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Le Plaisir de lire, et le désir de continuer à s'intruire
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 22 - 06 - 2009


1ère partie
«Surtout, apprenez à vos élèves à se servir des livres, ces professeurs muets qui, si vos soins n'ont pas été inutiles, les accompagneront et les éduqueront pendant tout le cours de leur vie.» (Paul Bernard)
Car il nous faut songer au lendemain de l'école: puisque l'école prépare à la vie, donne à l'enfant un minimum d'instruction et le munit d'une méthode de travail, ne doit-elle pas aussi lui apprendre à se servir des outils dont il disposera lorsqu'il sera livré à lui-même ? Ne doit-elle pas l'habituer à utiliser les livres scolaires, et aussi les ouvrages de fond et les revues ? Ne doit-elle pas créer et entretenir en lui le goût et le plaisir de la lecture personnelle et le désir de continuer à s'instruire ?
Et je crois bien que nous serons tous d'accord en pesant nos paroles que l'instruction scolaire a presque échoué si elle n'a pas développé le besoin de lecture.
Nos enfants n'aimeront lire que s'ils savent lire couramment, avec aisance et sûreté. Ils n'aimeront lire que si, en outre, comprenant ce qu'ils lisent, ils goûtent la beauté et l'émotion des textes lus.
Apprenons à nos enfants à bien lire, à lire avec intelligence et avec plaisir, choisissons des textes vivants, des récits captivants. Et si nous avons su éveiller le goût de lire, plus tard, ils ne seront plus murés dans un monde étroit, quartier ou village, usine ou magasin ou ferme. Le livre les arrachera à la monotonie quotidienne, aux soucis vulgaires ; il leur ouvrira le monde de la pensée, de l'imagination et du sentiment, « il relèvera l'humble lecteur en dignité, en valeur humaine.» «Un livre a toujours été pour moi un ami, un consolateur éloquent et calme.» G. Sand.
Elargir le champ de l'imagination
«Les élèves vont quitter l'école. Il leur faudra accroître leurs connaissances, ou même tout simplement apprendre à nouveau ce qu'ils ont appris. Ils n'ont plus d'autre ressource que le livre, le livre muet. Apprenez-leur donc à s'en servir et hâtez-vous : le temps que vous avez à leur donner est compté. » J. Tannery. Il a fait bien montrer la nécessité du livre pour cette culture de soi à travers la vie.
Pour cultiver l'imagination, il convient avant tout de lui fournir des aliments sains, propres à en élargir le champ : contes, lectures, poèmes appris par coeur... Tout en l'alimentant, pour l'empêcher d'errer en « folle du logis », il faut la maintenir dans les limites normales, l'intellectualiser, l'idéaliser et la discipliner. Les contes donnent une forme tangible à la rêverie et satisfont le besoin d'émotions de l'enfant: goût du merveilleux, admiration, crainte, pitié, détente, soulagement au dénouement heureux. Les lectures de voyages et d'aventures satisfont sa curiosité, forme entreprenante de l'imagination, et intellectualisent son imagination en lui permettant de projeter sa personnalité dans un monde semi-réel.
Les poèmes l'idéalisent. « La poésie, grâce à la langue magique dont elle dispose, est la grande évocatrice qui arrache l'enfant du peuple à l'état d'inconscience somnolente », nous confie F. Pécaut. Ajoutons qu'elle peut facilement devenir le pain quotidien de l'enfance.
Mais pour éviter à l'imagination de devenir « maîtresse d'erreur et de fausseté», comme le lui reproche Pascal, il faut l'empêcher de se perdre dans le romanesque, la discipliner au contact du réel : c'est le rôle des exercices d'observation qui, en lui donnant un aliment scientifique, la préparent à évoluer vers le logique et le rationnel.
L'imagination de l'enfant
«Mon fils est fort aise de relire deux fois, trois fois ce qu'il a trouvé beau: il le goûte, il y entre davantage, il le sait par coeur, cela s'incorpore : il croit avoir fait ce qu'il lit ainsi pour la troisième fois». Mme. De Sévigné.
Rappelons que l'imagination est la faculté de former des images. Son rôle fonctionnel serait de faciliter l'adaptation aux circonstances. On distingue deux sortes d'imaginations : l'imagination représentative ou mémoire reproductrice d'images déjà perçues, et l'imagination créatrice qui combine de nouvelles images. C'est évidemment de cette deuxième forme qu'il s'agit ici. Il semble bien que, si l'imagination reproductrice soit assez pauvre chez l'enfant (ayant peu vu, il a peu retenu), l'imagination créatrice paraisse plus riche : on trouve chez lui une certaine surabondance d'images.
Ce qui permet de dire que l'enfant est un artiste qui s'ignore dans une certaine mesure : dans ses jeux de fiction, notamment, il est comédien, danseur, chanteur, dessinateur. Comme l'artiste, il voit le réel d'une façon originale et exprime son monde intérieur à l'aide de certaines techniques en rapport avec son propre développement.
Mais ces images seraient inférieures en qualité à celles de l'adulte, vécues, autant, sinon plus que pensées, semblables à celles du rêve, de l'ivresse ou de la fièvre, c'est-à-dire non pas logiques et systématisées, mais au contraire parfois incohérentes ou absurdes et mal contrôlées, créatrices d'illusions et d'émotions toutes personnelles. Surabondance n'est donc pas richesse : l'imagination enfantine est isolante, plus imitative que créatrice, et elle opère plus dans le plan de l'action que dans celui de l'intellect. On connaît les étapes de son évolution : elle part de stade de l'illusion complète (âge merveilleux), passe par celui de la fiction (âge romanesque) et celui de l'imagination pratique (âge du positif) pour aboutir au stade scientifique (âge du rationnel). Autrement dit, elle est d'abord accommodation à un monde irréel, celui-ci n'étant que peu à peu senti tel, avant d'être progressivement adaptation au réel.
Le goût du merveilleux
«De chaque livre ouvert, il me plait d'espérer pour le moins du plaisir, peut être du savoir, et, qui sait ? de la sagesse.» G. Duhamel
C'est un aspect de l'imagination enfantine. Perception illusoire des choses et animisme font de la seconde enfance «l'âge du merveilleux» par excellence: l'enfant croit à l'existence de ce monde irréel qui lui cache le vrai et l'on trouve dans ses jeux de véritables pratiques magiques. Mais, avant même la fin de la seconde enfance, les réalités font reculer les illusions: celles-ci ne seront plus subies, mais voulues; elles deviendront des fictions. L'enfant sent que son monde imaginaire lui échappe, mais s'y cramponne: c'est l'époque des jeux dits de fiction (en joue au papa et à la maison, au chemin de fer, etc.). Dans ces jeux, l'enfant est heureux car il triomphe toujours alors que les réalités l'entravent. C'est pourquoi il désire prolonger cet état de choses et se réfugie dans ses chimères chaque fois que le monde le déçoit. Le jeu de fiction devient progressivement la rêverie romanesque qui, sous la pression du réel, cédera peu à peu la place au règne du positif sans jamais disparaître complètement.
«La nature veut que les enfants soient enfants avant que d'être hommes. » comme l'a bien spécifié Rousseau. Cette opinion est sage, car elle tient compte du développement de l'enfant et de ses besoins : l'évolution de l'enfance montre en effet, comme celle de l'humanité, que l'adaptation à un monde imaginaire, source d'enthousiasme, de poésie et de sécurité, doit précéder l'accommodation au monde réel, objectif et raisonnable, mais seulement accessible à l'esprit scientifique et par des méthodes dont la mise au point demande un long apprentissage.
C'est pourquoi, à l'école maternelle et à l'école primaire, les fables et les contes ont leurs libres entrées. Tant qu'il y aura des petits enfants, leurs maîtresses les enchanteront, les émerveilleront, les charmeront avec Aladin et la lampe merveilleuse, leur feront respirer ce parfum à la fois mystérieux et poétique, de récits merveilleux et fantastiques, les jolies épopées de Sindbad le marin dont le souvenir n'est pas sans charme pour la pensée des « vieillards », comme l'a dit Charles Nodier.
A partir de sept ou huit ans, interviennent peu à peu les récits d'aventures et d'explorations qui entraînent l'enfant dans des mondes lointains. Les leçons d'histoire et de géographie, l'étude des animaux et des plantes l'introduisent également dans un monde mi-réel, mi-imaginé, où règne un merveilleux presque aussi étonnant que celui des fictions et qui a l'avantage de préparer le règne du positif au moment où le besoin s'en fait justement sentir. Car s'il est bon d'alimenter le goût du merveilleux, il convient d'éviter de le prolonger artificiellement et de risquer ainsi de maintenir l'enfant dans un romanesque dont la persistance empêcherait l'adaptation au réel, but final de l'éducation. Ajoutons, pour les âmes sensibles, que le romanesque saura bien réserver sa part et que nos jeunes filles n'en continueront pas moins de rêver au prince charmant qui viendra les éveiller comme la Belle au bois dormant.
La bibliothèque de classe
«La lecture, la vraie, est celle qui s'attache à la pensée, la suit, la saisit.»
Les romans scolaires content les aventures d'enfants aux prises avec la vie, ou bien celle d'un ours, ou d'une famille de souris, de canards, d'un chat et c'est le prétexte à promenades imaginaires à travers le monde ou simplement à travers une nature familière. Ces romans conservent un caractère didactique et moral plus accentué que les morceaux choisis : c'est une loi du genre et c'est souvent par ce seul caractère qu'on peut distinguer le roman scolaire du roman pour enfants. Ils ont pour but de développer le goût de la lecture, d'habituer l'enfant à l'effort d'attention qui nous fait suivre de chapitre en chapitre, les héros d'un récit, et par suite de garder présent à l'esprit l'ensemble de l'histoire déjà lue. En même temps ils l'entraînent à lire vite, à ne pas se laisser arrêter par un mot et à éclairer sa signification par le contexte dans lequel il est situé.
La bibliothèque de classe, trop souvent négligée, doit reprendre son importance. Elle représente pour le maître un instrument de travail essentiel. Elle est le centre vivant de la classe autour duquel s'organisent le travail scolaire et même la vie matérielle de cette classe. Elle doit être ouverte, accessible à tous à tout moment. Elle trouve son extension naturelle dans un coin des livres où chacun peut venir consulter un livre en fonction du travail en cours, ou lire quand il a fini sa tâche. Des livres placés sur la table par le maître seront choisis et renouvelés selon les besoins du moment, selon l'actualité. On ne doit plus voir de classes où pendant quatre ou cinq ans les enfants reprennent chaque année le même livre et relisent les mêmes textes sus par c_ur et vidés de tout attrait. Il est souhaitable de renouveler fréquemment les livres de lecture. Ils contribueront ainsi à enrichir l'esprit des enfants en exploitant au maximum leur intérêt spontané. A suivre
* Directeur d'école en retraite


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