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Chine: Les citadins sévères face au régime
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 01 - 10 - 2009

La Chine promise par Mao Zedong en 1949 n'a jamais vu le jour. Au milieu de ces contradictions, même les citadins, la frange de la population la plus favorisée depuis vingt ans par le régime, restent perplexes.
Soixante années ont passé. Soixante années depuis l'annonce officielle et historique de la création de la République populaire de Chine par Mao Zedong, le 1er octobre 1949. Cet Etat aurait pu n'être qu'un feu de paille, il a pourtant résisté à des décennies d'affrontement politiques avec ses voisins, des tempêtes intérieures et surtout à un retournement majeur de son idéologie. Aujourd'hui, que reste-t-il en effet du projet communiste initial ? «Dans l'idéologie officielle, énormément, les préceptes du marxisme-léninisme et les pensées de Mao Zedong sont extrêmement présentes depuis l'arrivée au pouvoir de Hu Jintao», analyse Jean-Philippe Béja, chercheur au Centre d'études français sur la Chine contemporaine, basé à Hong Kong. «Dans les faits, la démocratie nouvelle promise par Mao Zedong en 1949, avec des partis bourgeois qui auraient le droit d'exister, est loin d'être réalisée».
La population citadine, la plus favorisée par les changements idéologiques enclenchés dans les années 80, dresse un dur constat. «Il a fallu attendre la réforme lancée par Deng Xiaoping pour voir notre niveau de vie augmenter», rappelle Liu Meilan, 80 ans. «Depuis, la nourriture n'est plus rationnée et nous pouvons manger à notre faim, acheter ce que nous voulons et presque tout le monde possède un appartement». Avec le développement économique et l'ouverture du pays, les citadins aux revenus corrects (2.000 yuans mensuels soit 200 euros) sont devenus des consommateurs. Leur cadre de vie s'est radicalement modifié. «Notre quotidien s'est grandement amélioré», admet Wang Dongcheng. «Lorsque j'ai rencontré ma femme en 1978, je vivais dans une pièce de 20 m² en briques, comme atterrie par hasard au milieu d'une cour carrée traditionnelle partagée entre plusieurs familles». Cette maison ne possédait pas de toilettes privatives, elle était chauffée par un poêle à charbon et l'eau n'arrivait dans le coin cuisine que grâce à un tuyau raccordé tant bien que mal au réseau municipal. Depuis 1997, ils vivent un appartement de 100 m² non loin du centre-ville.
Ces améliorations ne les empêchent pas, du moins ceux dont la famille n'est pas directement liée au Parti communiste, de vouloir quitter le pays. A 25 ans, Su Wei part dans quelques jours étudier en Angleterre. «J'aurais préféré les Etats-Unis mais je ne peux pas payer les 600.000 yuans (60.000 euros) demandés par les universités pour deux années d'étude. Certains parents sont prêts à verser leurs vingt années d'économies pour leur enfant ! Je veux néanmoins absolument quitter la Chine car l'environnement est nocif, le coût de la vie a explosé par rapport aux salaires et le système de protection social est totalement déficient».
Le terme incertitude est en effet entré dans la vie des Chinois. Jusqu'à la restructuration des entreprises d'Etat, entamée lors des années 90, les salariés étaient totalement pris en charge par leur entreprise, de la fin de leurs études à leur mort. «Notre unité de travail nous choisissait à la sortie de notre université, nous n'avions pas le choix», se souvient sans amertume Wang Dongcheng, un ancien ouvrier de 65 ans. «Ensuite, c'est elle qui gardait nos documents officiels, versait notre retraite et nous logeait. En contrepartie, elle n'avait pas le droit de nous licencier. Aujourd'hui, ces responsabilités reposent sur les épaules du gouvernement et sur les nôtres. Nous avons donc plus de choix mais la vie est beaucoup moins sure».
Face au désengagement de l'Etat, face à la fin de cet aspect du communisme, les ménages chinois ont ainsi choisi d'épargner afin de se prémunir contre les imprévus du quotidien et les dépenses futures : maladie, décès, licenciement ou études de leur progéniture. Selon une enquête d'une université américaine, l'épargne des ménages est ainsi passée de 29,5 % du PIB national en 2000 à 37,5 % de celui-ci fin 2008. La mise en place progressive d'un système national de couverture santé ne semble en effet convaincre personne.
Lorsque l'on parle du développement de la Chine, de statistiques de croissance économique vertigineuse depuis trente ans, Wang Xumen s'avère limpide. «Nous ne sentons pas cette richesse, nous ne l'avons pas connue. Nous ne sommes que d'honnêtes ouvriers au service de la Chine. Nous avons fait ce que l'on nous a dit de faire». Après un silence, le regard droit : «Nous ne sommes pas des hommes d'affaires».
Si, économiquement, le pays est passé du communisme au capitalisme, en termes de droits individuels, la donne n'a en revanche pas varié. La peur de l'Etat, du Parti, de la police et des voisins annihile toute expression d'une pensée déviante de la voix officielle, aussi minime soit-elle. «La Chine reste une dictature et tous les avantages concrets que nous possédons aujourd'hui n'y changeront rien», explique une femme de 25 ans qui désire que son nom soit modifié, comme la quasi intégralité des Chinois interrogés par des journalistes étrangers.
«Le souvenir de la période des Cents Fleurs en 1957, lors de laquelle tout le monde fut autorisé à parler des erreurs et abus du pouvoir avant de se faire réprimer pour ces mêmes propos quelques semaines plus tard, est ancré dans les mémoires. Les gens aimeraient raconter la réalité chinoise mais ils ont peur que le gouvernement puisse remonter jusqu'à eux, même s'ils parlent anonymement». La famille de cette jeune femme appartient pourtant à l'élite du Parti communiste, preuve s'il en était besoin de la diffusion de ce sentiment au sein de la population chinoise.


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