° - Tout est cassé. Les manifestants brûlent tout. Les forces de sécurité frappent tous. Un premier bilan fait état de plusieurs blessés dans les trois rangs : les forces, les faibles, les émeutiers. Le wali fuit chez sa mère qui sera chargée de négocier la protection de son fils chez la mère du patron de son fils et jusqu'au plus haut sommet. Le village est encerclé même s'il n'a jamais existé. Des arrestations se font dans le tas, chez le coiffeur. La presse en parle, une raison pour que l'ENTV n'en parle pas. Le village est isolé encore plus, coupé de tout lien parental et de tout opérateur téléphonique et laissé seul debout dans sa biographie de chaussure impaire. Longtemps après, Ould Abbès y viendra distribuer des bus, accompagné du wali qui offrira une route.
Dans tous les cas de figure, tant que les manifestants n'ont pas une barbe, ne «descendent» pas à Alger, ne cassent pas une wilaya entière, ne s'adressent pas à France 24 en direct ou ne s'approchent pas de la frontière tuniso-marocaine, ils sont dans la métaphysique du fait divers. Même vous, vous ne vous y intéressez plus.


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