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La grippe et quelques réflexions sur l'info
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 06 - 05 - 2009

C'est une évidence, mais se la répéter de manière régulière est toujours bénéfique : être inondé par un flot continu de dépêches et de nouvelles est tout sauf, la garantie d'être bien informé. Si vous avez accès aux agences de presse, à quelques journaux en ligne, au flux RSS d'une demi-douzaine de blogs et aux messages diffusés via des listes de distribution, vous arriverez facilement à un bon millier de titres par jour, tous lus en diagonale, emmagasinés quelque part dans l'un de vos deux hémisphères cérébraux et, le plus souvent, très vite oubliés à moins qu'ils ne continuent à faire l'actualité dans les jours qui suivent.
Ce gavage a parfois de drôles de conséquences. Par exemple, en regardant le journal télévisé du soir, on a la sensation d'être décalé dans le temps, se demandant si l'on est soi-même en avance par rapport à la marche de l'information ou si, à l'inverse, les télévisions ne sont pas en retard d'une manchette ou d'un scoop. Une info mémorisée le matin, réentendue très tard le soir, pousse ainsi à se demander si l'on est hier ou aujourd'hui, et s'il existe un repère linéaire bien ferme auquel on peut se raccrocher.
Il arrive aussi que l'on ingurgite une information dont on s'attend à ce qu'elle fasse grand bruit avant de réaliser qu'elle n'a rien provoqué, du moins pas dans l'immédiat. Et puis, soudain, six mois plus tard, la voici qui réapparaît et qui enflamme une partie du globe, déclenchant polémiques et manifestations. Ce fut le cas des fameuses caricatures danoises. Les premiers articles sur cette affaire ont été publiés à la fin de l'été 2005, mais l'embrasement des foules ne s'est matérialisé que six mois plus tard, confirmant que le cheminement d'une information est comparable à celui d'une infiltration d'eau dans un mur ou à travers une roche censée être imperméable.
Voilà qui nous amène à cette fameuse grippe mexicaine, qu'il ne faut d'ailleurs plus appeler par ce nom, par égard à la susceptibilité, somme toute bien compréhensible, des Mexicains (peut-être faudrait-il la baptiser « grippe tequila » par analogie à la fameuse crise financière du milieu des années 1990) ? Une recherche sommaire dans les archives montre que les premières dépêches sur cette maladie remontent à... deux ans ! C'était juste après la grande crainte provoquée par la grippe aviaire, et des spécialistes s'étaient alors alarmés de l'existence de foyers de grippe porcine au Mexique et dans quelques pays andins. Cette information a sûrement été enregistrée par des milliers de lecteurs qui l'ont très vite zappée. Plus proche dans le temps, c'est début avril que de rares papiers ont commencé à évoquer l'existence d'un risque épidémique au Mexique et dans le reste du monde. Mais, jusqu'à il y a dix jours, ce thème est largement passé au second plan, écrasé par la crise financière et les séquestrations de patrons, les agissements des pirates dans le Golfe d'Aden ou la marche triomphale des Talibans sur la province du Swat. Et, tout d'un coup, est venu le moment de la panique ! Alerte, le A/H1N1 arrive en force ! Tous à vos masques et sus aux antiviraux... On peut parier que nombreux sont les grands consommateurs d'info qui n'ont rien vu venir. Encore une fois, il suffit, pour s'en convaincre, d'examiner les publications du mois de mars et surtout d'avril. Un petit article par-ci, une brève par-là ; parfois l'interview d'un spécialiste quelque peu inquiet, mais n'a-t-on pas l'habitude de lire en permanence les propos d'experts pessimistes quant à l'avenir de la planète, du climat, des ours polaires ou de la paix au Proche-Orient, en Asie du Sud-Est ou dans le Sahel ? Puis, le thème de la grippe porcine s'est densifié petit à petit, devenant incontournable pour les unes et les ouvertures de JT, mais pour l'immense majorité du public, c'est le passage en niveau d'alerte 5 au niveau de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) qui a sonné l'heure du réveil.
«Niveau 5 sur une échelle de 6 », « propagation planétaire imminente », « série de recommandations pour les pays qu'ils soient concernés ou non », « jusqu'à présent, le niveau maximal atteint n'a jamais dépassé 3 », « grippe espagnole de 1918 », « réduction des voyages et des rassemblements liés aux transports publics »,... Ces phrases et d'autres ont commencé à tourner en boucle, extirpant les thésards de leurs recherches, les écrivains de leurs manuscrits ou tout simplement les êtres humains de leurs quotidiens. Subitement, l'apocalypse se préparait à frapper à nos portes. Dans les grandes villes, les rumeurs ont commencé à circuler. « Les stocks d'antiviraux ne sont pas suffisants », « ils sont périmés », « tous les passagers d'un vol arrivé de Mexico ont été isolés de force », « il y a du faux tamiflu en vente sur internet »... Et puis, le soufflet médiatique est retombé. A ceux qui cherchaient un piston chez un pharmacien ou un médecin pour acheter un antiviral, on a commencé à expliquer qu'il y avait finalement « plus de peur que de mal ». Il faut, nous incitent aujourd'hui dépêches et articles pratiques, « continuer à se laver les mains » (!) et à reporter éventuellement tout voyage au Mexique ou aux Etats-Unis sans pour autant céder à la panique. Ce changement de ton mérite d'être médité. Sans que l'on s'en aperçoive, le rythme des médias s'est finalement imposé à celui de la crise latente. La catastrophe annoncée tardant à venir, la presse, notamment les télévisions, a décidé qu'il n'y avait (presque plus) rien à voir ou à dire. Or, c'est peut-être maintenant que tout se joue, et les médias, qui cherchent ailleurs des thèmes plus immédiats et plus en phases avec leurs logiques de bouclage et de captation d'audience, ne nous rendent sûrement pas service.


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