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Pour maîtriser le marché, il faut d'abord... y aller
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 13 - 08 - 2009

Génial ! Cette année, la stratégie concoctée semble des plus prometteuses pour nous épargner d'être enfarinés par la spéculation que nous réserve, comme à l'accoutumée, le marché à la veille du Ramadhan : afficher tout simplement la mercuriale des prix et lui donner le maximum de médiatisation.
Pour mieux assurer son succès, on envisage de la conforter par la mise en place d'une énième commission nationale chargée de coordonner quelque chose qui ressemblerait à une campagne publicitaire aux contours encore fluctuants. Le résultat minimum escompté : la spirale des prix, même si elle est déjà en take-off, se sublimera d'elle-même comme par enchantement ! Il fallait y penser ! Dans l'esprit des concepteurs de cette brillante formule, il suffit d'une petite note de service, après une longue sieste, pour que les étals de nos marchands regorgent de produits de qualité et bon marché !
Théoriquement donc, le consommateur aura l'embarras du choix pour faire son marché et apprécier enfin la générosité légendaire de nos commerçants, surtout en ce mois de grande piété. La ménagère donnera libre cours à son péché mignon : admirer la qualité et la présentation des produits exposés dans un cadre rutilant de propreté. Elle n'éprouvera aucune peine à remplir son couffin le plus normalement du monde en choisissant en toute quiétude les produits qu'elle désire, sans se faire houspiller ou arnaquer par le vendeur. Tout sera disponible à prix raisonnable. L'après-midi, les produits périssables sont carrément bradés ou même offerts gracieusement aux associations caritatives, au grand bonheur des plus démunis qui pourront ainsi s'approvisionner à moindres frais, car tout doit disparaître avant le grand nettoyage quotidien du marché.
Une organisation discrète, infaillible et incorruptible veillera à la discipline générale pour lutter contre toutes les tentatives de déviations. Les lois existent à profusion et même en pléthore. Il est temps de les appliquer puisque les moyens nécessaires ne font pas défaut. Nos imams mettront à profit cette période hautement sensible pour rappeler toutes les fatwas qui régissent les pratiques commerciales. Toute forme de spéculation ou de fraude est rapidement dénoncée par le citoyen, vigilant et intransigeant sur ses droits. Elle sera sévèrement réprimée par des services toujours jaloux de leurs prérogatives et constamment sur la brèche.
Relever ce défi sans cesse remis sur le tapis exige logiquement que des managers, qui ont prouvé leurs capacités en réussissant des campagnes similaires, configurent la nouvelle structure pour conduire la bataille qui s'annonce. Si on se contente encore de garder les mêmes ingrédients, et seulement l'emballage qui opère sa mue, il ne faut pas s'attendre à des résultats faramineux.
C'est la raison pourquoi une tradition bien établie depuis des lustres recommande, à la veille de chaque tentative des autorités de prendre en charge un quelconque problème, de croiser les doigts et d'invoquer la formule incantatoire la mieux partagée par tous les Algériens : »Allah youstor !» (Dieu nous protège).
Il faut reconnaître que jusque-là, rien n'est venu démentir la pertinence de cette superstition, car il est dans les habitudes de l'Etat de se manifester conjoncturellement et d'une manière frisant la provocation, dont la première conséquence est de perturber le semblant d'armistice conclu tacitement entre les différents partenaires du marché. Des espaces se créent et s'organisent spontanément en fonction de la disponibilité des produits et de la clientèle ciblée. Les prix varient des fois du simple au double d'un marché à l'autre. Les opérations souvent maladroites des services ont un effet contraire à celui auquel on comptait aboutir. Les marchandises se raréfient et les prix grimpent en conséquence après leur passage. Quelques lampistes sont toutefois sanctionnés pour la forme mais les grands requins demeurent curieusement toujours inaccessibles.
D'expérience, on constate que chaque tentative d'intervention des services est éventée avant son début d'exécution et enrayée par la baisse des rideaux de l'ensemble des magasins pour échapper au contrôle. (Ne doit-on pas réprimer encore plus sévèrement ce comportement antisocial ?). Ce qui se traduit par le sinistre spectacle de la ville morte et donc la pénalisation du consommateur. Le lendemain, le commerçant n'éprouve aucune pudeur pour compenser le manque à gagner occasionné par la fermeture et le répercute naturellement sur le prix de vente. On devine à qui revient l'usage de la serpillière !
Que peut penser le citoyen lambda devant la récurrence de cette situation ridicule en passe de devenir une fatalité contre laquelle il est vain de lutter ? Chaque année, le même problème revient : on sort la même batterie de solutions, tout en étant convaincu qu'elles sont inopérantes pour aboutir aux mêmes résultats calamiteux. On remise alors ces armes obsolètes pour les ressortir l'année prochaine, sans avoir tiré les leçons de l'expérience douloureusement vécue. Ce genre de discours finit par revêtir alors pour le commun des mortels l'aspect d'un sadisme délibéré, quand on apprend que la misère pousse des jeunes à s'immoler par le feu et que d'autres se lancent par barques entières dans la funeste aventure de la harga. Rien ne justifie ce manque d'imagination irresponsable. Comment tolérer cette impression de «je-m'en-foutisme» quand des pans entiers de la population vivent dans la précarité et envahissent chaque jour un peu plus les décharges publiques pour disputer aux chiens errants les reliefs !
Face à de telles élucubrations, on jure que ces gens sont tellement déconnectés de la réalité de leur pays qu'ils ne nous débitent de pareilles insanités que pour justifier leurs confortables émargements au budget de la généreuse vache à lait. Ils n'ont pourtant aucun besoin de le faire. D'ailleurs, personne ne le leur demande ni le conteste. On ne s'en offusque plus. Mais la question est de savoir si ces gens, auxquels on ne peut bien sûr rien apprendre sur l'efficience et encore moins sur le nationalisme, vont au marché comme tout le monde et paient leurs emplettes pour s'imprégner de la réalité ambiante et se sentir concernés ! Finalement, vivent-ils parmi nous ?
Comme il fallait s'y attendre, le premier fruit de cette bonne nouvelle est l'ouverture de la boîte de Pandore et toutes les portes de l'enfer sur le pauvre consommateur déjà anéanti par l'angoisse de l'inévitable flambée des prix à quelques jours du Ramadhan. Malheureusement, la tendance générale ne laisse entrevoir aucun fléchissement. Une simple analyse des prix des denrées de première nécessité laisse présager de douloureuses dépenses à supporter par l'Algérien moyen. La chorba sera bien salée cette année encore, même s'il doit se résigner à sacrifier ses envies ramadanesques. Obstinément on soutient, les statistiques en main, détenir tous les moyens pour maîtriser les leviers du marché et que, d'après les prévisions, si jamais il y a augmentation, elle ne dépassera pas les limites raisonnables et sera de courte durée. Un phénomène de surchauffe très léger et éphémère. Aucune raison de s'alarmer. En entendant ces prophéties burlesques, les spéculateurs pouffent de rire et se frottent les mains de l'aubaine qui va leur être offerte. Pendant que les consommateurs se tiennent le ventre en voyant grossir la tempête à l'horizon et que la ménagère ne sait toujours pas comment préparer sa chorba avec les stats et autres formules soporifiques.
Allez du côté des brocanteurs et vous rencontrerez l'Algérie profonde en cette veille de mois sacré. Vous verrez des pères de famille brader leur mobilier, des frigos, des TV, etc. pour quelques dinars ou des mamans faire la chaîne chez le prêteur sur gages dans l'espoir d'hypothéquer leurs bijoux pour faire face aux dépenses qui pointent à l'horizon.
Pendant l'assoupissement qu'observent à longueur d'année certains de nos fonctionnaires, beaucoup de mauvaises habitudes ont le temps de naître et de s'ancrer dans la société, encouragées par le laxisme. L'impunité aidant, ces fléaux se propagent rapidement et s'incrustent si profondément dans le comportement qu'ils deviennent un trait de caractère naturel difficile à combattre, impossible à éradiquer.
Il y a des causes profondes à l'origine de ces problèmes qu'il faut prendre en charge avec sérénité et surtout avec constance, au lieu de se contenter d'agir temporellement sur les effets. Pourquoi devrions-nous toujours adopter des positions extrêmes, nous enfoncer dans les abysses de la complaisance et fermer l'oeil sur toutes les tares ou agir intempestivement avec le maximum de zèle sous l'influence de l'humeur du moment pour tout relâcher après ? Il suffit pourtant de faire son travail avec conscience simplement.


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