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Cercles de silence : honneur et consciences
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 24 - 05 - 2009

Sur la place du Palais-Royal, en ce mardi 26 mai 2009, des femmes et des hommes protestent sous un ciel d'azur alors que les heures précédentes n'ont été que nuages sombres et trombes d'eau sur la ville. Face au Conseil d'Etat, ils disent tout simplement non. Ils clament leur indignation, peut-être même leur colère. Mais ils ne bougent pas, ne martèlent aucun slogan, ne brandissent aucun poing et seuls quelques-unes et quelques-uns portent sur leurs dos des pancartes. Il est dix-huit heures trente, c'est la sortie des bureaux, la rue de Rivoli, comme de coutume, est encombrée mais pas plus le vacarme de la circulation que le grondement souterrain du métro ne sont audibles.
En réalité, c'est le silence de ces manifestants qui est assourdissant. C'est lui qui pèse sur la place, rendant secondaire toute l'agitation des alentours. C'est lui qui prend le passant ou le touriste à la poitrine ou à la gorge et le fait se retourner, s'inquiéter, parfois s'éloigner après s'être demandé ce qui peut bien se passer. C'est ce silence qui transforme la place en clairière, en sanctuaire.
Combien sont-ils ? Cent ? Deux cents, peut-être. Une journaliste dépêchée par un quotidien populaire les compte un par un. Ils ne sont ni masse, ni paquets humains ni foule gesticulante mais ils composent au contraire la plus belle forme géométrique, égalitaire et solidaire. Ils forment un cercle. Un Cercle de silence qui va durer une heure. Soixante minutes d'interpellation muette. Une heure pour «dénoncer les traitements inhumains réservés aux migrants du seul fait qu'ils n'ont pas de papiers en règle.» Une heure pour interpeller les consciences d'un pays, dit des droits de l'Homme, dont des lois, décrets et circulaires «brisent des vies humaines et font voler en éclat des couples et des familles.»
Nombre d'entre eux, mais pas tous, sont croyants. Des «cathos» comme l'on dit ici, avec parfois cette petite moue de mépris qu'arborent les ultras de la laïcité pour discréditer ceux qui, envers et contre tout, gardent et affichent leur foi. Ces croyants savent, n'ont pas oublié, ce que cette phrase de l'Eternel signifie : «Tu accueilleras l'étranger.» D'autres sont là par conviction, celle qu'inspire le devoir d'humanité face «aux interpellations au faciès», face à «l'enfermement d'hommes, de femmes et même d'enfants dans des centres de rétention administrative et leur expulsion.» Tous n'acceptent pas que «la France refuse sa protection aux demandeurs d'asile qui sont exposés à de très graves dangers en cas de retour dans leur pays d'origine.» Tous dénoncent et refusent «cette chasse aux étrangers qui inflige des traumatismes profonds à ceux qui en sont les témoins, à la société tout entière, aux enfants particulièrement.»
Au centre du Cercle, brûle la flamme d'une lampe à pétrole posée à même le sol. A bonne distance des unes et des autres, elle incarne tant de choses, tant de souffles, de mémoires d'hommes, d'espérances. Elle rappelle que, de tous temps, l'Humanité réunie autour d'un feu a su trouver les moyens de survivre et de faire face aux épreuves les plus dures. A entendre ce Cercle, à l'observer, à le partager, l'on se sent homme parmi les hommes. Et l'on réalise aussi la puissance du silence.
Une heure sans parler, à rester immobile, les bras pendants, derrière le dos ou croisés. Une heure d'intériorité. Une éternité. Ce silence vaut mille violences contre l'iniquité, l'injustice et toutes ces tares qui, justement, savent si bien se nourrir de la violence pour se renforcer et triompher.
Un cercle, deux cercles, dix, ils sont désormais plus de 140 à se former ici et là dans l'Hexagone, tous les troisièmes vendredis du mois mais aussi lorsque des circonstances exceptionnelles l'exigent comme en ce mardi, lendemain de l'ouverture de la morne campagne électorale pour les élections européennes (*). De six à huit mille participants. Encore plus demain, sûrement. Il ne s'agit pas de manifestations banales mais d'un rassemblement «d'humanistes épars», d'une «objection de conscience», d'une révolte non violente avec «l'arrêt de la politique d'enfermement et d'expulsion des étrangers» pour seul mot d'ordre général. Il y a souvent deux France. Il y a celle que l'on moque et celle que l'on admire ; celle que l'on honnit et exècre et celle que l'on aime et respecte ; celle qui accable et désespère et celle qui redonne espoir et foi dans et à l'Humanité. Celles et ceux qui composent, mois après mois, les Cercles de silence, font assurément partie de la seconde. Ces femmes et ces hommes sont l'honneur de leur pays, sa conscience et leur mérite est grand que de vouloir «que la France redevienne un pays d'accueil sans cesse enrichi et transformé par des êtres humains venus du monde entier.» Leur rendre hommage n'est pas qu'un simple remerciement mais une obligation. Un devoir pour que l'on sache, au Sud comme au Nord, qu'il existe des Françaises et des Français qui, comme d'autres avant eux, ne craignent pas de se lever pour dire non quand tant d'autres se couchent ou détournent la tête.
(*) Les prochains Cercles se tiendront les 19 juin, 17 juillet, 21 août et 18 septembre (http://cercledesilence.info/).


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