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La Chine de Mao soixantenaire
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 08 - 02 - 2010

Chaque pays est façonné par son Histoire, mais il peut aussi en fabriquer et récrire des épisodes.
L'histoire qui retrace ce que nous sommes devenus doit englober notre sens de la réussite et de la solidarité tribale. Nos triomphes et nos vertus sont outrés ; nos méchants exilés ; nos échecs dissimulés. Tout ceci rend l'étude de l'histoire séditieuse, mais aussi extrêmement précieuse. Les bons historiens nous exhortent à rester honnêtes avec nous-mêmes et détruisent nos propres illusions.
Ceci vaut tout particulièrement pour nos héros imparfaits, comme le montre la manière dont le parti communiste chinois traite Mao Zedong. Soixante ans se seront écoulés en octobre depuis sa déclaration sur les rostres de Tien'Anmen, la Porte de la Paix céleste à Pékin, portant création de la République populaire de Chine. Cet événement marquait la fin d'épreuves et d'années de guerre ; la révolution avait triomphé grâce au sang, aux sacrifices et à l'héroïsme, conjugués aux erreurs des ennemis et à l'aide manipulatrice de Staline, qui prétendait être un ami. Finies les décennies d'avides seigneurs de la guerre, d'impérialistes cupides et d'envahisseurs japonais. La Chine pouvait se relever, même si un aussi gros lot de misères se profilait tandis que la tyrannie de Mao s'enracinait.
Les avis sur Mao vont d'un extrême à l'autre. Pour les communistes purs et durs, il était un triple héro – historique, patriotique et de premier ordre. Pour le brave et charismatique dissident Wei Jingsheng, Mao « a pour ainsi dire plongé l'ensemble de la Chine dans un état de violence, de duplicité et de pauvreté ».
L'avis officiel du parti communiste, sans aucun doute le fruit de violents différends idéologiques, est que Mao était un grand Marxiste, doublé d'un révolutionnaire, dont la contribution à la Chine l'emporte de loin sur les « vulgaires erreurs » commises lors de la Révolution culturelle. « Ses mérites, d'après le parti, priment sur ses erreurs d'ordre secondaire. »
Le parti communiste chinois ne tolère aucune remise en question de ce bilan. Mao a instauré l'autorité en Chine, inspiré un sentiment de fierté patriotique à une nation terriblement divisée et humiliée par des puissances externes et internes durant un siècle et demi. Et le mythe romantique de leader révolutionnaire mondial le suivait.
Tous ces éléments nourrissent la légitimité politique et morale que les leaders chinois recherchent. Ce qu'ils ne peuvent obtenir par le biais d'élections démocratiques, ils l'obtiennent par l'histoire de la révolution et la réussite économique actuelle.
Mais on ne peut totalement expurger Mao de son côté sombre. La mémoire des événements ne quitte personne. Elle fait partie intégrante de tout héritage familial.
Il y a eu le Grand Bond en avant, qui a conduit à une vaste famine meurtrière (causant probablement jusqu'à 38 millions de morts). Puis, la folie de la Révolution culturelle, pour laquelle des millions ont terriblement souffert, beaucoup ont perdu la vie, et bien d'autres se sont comporté honteusement tandis que Mao cherchait à détruire ceux qui avaient sauvé la Chine de ses précédentes erreurs. Dans sa célèbre biographie sur Mao publiée en 2005, Jung Chang narre ces atroces événements avec moult détails sordides, qui agacent les responsables de la propagande communiste et quelques sinologues universitaires arguant que les prouesses de Mao ne sont pas assez reconnues. Mao est sans aucun doute un personnage plus intéressant que nombre de tyrans : tour à tour poète, intellectuel, étudiant en histoire et homme à femmes, qui, d'après son médecin Li Zhisui, aimait à nager dans l'eau et pas seulement à s'y baigner. Je ne connais pas de meilleur portrait du leader politique « défauts y compris » plus fascinant que le livre de Li La Vie privée de Mao.
Je me souviens d'une anecdote montrant que la Chine accepte le bilan généreux des responsables communistes sur Mao. La mère d'un journaliste chinois (vivant désormais à l'étranger) est revenue – comme tant d'autres – après 1949 au pays avec son mari et sa famille après avoir mené une vie universitaire confortable aux Etats-Unis. Ils voyaient leur retour comme un devoir patriotique.
Cette famille a tout sacrifié, terrassée à chaque round, par les campagnes tyranniques de Mao contre les « droitiers », à commencer par la réduction au silence des critiques après la campagne des Cent Fleurs en 1956. Elle vivait dans l'indigence. Le père est décédé suite de maltraitances lors de la Révolution culturelle.
Mais la mère ne s'est jamais plainte. Elle pensait que la libération et la montée de la Chine justifiaient les sacrifices de sa famille. Vers la fin de sa vie, elle a cependant changé d'avis. Au début des années 1990, elle a vu les débuts de l'ascension économique de la Chine - les premières années d'une croissance spectaculaire. Elle a constaté le retour de l'avarice et de la corruption qu'elle croyait détruits par le Kuomintang dans les années 1930 et 1940. Pourquoi, s'est-elle demandé, ma famille a-t-elle tant souffert si c'était pour en arriver là ?
Pourtant, la renaissance économique de la Chine – dont certains des effets ont tant troublé cette patriote âgée – est probablement l'un des derniers événements les plus remarquables de l'histoire mondiale. Le changement économique a été amorcé sous Deng Xiaoping, qui avait survécu aux purges de Mao pour marcher sur ses traces et devenir l'architecte de l'ascension de la Chine en tant que puissance mondiale. Un jour, les centaines de millions de Chinois sortis de la misère grâce aux réformes de Deng considèreront cet homme comme un héros plus important que Mao.
Mais, quels que soient les terribles défauts de Mao, un sens de la solidarité et de la communauté accompagnait les épreuves communes subies lors de ses années de pouvoir absolu. Le maoïsme était un curieux mélange extraordinaire de lutte des classes et de nivellement socialiste, le tout orchestré par un homme qui croyait que les individus - ou Mao lui-même tout du moins - pouvaient façonner l'histoire plutôt que de laisser agir courants et marées.
Il est évident que ce credo n'a pas survécu à son créateur. Un pragmatisme teinté de léninisme est à l'ordre du jour. La gloire que l'enrichissement apporte a supplanté les privations et les sacrifices patriotiques. Avec Mao, la Chine s'est enorgueillie ; avec Deng, elle est devenue prospère.
Et après ? J'espère sincèrement pour nous que l'avenir ne fera pas dérailler la Chine de ses progrès économiques, même s'il serait surprenant qu'il ne mette pas au défi son système politique arthritique et adamantin.
Traduit de l'anglais par Aude Fondard
* Dernier gouverneur britannique de Hong Kong et ancien commissaire européen chargé des relations extérieures, il est aujourd'hui chancelier de l'université d'Oxford.


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